Chapitre 8 : Amour ou amitié ?

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Cela fait quelques jours que je suis revenue de Rome et malgré ça, je suis loin d'avoir avalé la pilule. J'ai eu beau recassé ce qu'il s'est passé, je ne comprends toujours pas comment on a pu en arriver là. Ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas prête à lui parler de nouveau, en tout cas pas pour l'instant. Je suis encore trop en colère et je risquerais de dire des choses que je regretterais. J'ai rejeté tous ses appels et l'entièreté de ses textos sont restés sans réponse. Il a dû finir par comprendre que je ne lui répondrais pas car il a arrêté de me harceler. Quand je suis rentrée de cette soirée, je n'avais qu'une envie : déguerpir le plus rapidement possible et me retrouver le plus loin possible de cette maison, et surtout, de lui. J'ai épluché les différents sites et échangé mon billet de retour contre le premier vol que j'ai trouvé pour Paris. Il me restait un peu de temps avant alors j'ai fait mes bagages et décidé d'écrire une lettre pour le reste de la famille. Le moins que je pouvais faire était de les remercier pour leur accueil chaleureux. A un moment, j'ai hésité à leur parler de le raison pour laquelle je repartais en urgence et puis, finalement, j'ai inventé un mensonge que j'ai couché sur le papier. Le motif ? Problème familiale. C'est très vague mais les gens ne posent jamais de question sur ce genre de sujets. Ça m'évitera de devoir mentir plus que je ne le veux, déjà que j'ai horreur de faire ça. Mais je n'ai pas envie qu'ils aient une mauvais image d'Ale. Après tout, c'est surtout la colère qui a parlé, même si ça n'exclut en rien la part de vérité qui se cachait derrière. Il faudra que l'on ait une discussion tous les deux, je le sais, mais à têtes reposées et calmement, comme des adultes. Mais il faut croire que ma petite tentative pour sauver les apparences a foiré, en tout cas du côté d'Ira qui « n'y a pas cru un seul instant », m'a-t-elle envoyée. J'ai cédé et je lui ai tout expliqué. De toute façon, fouineuse et perspicace qu'elle est, elle aurait fini par découvrir la vérité tôt ou tard, alors autant que ça sorte de ma bouche. Lorsque je l'ai eu au téléphone, elle était folle de rage et s'est excusée un million de fois pour le comportement qu'il a eu envers moi. Je lui ai répété un million de fois que ce n'était pas sa faute. Je la suspecte de lui avoir passé un savon. La connaissant, il a dû passer un mauvais quart d'heure. Tout ça pour dire que depuis que je suis rentrée, je suis maussade. Je n'ai envie de rien. J'ai été très vague aussi lorsque j'ai raconté mes vacances à ma petite famille. J'ai évité les sujets qui fâchent et j'ai, une fois encore, inventé une excuse bidon pour justifier mon retour précipité. Autant du côté des Gortiano, je n'avais pas trop eu à me fouler, autant du côté des Steal, il a fallu être plus inventive. Mais ne vous inquiétez pas, vu mon imagination, je n'ai pas trop eu de mal. Je suis restée évasive et ai clos le sujet dès que je le pouvais. Je leur ai aussi donné leur cadeau : une casquette Ferrari pour Raph – et Baptiste aura le polo. Je les ai trouvé dans un garage qui vend la marque. Je me suis dit que ce serait sympa. Bibie a eu le droit à un livre sur La Renaissance – elle adore l'art – que j'ai acheté suite à une de mes visites dans un des musés de la ville. J'ai ramené des petites gourmandises locales à mes parents, pour les faire voyager un peu. Et puis Max... Son cadeau devait être le fameux cours d'effeuillage. Je voulais lui montrer tout ce que m'avait appris Ira, mais je dois avouer que je n'ai pas vraiment le cœur à ça. Evidemment, elle sait tout sur la vraie raison de mon retour et elle n'a pas pu s'empêcher de s'en vouloir un minimum car, au fond, c'est un peu elle qui m'a poussée a accepté son offre. Après, je ne la blâme pas. Je ne regrette pas le voyage en soit. Rome est une ville magnifique. Et puis, de toute façon, j'ai pris moi-même cette décision. Je ne peux le reprocher à personne. Résultat, ma meilleure amie attend son cadeau avec impatience, d'autant plus que je lui ai bien vendu. Je ne peux plus vraiment repousser l'échéance. D'un autre côté, faire une activité et bouger un peu de ma chambre ne me ferait pas de mal. J'ai appelé un club de la ville et leur ai demandé s'ils accepteraient de nous prêter une salle avec une barre de pole dance. La jeune femme qui m'a répondu a été très gentille et m'a demandée si j'en avais déjà fait. Je lui ai dit que oui – ce n'est pas mentir – et elle m'a donnée un créneau. Nous nous présentons donc à l'accueil vers quinze heures. C'est la même jeune qui nous reçoit. Elle se souvient de moi, apparemment. Elle nous emmène vers une salle, au sous-sol. C'est dans cette dernière que se déroule tous les cours de pole dance que propose le club. Elle ressemble à peu de choses près à celle dans laquelle Ira nous a fait ses démonstrations et données ses conseils. Max me regarde, dubitative. Elle ne comprend pas trop ce qu'on fait là. Je lui explique vite fait et nous nous mettons en place. Je suis la prof. Elle est l'élève. Elle m'écoute attentivement et observe tous mes faits et gestes pour reproduire les mêmes. Elle se révèle très forte dans ce domaine – je n'en doutais pas vraiment. Soso a toujours été beaucoup plus à l'aise que moi lorsqu'il s'agit de se déhancher. J'ai été cheerleader, me diriez-vous. Oui, mais c'est différent. En tout cas, pour moi, ça l'est. C'était du sport, en groupe. On est noyé dans la masse, et même si j'étais la capitaine, cela ne veut pas dire que j'étais forcément la plus regardée. Et ça m'allait très bien. Si j'étais capitaine, c'est surtout parce que, paradoxalement, j'étais très à l'aise dans les airs et je réussissais haut la main la plupart des figures de cheerleading qui sont pourtant assez compliquées. De plus, j'avais beaucoup d'imagination et j'inventais souvent des chorégraphies hors du commun et nouvelles, ce qui nous permettait de nous démarquer des autres équipes et de nous faire connaitre. De surcroit, j'étais une très bonne meneuse. Je savais diriger mon équipe. Je n'étais pas la meilleure en danse, mais j'étais la meilleure pour le reste, et ils me faisaient confiance. Il faut toujours avoir confiance en son capitaine. Je crois que c'est l'une des choses les plus importantes. Bref...

Entre l'ombre et l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant