Chapitre 10 : Entre raison et émotions

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Ce matin, je me suis réveillée vers cinq heure. Enfin, réveillée, c'est un bien grand mot puisque j'ai été incapable de fermer ne serait-ce qu'un seul œil. J'étais excitée comme un puce - je le suis toujours, d'ailleurs. Vadim arrive vers dix heures. Je lui avais proposé - juste par bonne éducation, pas par volonté, je ne suis pas folle - de dormir à la maison hier soir, mais il ne pouvait pas car il devait s'occuper de Miguel et Laïla. Sa mère est de garde et son beau-père est en séminaire. Mais, on ne va pas se mentir, ça m'arrange. Ça fait une semaine que je saoule tout le monde avec ça. Je suis devenue insupportable, un vrai tyran. Même mon père parait sympathique, à côté, c'est pour dire ! Je n'ai jamais été aussi à cheval sur les bonnes manières, sur le ménage ou le rangement. Trop maniaque ! Et depuis que je suis levée, je ne fais que bouger. Je n'arrive pas à tenir en place. J'ai hésité à aller voir Maxine, mais elle dort profondément et comme elle n'a pas très bien dormi les nuits d'avant, je l'ai laissée tranquille. Résultat, j'ai changé quatre fois de parure de lit : la première était sale, la deuxième faisait trop bébé, la troisième trop stricte. Celle pour laquelle j'ai opté est toute blanche, avec une couverture en laine couleur vieux rose, par-dessus. Ça fera l'affaire. Mais maintenant que j'ai revérifié trois fois que tout l'appartement est niquel chrome, je n'ai plus rien à faire et je me mets à tourner en rond. Je vais devenir dingue - si je ne le suis pas déjà ! Je décide de faire mes devoirs. Non, j'avais oublié, je les ai faits hier en permanence. Je me dis que je vais essayer d'écrire, alors. Mais après dix minutes, je n'ai toujours rien noté. Je suis en panne d'inspiration. Je vais lire. Ça, ça m'apaise. Non, il faut que je bouge. Et puis merde. J'enfile un jogging, un t-shirt, des baskets, je prends mes clés, une bouteille d'eau et un gilet, et je sors courir. Au moins, ça me défoulera et me fera peut-être penser à autre chose. C'est bizarre de me dire que je vais faire ce sport que je déteste. Je ne sais pas pourquoi j'ai choisis de faire ça. Sur le coup, ça me paraissait être la meilleure idée. Je vais aller au parc où j'ai l'habitude d'aller pour écrire. Il est beau et il y a de la place. Peu de personnes y vont. C'est bien, au moins, je serai seule. Je ne suis pas sûre d'être de très bonne compagnie, en ce moment. Vous n'avez qu'à poser la question à ma famille. Ils doivent me détester et je pense qu'au moins la moitié d'entre eux a déjà rêvé plus d'une fois de me trucider durant les sept derniers jours qui se sont écoulés. Ce qui ne s'arrangera sûrement pas lorsque Vadim sera là. Mais bon, je suis ici pour l'oublier, alors au boulot. Je fais des ronds dans le parc et je me concentre sur ma respiration comme il me l'a appris. Mais pourquoi j'ai choisi son activité sportive préférée ?! A cause de ça, je ne fais que penser à lui. Mais qu'est-ce que je suis débile ! Au bout d'un moment, je m'arrête. Je dois être rouge comme une pivoine ou au bord de l'infarctus vu les regards inquiets que me lancent les passants. Il est peut-être temps de rentrer. Je jette un coup d'œil à ma montre. Il est... dix heures et demie ! J'ai couru pendant une heure ! Je suis étonnée et totalement paniquée. Vadim doit déjà être arrivé à la maison, et je ne suis même pas là pour l'accueillir. Mais quelle hôte indigne, je fais ! Je me précipite jusqu'à l'appartement et monte les marches quatre à quatre, pour arriver le plus rapidement possible. J'ouvre la porte d'entrée un peu trop fort, et manque de m'affaler telle une crêpe au sol. J'avais raison. Il est bien là, en train de parler avec ma mère, ou de me regarder avec un petit sourire moqueur sur les lèvres.

Qu'il rigole si ça lui fait plaisir !

-Ah, tu es enfin là ! s'exclame ma mère en me voyant. Tu peux me dire où tu étais passée ? J'ai dû sortir en catastrophe de dessous la douche pour venir lui ouvrir. Tu avais oublié qu'il venait ou quoi ?

Ah non, ça, je n'aurais jamais pu !

-Je suis allée courir. J'avais besoin de me défouler. Tu sais comment je peux être le matin.

-Débordante d'énergie et insupportable, par-dessus le marché ! soupire-t-elle. Bon, occupe-toi de lui. Moi, je vais finir ma toilette, dit-elle en repartant, me laissant seule avec lui.

Entre l'ombre et l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant