Chapitre 3 : Si je saute, tu sautes, pas vrai ?

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-Vous allez vous mettre en binôme et travailler sur une des guerres que je vais vous proposer. Vous choisissez avec qui vous voulez être. Je m'en fiche. Vous êtes grands.

Je me tourne instinctivement vers mon camarade de droite. On a pensé à la même chose. Un duo, ensemble. Je regarde quand même Samya et Abby qui parlent déjà de quand elles se retrouveront. Je ne peux m'empêcher de me demander avec qui s'est mis Vadim. Je suis assez surprise de voir qu'il n'a toujours pas trouvé quelqu'un. Je serai presque tentée de lui demander de se mettre avec nous mais, après réflexion, je me dis que c'est une mauvaise idée. Ces deux-là ne se supportent pas vraiment, et hors de question de les supporter en train de se prendre la tête toutes les deux minutes sur la couleur que devra avoir notre diaporama ou sur le choix de la photo de présentation. Je croise ses yeux et lui souris. Il me le rend avant de se rendre compte que c'est avec Ale que je vais bosser. Là, il se crispe. Mon ami me parle mais je ne l'écoute même pas.

-Anna ?

-Oui. Pardon. Tu disais ?

-Je disais qu'on pourrait se retrouver chez moi. Ma sœur sera en cours donc on ne sera pas dérangé.

-Oui. Pourquoi pas, lâché-je sans vraiment être là, toujours obnubilée par ce que fait Vadim.

Mais pourquoi tous ses faits et gestes m'obsèdent autant ?

Le prof reprend et mes pensées ne cessent de tourner autour de lui. C'en est presque insupportable. On est des opposés. On n'est jamais d'accord sur rien. On se crêpe le chignon à la moindre difficulté. On s'engueule sans cesse. On est des vraies têtes de mule. Tous les deux, c'est explosif. C'est presque mission impossible. Alors pourquoi il est tout le temps dans mon esprit ? En attendant, il faut que j'arrive à me concentrer un peu sur le cours, mais pas facile quand on a un prof qui ne donne pas envie ne serait-ce que d'être présent et que j'ai d'autres choses en tête.

Pfoum...

***

Ce matin, je suis à la bourre – comme souvent, trop souvent. Hier, Thirion nous a envoyé un message – on s'est échangé nos numéros de téléphone, c'est plus simple comme ça – pour nous donner rendez-vous à neuf heures et demie devant le lycée. Et elle a précisé qu'on devait venir en tenue de sport avec des gourdes et à manger. Je me demande bien ce qu'elle va nous faire faire. Je me prépare rapidement et me dirige vers la cuisine pour récupérer la salade que je me suis faite hier. Raph est en train de déjeuner son bol de céréales avec du lait tout en regardant sa débile de série. Je me demande comment est-ce possible de regarder des mouises pareilles ? Mais je n'ai pas le temps de rappeler à mon frère ce qu'est le vrai cinéma. Je dois me rendre au plus vite au bahut si je ne veux pas arriver en retard. Finalement, je suis là pile à l'heure. Vadim et Claire sont déjà là et nous partons rapidement. Notre prof nous invite à prendre place dans sa magnifique petit voiture, qui sera désormais notre carrosse pour toutes les sorties à venir. C'est une petite Fiat 500 électrique rose, exactement celle qu'on voit dans la pub avec Léonardo Dicaprio. Ça ne m'étonne même pas venant d'elle ! Notre prof est du genre super écolo. Elle fait attention à tout, tout le temps, et j'avoue que parfois, s'en est presque maladif. Au moins, elle se préoccupe de l'avenir de notre planète. On ne peut pas en dire autant de tout le monde. Après une trentaine de minutes durant lesquelles nous nous sommes contenté d'écouter de la musique des années 2000 – c'était très gênant de me retrouver dans la même voiture que ma prof et Vadim –, nous arrivons enfin à destination. Le lac des Minimes. J'en avais déjà entendu parler quand j'étais petite. On dit qu'il est très réputé pour sa beauté et je dois avouer que ce n'est pas faux. Par contre, je me demande vraiment ce qu'on vient faire ici ? Un pique-nique !

Claire nous fait signe de la suivre et nous nous arrêtons finalement quelques centaines de mètres plus loin, à l'entrée d'un petit sentier qui a l'air très charmant. Vadim est à ma droite, un petit sourire aux lèvres. Quelque chose me dit qu'il sait ce qu'on vient faire et qu'il jubile à l'idée de me voir faire cette chose.

Entre l'ombre et l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant