Passé

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–𝙅𝙚 𝙫𝙖𝙞𝙨 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙘𝙚𝙩 𝙚𝙣𝙙𝙧𝙤𝙞𝙩 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙙𝙚́𝙘𝙤𝙢𝙥𝙧𝙚𝙨𝙨𝙚𝙧, 𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙢𝙚̂𝙢𝙚 𝙡𝙖̀-𝙗𝙖𝙨𝙅𝙚 𝙢𝙚 𝙨𝙚𝙣𝙨 𝙤𝙥𝙥𝙧𝙚𝙨𝙨𝙚́–


2020

Aleksandra, 16 ans.

La mélodie de la sonnerie entre dans mes oreilles comme un son de délivrance. Je me lève vite de ma chaise et prends mon sac qui jonche le sol. Tous les élèves de la classe, et même le professeur, me regarde faire avec du jugement dans les yeux.

Monsieur Hilton me regarde sûrement comme ça à cause de mon accoutrement, il est possible que mes collants fourrés soient quelque peu troués et ma jupe est excessivement courte. Pour ce qui en est de mes "camarades" de classe ils doivent juste se dire que je suis une putain qui vient juste en classe pour s'exhiber devant eux.

Je marche rapidement dans les corridors bondés. Je regarde droit devant moi, ignorant les sifflements, les insultes et autres. Je sors par une sortie intermédiaire qui est peu utilisée par les étudiants en hiver. La neige tapisse le sol et de doux flocons tombent des cieux pour venir la surélever.

17h15.

Une pénombre se met en place petit à petit entre les rues en pavés. Mon gros sweat à capuche n'est pas très efficace. Sous l'épaisse couche de tissu noir, mon corps tremblote de froid.

— Putain de temps, marmonné-je à moi même.

— Ah je te le fais par dire Aleksandra, dit soudainement une voix derrière moi.

Je sursaute, portant ma main à mon cœur qui bat à tout rompre dans sa petite cage faite d'os et de chair. Pourquoi est-ce que le monde est contre moi ? « C'est une question qui n'a aucune réponse ». Je continue ma route, ne m'attardant pas sur l'homme qui ne rêve que d'une chose... mon malheur.

— On fuit Aleksandra ? dit-il en continuant de me suivre.

Je soupire, ce qui laisse un nuage opaque sortir de ma bouche. Cela me fait penser que je dois me racheter des clopes, il ne m'en reste qu'une. J'entends les pas lourds qui se rapprochent, alors je presse le pas.

— N'as-tu pas une copine, Christopher ? Tu pourrais être avec elle au lieu de me suivre comme un clébard qui suit sa maîtresse.

— Oh, tu sais bien que Maddy n'est qu'une distraction. Ce n'est qu'une petite joueuse.

— AlorS tu devrais le lui rappeler, elle prépare déjà le mariage, je dis d'un ton froid, voulant couper cette stupide conversation.

Je marche en direction du centre-ville, mais apparemment Christopher n'est pas prêt à me lâcher. Je sais qu'il attend que je sois seule, je sais qu'il voudrait m'éclater la gueule (comme mon père le fait), c'est dans sa nature, il aime la violence, il aime la donner et j'en plains toutes les femmes qu'il a pu et qu'il pourra battre pour son plus grand plaisir.

Dans la rue principale je rentre dans un magasin sur plusieurs étages. Je regarde dans un miroir ; il me suit toujours ce connard. Je prends les escaliers et arpente les rayons, faisant semblant de m'intéresser aux serviettes hygiéniques et tampons.

Normalement, les garçons et les hommes en sont gênés ou même dégoûtés.

Du coin de l'œil, je vois Christopher Harrington dévier le regard pour se concentrer sur quelque chose d'invincible. J'en profite pour me glisser hors du rayon et monter un étage de plus pour me faufiler entre les vêtements. Normalement il devrait penser que je suis descendue et partie dans la rue principale.

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant