Épilogue

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—𝙊𝙣 𝙖 𝙧𝙚́𝙪𝙨𝙨𝙞 𝙚𝙩 𝙤𝙣 𝙨'𝙚𝙨𝙩 𝙧𝙚𝙩𝙧𝙤𝙪𝙫𝙚́—



Je fronce les sourcils, les yeux toujours fermés. Pourquoi est-ce que je sens encore mon corps ?

« Ouvre les yeux Aleksandra ».

Avant d'ouvrir mes paupières, je sens une prise sur ma main. Je bouge légèrement mes doigts et reprends conscience de celle qui est dans la mienne. Des doigts sont entrelacés avec les miens.

J'ouvre les yeux et la première chose que je vois est un ciel bleu parsemé de nuages fins. Dans ma vision, des brins d'herbes et des fleurs blanches se mouvant au-dessus de ma tête. Je prends une grande inspiration et l'odeur des champs se propage dans mes poumons.

Est-ce que je suis toujours en vie ? Pourquoi je respire encore ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourq...

— On est pas bien là ? questionne une voix à côté de moi, mettant fin à mes questionnements.

Je tourne subitement la tête pour croiser des yeux noisette avec un éclat rempli de tendresse. Son visage est illuminé par un magnifique sourire et sous son bonheur inexpliqué, je lui souris aussi. Ses doigts se resserrent autour des miens, à la limite de me faire mal sans pour autant le faire.

J'imagine que c'est pour s'assurer que je suis bien là. A ses côtés. Près de lui.

— Je suis là Johnatan, murmuré-je en approchant mon visage du sien.

Son autre main vient vers mon visage et se pose avec douceur sur ma joue où une seule larme tombe à la renverse. Son pouce vient glisser sur ma pommette marquée par mon sourire. Une légère brise vient faire danser les hautes herbes autour de nous. De tout petits pétales volent entre nous.

— C'est vrai ce que tu m'as dit avant, commence Johnatan. Tu le penses pour de vrai ?

Je me rapproche encore plus de lui. Là, une sensation chaude se propage dans ma poitrine, dans mon ventre, dans mon corps entier.

— Les trois mots que j'ai prononcés, les mêmes que tu m'as aussi dit ?

— Arrête de faire la maline Aleksandra, rigole-t-il.

Je le regarde droit dans les yeux. Où je peux presque apercevoir son âme. Son âme qui reflète la mienne.

— Je t'aime.

— Répète le. J'ai pas bien entendu...

Je me redresse et tombe sur lui puis dis en répétition je t'aime en lui chatouillant tout son corps. Son rire se propage dans l'endroit inconnu où nous nous trouvons. Je glisse mes doigts sur ses côtes ce qui lui provoque des cris ressemblant à un porcin.

Mes yeux amusés se posent sur mes mains, mes bras nus et j'arrête de lui faire des chatouilles. Je me redresse toujours assise sur lui et porte mon poignet gauche vers mon visage. Johnatan arrête de se dandiner sous moi, et s'assoit en posant une main sur ma cuisse. Ses yeux sont rivés sur les miens qui doivent être affolés.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demande Johnatan.

Je regarde encore et encore ma peau blanche, la peau fine de mon poignet, là où devrait être trois lignes en parallèles. Je déglutis et tire sur le col de mon teeshirt pour apercevoir que ma grosse cicatrice qui marquait mon torse en deux a complètement disparu.

Je prends dans mes mains le bras de Johnatan et regarde l'endroit sur sa main où il y a trois grains de beauté qui sont d'habitude suivis par une petite et épaisse cicatrice, sauf qu'elle aussi a disparu. Je monte mon regard sur le visage inquiet de Johnatan qui réalise ce que je viens de découvrir.

— Nos cicatrices ont disparu, murmuré-je calmement.

J'essaye de repenser à mon enfance, mon passé. Je m'attends à avoir de la tristesse en moi, mais il n'y a plus rien. Le calme réside en moi malgré tout ce que j'ai pu vivre. Je suis enfin sereine.

— Nos blessures se sont guéries aussi.

Johnatan me prend dans ses bras et se lève pour nous faire tourner sous sa joie immense. Nos rires s'accordent, nos corps ne font qu'un dans l'air, nos âmes se complètent, et nos passés se sont envolés. Il se stoppe et me regarde amoureusement. Un sourire est collé sur mes lèvres quand il fonce sur celles-ci.

Notre baiser me paraît éternel.

— Alors ce premier baiser ?

— Il était magique, Johnatan.

Il me pose au sol avec délicatesse et je regarde où nous nous trouvons. C'est une grande vallée, avec des arbres ici et là, aux couleurs improbables. Je tourne sur moi-même pour regarder la végétation colorée différemment que sur Terre, quand Johnatan me tire légèrement l'épaule. Je le regarde avec interrogation, puis il pointe du bout de son doigt un endroit au fin fond de la vallée.

— Regarde.

Mes yeux se posent sur de grandes bâtisses — aux formes étranges — qui s'élèvent dans le ciel. Une tour plus élevée est baignée de lumière, comme un phare qui donne le chemin aux marins perdus en mer. Ou bien... comme un soleil. Comme une liberté.

— Tu crois que nous devons aller là-bas ?

— Je l'imagine, oui.

— On fait la course ? demande Johnatan avec un sourire.

Sans plus attendre, je cours dans l'immense champ en fleurs et prends une certaine distance avec Johnatan. Qu'il rattrape rapidement. On court côte à côte, totalement heureux d'avoir fini notre calvaire sur terre. On court, laissant notre passé loin derrière nous. On court pour aller de l'avant, aller vers la lumière de la liberté, de notre futur.

Avant, j'avais l'impression que la vie stagnait en moi. Quand j'étais encore dans le monde mauvais que j'ai connu. Sur Terre. Mais, maintenant, c'est comme si elle coulait en moi. Dès que nous avons mis les pieds ici, dans cet endroit inconnu, la vie a coulé en nous, nous amenant la joie et l'amour qui nous avaient manqué jusque-là.

La vie coule en nous. 

LA VIE COULE EN NOUSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant