Quand je me réveille, mon téléphone affiche cinq heure trente. Je n'ai pas beaucoup dormi, vacillant entre rêves et périodes d'insomnie. A cette heure, même ma mère n'est pas debout. La maison est si calme. C'est paisible. Pas de jumeaux pour vous lancer des pancakes à la tête, pas d'amie pour faire des blagues pourries – mais qui sont quand même drôle, je l'avoue – et pas de père pour critiquer la terre entière. Je me fais une tasse de thé, prends un bouquin et m'installe dans le canapé. Le soleil se lève et les rayons traversent les fenêtres, venant éclairer les pages blanches de mon livre. Pendant un moment, j'ai l'impression d'être coupée du monde et de plonger dans celui d'Elizabeth Bennett. * Vers sept heure, la journée a déjà commencé et ma mère apparaît dans l'encadrement de la porte, son épaule appuyée contre. Elle me regarde avec plein de tendresse. Je décide de me préparer. J'adore ma mère mais j'ai envie d'être seule. A sept heure trente, je sors. Paris est magnifique. Je me rends au Square des Epinettes. Son kiosque est devenu mon endroit préféré pour écrire. Je m'y sens libre de raconter ce que je veux, parfois même des choses que je ne pourrai jamais faire lire à personne. Armée de mon précieux carnet, je me plonge dans mon imagination. Ce dernier tous mes rêves les plus fous, les cauchemars les plus noirs, les anecdotes les plus tristes ou les plus drôles et mes fantasmes les plus inavouables. Il est mon jardin secret. Je n'ai jamais laissé personne y toucher, pas même Maxine – c'est pour dire. Pourtant, je pourrais. Je lui fais une totale confiance, mais le fait qu'elle ne sache pas tout de moi me laisse l'impression de ne pas être totalement dévoilée. Certaines choses sont faites pour être dites, d'autres pour rester là où elles sont, c'est-à-dire au plus profond de moi. Ces derniers temps, je me suis mise à écrire sur notre déménagement et notre nouvelle vie et modifiant beaucoup de choses. Un voyage entre amies dans la plus belle ville du monde, sans rien ni personne pour nous stopper dans cette folle aventure. Inventer une vie parfaite me permet d'oublier que la mienne est un chaos permanent. Ça fait du bien d'appartenir à un autre monde, une autre vie que la sienne. Une vie meilleure ou moins difficile à supporter. Ça permet de relâcher la pression. Parfois, j'invente des histoire bien trop tristes pour me rappeler que la mienne n'est peut-être pas si mal en fin de compte. Relativiser. C'est surtout pour moi un échappatoire où je peux hurler quand je suis en colère, pleurer quand je suis triste ou rigoler quand je suis heureuse. L'écriture a un pouvoir immense. Elle me permet de dire tout haut ce que je pense tout bas. Elle nous fait ressentir de nouveaux sentiments, fait naître de nouvelles choses. Elle créé de nouveaux horizons, toujours plus grands, plus fous, plus incroyables. Elle laisse place à l'imagination. Mettre des mots sur ce que je ressens me permet de ne pas totalement perdre pieds. C'est pour ça que j'aime tant écrire. Raconter ce qui n'arrivera jamais pour prolonger les rêves un peu plus longtemps. Parce que rêvé a du bon. Se dire qu'on peut essayer de les réaliser si on y croit, et surtout se répéter que la vie se vit aussi dans l'improbable, car elle est faite de surprises auxquelles il faut faire face, si difficiles soient-elles.
Je devrais peut-être devenir philosophe, non !?
C'est aux alentours de neuf heure cinquante que j'arrive au lycée. Il est fermé – le contraire m'aurait étonné – mais j'entends quelqu'un arriver en courant derrière moi. C'est Mme. Thirion que je perçois dans la vitre. Elle a l'air d'avoir couru un marathon. C'est son sac dans la main droite et un café dans l'autre qu'elle m'aborde. Quelques minutes après, c'est au tour de Vadim de faire son apparition. Il est habillé simplement. Un jean noir, un t-shirt blanc et un perfecto en cuir noir qu'il porte à la main. Arrivé à notre niveau, il nous salue et me dévisage de la tête aux pieds. Rien que ça, ça m'agace. Notre prof nous fait rentrer. Elle prend la première salle qui vient et nous invite à nous installer.
-Bon, si je vous ai fait venir, c'est parce que j'ai la nette impression qu'il y a de l'eau dans le gaz.
-Sans rire ! ironise Vadim.
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Entre l'ombre et l'âme
RomanceElle a tout pour être heureuse : la réussite, la fortune, la famille... Pourtant, tout ça n'est que vent. Anna a 17 ans, un père inexistant, beaucoup trop d'argent, des amis, certes, mais qui vivent à des milliers de kilomètres, et malheureusement...