-Tes affaires sont prêtes ? me demande ma mère alors que je ferme ma valise. Tu as ton passeport ? Et ton traitement ? Et tes chewing-gum pour dans l'avion ? Tu ne supportes pas les décollages.
Merci de me le rappeler.
Ma mère est dix fois plus stressée que moi. C'est insupportable. Je me sentais bien mais la voir si nerveuse commence à m'angoisser. Je dois m'envoler pour Rome dans un peu moins de trois heures. Ale m'a dit que sa sœur et lui m'attendraient à l'entrée de l'aéroport. Il me reste encore certaines choses à régler et avoir ma mère dans les pattes et dans cet état, ne m'aide pas franchement. Si je veux être à l'heure, il faut que je me dépêche.
Elle continue à me poser des questions mais je ne l'écoute plus. J'essaye de me concentrer pour savoir si je n'ai pas oublié quelque chose. Après avoir passé en revu ma liste dans ma tête, je crois que j'ai tout.
-Anna ? Tu ne m'écoutes plus ! m'agresse-t-elle.
-Maman ? dis-je en la prenant par les épaules.
Elle attend d'un œil interrogateur ce que je vais lui dire.
-Je t'adore mais par pitié, tais-toi, m'empressé-je de lui dire avant de prendre ma valise et de sortir de ma chambre.
Elle reste debout, un peu interloquée. Mais quand ce n'est pas ma mère qui m'embête, c'est ma sœur. Elle m'interpelle et commence à débiter toutes sortes de choses. Bien sûr, je ne fais pas attention à ce qu'elle est en train de me raconter.
-En tout cas, tu as de la chance. Pendant qu'on reste ici à s'ennuyer, toi, tu vas à Rome et accompagnée d'un beau gosse, se plaint-elle.
-Tu vas passer la moitié de tes vacances avec Léon, lui fait remarquer Max. Elles ne vont pas être si nulles que ça. C'es moi qui devrais bouder. Elle m'abandonne pour partir au soleil !
Et voilà que Max s'y met aussi !
Chieuses, c'est féminin, non !
-JP t'a invitée à venir passer un week-end chez lui à faire des activités, lui rappelé-je en bourrant mon sac à dos de quelques babioles. Et puis, Sam et Abby ne partent pas.
-Ce sera moins bien sans toi, geint-elle. Je vais me sentir seule. Ma moitié ne sera pas là.
-Je ne pars pas à l'autre bout du monde ! Je vais juste à Rome !
-1 500 kilomètres, c'est déjà trop loin ! exagère-t-elle. Et d'ailleurs, temps que j'y pense, je eux un rapport tous les jours, beaucoup de photos et de vidéos, et tu me ramènes quelque chose ! Hors de question que tu te dors la pilule pendants qu'on se les gèle et que tu reviennes les mains vides !
-Très bien mon colonel ! mimé-je un soldat au garde-à-vous.
-Moi aussi je veux quelque chose ! s'esclaffe Bibie.
-Je rapporterai un cadeau à tout le monde, les calmé-je. Mais si vous en voulez un, il va falloir commencer par me laisser partir !
J'ai le droit à deux gros câlins, d'un petit bisou de ma mère et d'un « à plus », de loin, de la part de Raph. Dans la voiture, je sens l'excitation qui s'empare de moi. J'ai vraiment hâte. Ma famille a de l'argent mais nous n'avons jamais vraiment voyagé. Je trouve ça dommage. Des gens tueraient pour partir à l'aventure et découvrir plains de nouveaux endroits. La vérité, c'est qu'on ne part pas à cause de mon père. Il ne prend presque jamais de congé. Je suis sûre qu'il tient plus à sa foutue entreprise qu'à nous. On pourrait voyager mais ma mères refuse que l'on parte sans mon père. Résultat, je ne connais que L.A. et Paris. Certes plus que certaines autres personnes qui n'ont jamais vu autre chose que leur ville natale. En revanche, on passe un peu pour des débiles devant les connaissances de mon père.
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Entre l'ombre et l'âme
RomansElle a tout pour être heureuse : la réussite, la fortune, la famille... Pourtant, tout ça n'est que vent. Anna a 17 ans, un père inexistant, beaucoup trop d'argent, des amis, certes, mais qui vivent à des milliers de kilomètres, et malheureusement...