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Cela faisait déjà onze mois que j'étais là. Je m'étais énormément rapprochée d'Asha et elle de même. Beaucoup de choses se sont passées durant tout ce temps. Par exemple, j'avais plus confiance en moi. J'ai même appris le pole dance. J'ai amélioré mon physique grâce au sport et j'ai gagné du respect dans La Casa mais aussi au Paradise, le club où nous allons chaque soir. Je crois finalement avoir compris le business de cet homme si mystérieux que l'on appelait Boss. Les bénéfices se multipliaient chaque jour en fonction de la qualité de la marchandise. Lorsque je me rendais au club avec Asha, Raquel, Veronika et Paloma, les gains s'en allaient à la hausse comme s'il eut s'agit d'un commerce de bonbons à côté d'une école maternelle. Nous étions les petites protégées du patron, en gros, les intouchables. Eh ouais! Le public pour la plupart du temps constitué de vieux hommes d'envergure politique, de quelques rares jeunes millionnaires, de mafieux n'avait que le droit de nous regarder nous mouvoir, à moitié nues ou parfois pas du tout couvertes. Il y avait trois classes: la classe A, la classe G puis la classe S. Les clients de la classe A étaient ceux qui payaient le moins ou juste ceux qui étaient là pour vider leurs couilles. Les autres filles s'en chargeaient. Avaient-elles le choix? Évidemment que non. Elles devaient se plier aux désirs de leurs bourreaux et les satisfaire. La classe G était par ailleurs la plus intéressante d'entre toutes. Là, il y avait chaque soir des ventes aux enchères. Les prix s'élevaient parfois à des milliers de dollars. Que dis-je? Des millions! Comme vous l'aurez deviné, les marchandises étaient bel et bien des filles. Pas n'importe lesquelles, les nouvelles recrues, toutes vierges et innocentes, flottant dans la fleur de l'âge. Et enfin, la classe S encore appelé le salon VIP. Les plus vicieux y dépensaient des fortunes, juste pour le plaisir de voir nos corps se trémousser ou pour celui de sentir nos ongles frôler leurs lèvres disgracieuses. Nous n'étions que cinq à régner dans ce salon, les cinq mousquetaires comme nous appelait Charly. C'était finalement un mec cool. Il passait souvent du temps avec nous et nous enseignait pleins de choses importantes sur la gent masculine. J'avoue, ses conseils m'ont beaucoup aidée, dans des circonstances bien précises je dirais.
Bref, pour moi, tout allait bien jusqu'à ce que ce jour arrive...
J'étais au bord de la piscine avec Asha et Raquel. On débattait sur une série qu'on avait eu à voir la veille lorsque Charly débarqua.
- Toujours aussi radieuses mes préférées!
- Arrête Charly tu vas me faire rougir, répliqua Asha.
- -Alors quoi de neuf Charly? demanda Raquel.
- Oui, accouche Charly! insista Asha.
- Rien pour vous, petites curieuses. Par contre Kara, tu peux venir un instant?
- Pas d'soucis, fis-je en me levant. Les filles je reviens.
Je m'éloignai avec Charly puis nous nous arrêtâmes dans un angle mort du jardin.
- Alors, t'avais quelque chose à m'dire?
- Oui, euh au fait, le patron tient à te rencontrer. Tu as beaucoup fait parler de toi au club et t'es pour la majeure partie responsable de l'accroissement des bénéfices. Donc prépare toi. Son chauffeur viendra te chercher à 8h ce soir.
- J'ai aucune envie de le voir.
- Va falloir lui dire ça en face.
Il retourna sur ses talons, ces mots dits. Bon sang!
- Eh attends Charly!
Il s'arrêta et j'hésitai à continuer.
- Et je suis censée me mettre quoi moi?
- Je te ferai parvenir un outfit d'ici là.
Il s'en alla définitivement, me laissant suspendue aux échos illusoires de sa voix qui résonnait encore dans ma tête. Je me ressaisis et pars rejoindre les filles.
- Il disait quoi Charly? questionna Asha.
- J'ai un rencard ce soir avec le Boss.
- Jure! s'enquit Raquel. La chance!
- Cool! Il va sûrement te déflorer, me taquina Asha.
- Je le laisserai pas faire. Il se prend pour qui ce mec en fait? Il nous séquestre pour qu'on soit ses esclaves sexuelles ou j'délire? Moi je compte bien lui dire ce que je pense de son business pourri et totalement dégueulasse. Il ne mérite pas de vivre cette enflure.
- Du calme, chérie! lança Raquel.
- Allez, t'es trop coincée. Relax, bella ! sourit Asha.
Je m'assis tout en grognant. Asha reprit:
- À quelle heure se tient le date?
- 8h du soir.
- Eh mais là il est au moins 18h30, s'empressa de dire Raquel. Allez, debout. Il faut faire ta coiffure, ton maquillage...
- Et même ton épilation, ajouta Asha.
Elles se précipitèrent pour me traîner jusqu'à la chambre où mon avis n'avait plus d'importance...
*
Il sonnait 20h pile. Charly vint m'annoncer que le chauffeur était déjà là. Je fis la bise à Asha et Raquel avant de partir. Le chauffeur semblait très galant. Il m'ouvrit la portière et s'empressa de me demander si j'étais bien installée. Je lui répondis aimablement par un oui. La mercedes démarra et nous prîmes notre envol...
Une trentaine de minutes que nous roulions déjà dans la grande ville de Mexico, toute pimpante et illuminée par ce temps horriblement chaud. Je me posais mille et une questions. Parfois, il m'arrivait de me demander si tatie Amanda se portait bien. Bref, je devais évincer toutes les mauvaises ondes de ma tête et ne plus faire revivre mes fantômes du passé. La ronronnement de la voiture me fit sortir de mes pensées. Elle s'était engagée dans une concession moderne, pas trop extravagante et parsemée de fleurs ainsi que de jeunes arbustes parfaitement taillés. Des lumières dorées s'échappaient de la bâtisse, moyenne et très sophistiquée. Non loin, un bolide noir était stationné dans un garage moyen et proportionné. Cette maison avait bien l'air de celle d'une personne qui gagnait honnêtement et modestement sa vie; pas celle d'un homme comme vous et moi savons. Le chauffeur vint m'ouvrir la portière même avant que je n'eus le temps de le faire, tellement j'étais submergée par le charme de cette mise en scène! Il m'annonça que son patron m'attendait à l'intérieur. Je m'avançais, confiante vers la porte principale qui était entrouverte. J'accédai à la concession et je fus sidérée par l'illustre beauté des meubles et des tableaux qui étaient accrochés aux murs, blancs et purs. L'intérieur sentait la lavande et semblait très chaleureux . Une légère odeur de grillade flottait dans l'air et m'interpellait. J'aperçus une porte vitrée ouverte, laissant le vent parsemer la maison toute entière d'une fraîcheur incomparable. Les rideaux blancs fins s'envolaient au gré du vent, tels mes cheveux wavy. J'accédai à la pelouse verte et scintillante, et mes yeux repérèrent au loin, près d'une paillote un homme dont les traits physiques me paraissaient encore peu visibles. Je parcourus du regard tout le jardin. Je vis une piscine, toute banale avec quelques chaises longues disposées tout autour. Je restais là, figée à regarder dans le vide et me demander pourquoi j'étais ici. Je sentis tout à coup comme un souffle chaud dans mon cou et un aura masculin m'enivrer. Un frisson me parcourut tout le corps et j'entendis une voix rauque et imposante me chuchoter:
- Sei assolutamente stupendo... (Tu es absolument splendide)

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