XXVIII

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Kathleen finit son verre d'une traite à nouveau avant de partir en souhaitant une bonne nuit à son amie, mais sans rien ajouter de plus, un peu trop occupée et submergée par ses propres émotions.

Elle se coucha, espérant que le lendemain serait mieux. Mais rien n'y fit, la semaine fut horrible pour elle. Elle n'avait toujours pas décidé de parler à Robert, et de violentes émeutes avaient eu lieu au sein de l'entreprise.

- Égalité ! Égalité ! Égalité !

Kathleen n'entendait plus que ça toute la journée, elle n'en pouvait plus. Les employés refusaient de travailler et réclamaient l'égalité salariale. Ces inégalités avaient été creusées et forcées par Robert, et Kathleen n'avait pas la main la dessus. « Égalité ! Égalité ! Égalité ! » Il lui était donc impossible de changer cela.

Il lui avait d'ailleurs été impossible de penser correctement durant cette dure semaine, elle n'y comprenait plus rien. Tout était allé si vite et elle n'avait même pas eu le temps de discuter avec des employés que les émeutes avaient déjà éclatées. « Égalité ! Égalité ! Égalité ! ». Tout cela, encore une fois, à cause de Robert.

Bien qu'elle chérissait son entreprise plus que tout au monde, elle ne supportait plus tout cela. Elle avait chargé les Lowry de veiller sur l'usine en son absence, avant de mettre une fois de plus le cap sur Birmingham, priant pour que tout se passe bien cette fois-ci, et que son petit bijou ne soit pas menacé une seconde fois.

- Tu as fait quoi ?!, le ton qu'avait employé Kathleen pour dire cette phrase surpassait la colère, la tristesse et la stupeur encore.

Il s'agissait d'un sentiment à la fois plus vif et plus profond qu'il exaltait chacun de ses sens pour lui indiquer à quel point le danger était imitant et proche. Bien que cette simple question de rhétorique pût paraître dérisoire — car oui, bien qu'elle n'en était pas sûre, Kathleen avait bien comprit ce que Robert lui avait dit —, celle-ci soulevait tout un problème horrible chez Kathleen.

- Je ne pensais pas qu'il allait mourir..., Kathleen n'avait décelé aucun regret dans la voix de Robert, simplement car il n'en éprouvait aucun, ce qui agaça d'autant plus la jeune femme, restant immobile, comme glacé de terreur devant cette horrible vue.

- Tu l'as étouffé, Robert. On n'étouffe pas les gens par erreur., Bien que son ton semblait calme, Kathleen était en panique, ne comprenant pas réellement ce qu'il se passait.

Elle espérait être face à une mauvaise blague orchestrée par Robert. Mais c'était impossible. Le cadavre pâle et décomposé était là, en face d'elle, allongé sur le lit, froid et rigide. Kathleen ne put retenir un sanglot d'étouffer sa gorge avant qu'elle ne vomisse sur le braquet déjà gondolé et craquelé de la maison de Robert.

Sa gorge et son ventre restaient noué, de par la vue et par l'odeur infecte qui remplissait la pièce. Mais le pire était ce qu'il se passait dans sa tête à ce moment précis, son monde se décomposait comme le corps en face d'elle, et elle se rendait petit à petit, compte de l'horreur dont regorgeait finalement ce monde.

Comme pour l'achever une dernière fois, ces pensées se battaient dans un fracas immonde, chacun de ses membres étaient paralysés et pourtant ils réagissaient à chaque élément de la pièce, comme si l'air la brûlait, comme si le sol s'effondrait, comme si la vue qu'elle avait la noyait.

Quand elle posa les yeux sur le cadavre du père à Robert une nouvelle fois, elle ne put se résoudre à autre chose qu'à la haine.

Kath's Brandy Company - Peaky BlindersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant