Jour 7 | Aleksandra

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–𝙐𝙣 𝙟𝙤𝙪𝙧 𝙙𝙚 𝙥𝙡𝙪𝙨 𝙥𝙚𝙪𝙩 𝙩𝙤𝙪𝙩 𝙘𝙝𝙖𝙣𝙜𝙚𝙧. 𝙐𝙣 𝙟𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙣 𝙢𝙤𝙞𝙣𝙨 𝙥𝙚𝙪𝙩 𝙩𝙤𝙪𝙩 𝙘𝙝𝙖𝙣𝙜𝙚𝙧–



Le soleil n'est pas encore levé, on sait juste que c'est bientôt l'aurore car le ciel commence à virer à l'orange tout au bout de l'horizon. Je ne dis pas un mot et Johnatan non plus.

Je n'ai dormis que deux heures et quand je suis descendu à la cuisine j'ai croisé Johnatan qui y allait. Et quand on était devant la baie vitrée, il m'a demandé si je voulais aller regarder le levé du soleil avec lui.

J'ai dit oui. Simplement oui.

Lui aussi aime bien le voir se lever, un point de plus qu'on a en commun. « Tu penses à... ». Oui je pense à ça. Nous voulons tous les deux nous suicider. Oui je pense à ça petite voix. « Vous avez plus de points communs que tu ne le penses Alek ». Si tu le dis...

Les étoiles seront bientôt plus visibles, mais elles seront toujours là. Je lève la tête au ciel et les regarde avant qu'elles se perdent dans la lumière du soleil.

— Quand j'étais petite..., commançé-je. Je croyais que les étoiles partaient du ciel la journée et qu'elles revenaient une fois le soleil couché.

Johnatan sourit et lève son nez pour faire comme moi, regarder les étoiles jusqu'à ce qu'on puisse plus les voir.

— Tu étais ignorante Aleksandra.

Si tu savais. « Si tu savais ce qu'on a vécu Johnatan ». Ce n'est pas toi qui a souffert... physiquement...

J'étais ignorante sur les étoiles Johnatan, dis-je en le regardant avec des yeux tristes. Et seulement sur les étoiles.

Ses yeux toujours rougis se bloquent dans mes yeux verts. Ils reflètent la compassion et l'interrogation. « Il veut savoir ». Mais je ne lui dirais rien. « Pas maintenant en tout cas ». Je ne lui dirais rien.

Je l'observe attentivement et il fait la même chose, il me regarde avec ce regard qui me transperce. Un regard qui peut voir ce que l'on veut cacher en nous et je n'aime pas ça. Je détourne les yeux pour revenir sur l'horizon devant nous. L'océan est calme aujourd'hui, il y a peu de vagues. Le soleil commence à s'immiscer dans le ciel.

Je me lève subitement et je marche vers la plage sans laisser d'explication à Johnatan. Mes pieds nus marchent dans l'herbe mouillée par la rosée puis sur le sable froid et humide. Quand j'arrive près de l'eau j'enlève mon gros pull noir et garde mon t-shirt trois fois trop grand. J'entre une jambe dans l'eau fraîche puis l'autre. Des brûlures me transperce les pieds mais je les ignore. J'entre petit à petit dans l'océan, jusqu'à m'y immerger complètement.

J'y reste longtemps, très longtemps. Tellement longtemps que je me sens devenir molle, je manque d'oxygène depuis trop de temps mais j'ai envie de rester là. Dans l'eau salée parmi les poissons et les plantes aquatiques, deux mains se posent sous mes aisselles et m'entraînent à la surface.

Une autre fois... peut-être.

Quand ma tête entre en contact avec l'air frais je prends la plus grande inspiration de toute ma vie.

Il nous reste vingt-quatre jours Aleksandra. Tu dois encore tenir, avec moi, dit-il doucement alors qu'il me tient contre lui.

— Et pourquoi pas vingt-trois Wilson ?

Ses mains sont autour de mon corps et je ne le supporte pas. Je n'aime pas ce contact physique. Je n'aime pas que l'on touche mon corps. « Mais ses mains ne te révulsent pas, n'est ce pas ? ». C'est vrai... et c'est bien pour ça que je ne le supporte pas.

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant