LA VIE COULE EN NOUS

Jour 25| Aleksandra

-𝙅'𝙖𝙞 𝙧𝙞 𝙚𝙩 𝙘̧𝙖 𝙛𝙖𝙞𝙩 𝙙𝙪 𝙗𝙞𝙚𝙣-

Je me crispe quand je sens une main se poser sur ma hanche recouverte par mon duvet. Je cesse de respirer quand je sens un corps allongé derrière moi, mon cœur cesse de battre quand l'odeur de Johnatan entre dans mes narines.

J'ouvre mes yeux qui étaient collés à cause de mes pleurs. Il fait encore nuit... je m'attendais à ce que ce soit le matin. J'ai l'impression d'avoir tellement dormi. Je tends mon bras vers ma table de nuit et trouve le bouton pour allumer ma lampe de chevet. Sa lumière tamisée éclaire ma chambre qui est... totalement rangée...

Il n'y a plus d'habits sur le sol, ni de bouteilles. Je remarque que mes draps ont été changés et que dans l'air flotte une odeur propre. Il a nettoyé ma chambre.

Je glisse ma main hors de ma couette et retire celle de Johnatan sur ma hanche. Il ronchonne derrière moi. Je me décale puis me retourne pour le regarder. Ses cheveux sont en bataille, des poches sont sous ses yeux, signe qu'il a beaucoup pleuré.

À cause de moi. À cause de mon comportement d'hier soir. À cause de la véritable moi, celle que je cache chaque jour qui passe, celle que j'évite d'être pour éviter la folie. Sauf que la folie est déjà en moi et qu'elle a causé beaucoup de ravages.

Tout ça parce que j'ai osé rire... « Ne te morfonds pas, Aleksandra ».

Je regarde le corps de Johnatan allongé sur le duvet et non dessous. Il dort paisiblement, il lâche même quelques ronflements. Je repose ma tête sur mon coussin propre et continue de le regarder dormir. « Une vraie psychopathe ». J'en suis peut-être une après tout...

Je finis par fermer les yeux et je me remémore ce que j'ai fait dans la douche. J'ai ri. Un rire qui a été lâché de mes cordes vocales. Un rire sincère et rempli de désespoir. Je me souviens encore du son qui déchirait ma gorge pendant que l'eau, elle, déchirait ma peau. Je me souviens de la sensation que j'ai éprouvée... je me sentais apaisée. Je me sentais bien...

Puis, il est arrivé, le visage décomposé, des larmes aux coins de ses yeux déjà rougis. Il avait l'air apeuré par moi. Il avait de la peine pour moi.

Une larme s'échappe de mon œil et roule sur ma joue avec une lenteur infinie. Je lâche un soupir tremblant et j'essaye de me rendormir, la boule au ventre parmi mes draps propres et Johnatan à quelques centimètres de moi.

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Quand j'ouvre les yeux pour la deuxième fois aujourd'hui, la lumière du soleil m'éblouit. Je les referme directement et les rouvre plus gentiment pour qu'ils puissent s'habituer à la luminosité aveuglante. Ils se posent directement sur la place vide à côté de moi. Johnatan est parti. Je me mets sur le dos en m'étirant.

Je tourne ma tête pour regarder l'heure qu'indique mon réveil ; 14h28. Un petit mot attire mon attention à côté de celui-ci. Je me lève légèrement et prends le papier dans mes mains. Je reconnais l'écriture de Johnatan:

Je suis parti en ville faire des courses :)

Ps: Je prends des enveloppes. La dernière fois, tu m'as demandé des timbres, mais je n'ai pas d'enveloppes...

Je reviens vite. Départ à 14h07.

Je lâche le billet sur mon lit et m'assois en me frottant les yeux. J'avais complètement oublié l'histoire des timbres... Pourtant, je ne cesse d'imaginer ce que je vais leur écrire. Je me passe en boucle les mots que je vais utiliser pour tout leur avouer.