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- D'après ce que j'ai pu comprendre Mlle Jackson, vous l'aimiez bien cet Isaiah?
Sans le savoir, je me mis à couler des larmes. La psy, Mme Lauren me tendit un mouchoir.
- Merci Lauren, repris-je, le visage attristé.
- Ne vous inquiétez pas, Kara. Pleurez autant que vous voulez. Tout cela fait partie de la thérapie.
Je restai silencieuse quelques instants puis je continuai:
- J'aimais surtout passer du bon temps avec lui. Mais...
- Mais?
- Au fond, je l'aimais beaucoup.
- Était-ce en amour ou juste en amitié ?
- Vous vous moquerez sûrement de moi, dis-je en riant malgré mon visage barbouillé de larmes, mais Isaiah était l'amour de ma vie.
- Si je peux bien me le permettre, pourquoi parlez vous de lui au passé ?
- Parce qu'il l'a tué!
Elle ne dit plus rien et sembla noter quelque chose dans son calepin. Elle me demanda:
- Pouvons nous continuer?
Je hochai juste la tête en guise d'accord.

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Nous étions retournés dans le quartier où habitait Amanda. La veille, nous étions de passage mais il semblait qu'elle n'était pas là. J'étais toujours accompagné de mon fidèle compagnon, Jay. Cette fois-ci, il toquait à la porte mais toujours aucune réponse.
- Tu crois qu'il lui est arrivée quelque chose? demanda-t-il.
- Aucune idée.
Je tournai le regard et j'aperçus une dame, celle de la maison d'en face qui nous observait Jay et moi à travers sa fenêtre.
- Jay, attends moi ici. Je reviens.
Je me dirigeai vers la maison à l'allure maussade. Je frappai à la porte mais aucune réponse. J'insistais. Une voix très grincheuse me parvint de l'intérieur:
- Que voulez-vous? Allez vous en.
- Madame, je ne vous veux pas du mal. Je voudrais juste vous poser une question.
- Alors posez la parce que je n'ai pas du tout l'intention de vous ouvrir la porte. Vous les flics, vous nous causez toujours des merdes à nous les pauvres.
- Ok madame, calmez vous. Au fait, je voudrais juste savoir si la voisine d'en face était à l'intérieur de sa maison.
- Si elle était à l'intérieur, elle vous aurait déjà ouvert. Maintenant du balai!
- S'il vous plaît, donnez moi un instant. Dites moi au moins si elle a déménagé.
- Oui, elle a quitté le quartier depuis des semaines.
- Combien de semaines déjà ?
- Suis-je un calendrier ? Je ne veux pas que vous me créiez des embrouilles donc daignez vous en aller d'ici. Je pense que j'ai déjà répondu à votre question. Bon vent!
- Merci beaucoup! fis-je avant de déguerpir de son porche.
Qu'elle était aigrie cette dame! Mais bon, à quoi bon la juger si je n'ai pas vécu les mêmes tragédies qu'elle. Jay m'attendait devant ma voiture. Il m'interpella très rapidement.
- Alors tu parlais à qui? Un fantôme ?
- Non. C'était une vieille dame très hostile. Elle m'a dit qu'Amanda ne vivait plus dans le quartier.
- Et où a-t-elle déménagé maintenant ?
- Je n'en ai pas la moindre idée.
- C'est comme si un vent ténébreux balayait à chaque fois les pistes que nous trouvons et au final, on s'en rend même plus compte.
- Balayer! répétais-je en me frottant le menton. Jay, tu es un génie !
- Ah bon? questionna-t-il, étonné.
- Vas-y, je t'explique en route...
*
J'étais resté à la Villa hier et j'avoue, je n'avais pas fermé l'œil de toute la nuit. Je suis plutôt très matinal aujourd'hui. Je décidai alors d'aller courir pour me défouler. Une fois sorti de la concession, j'aperçus la voiture de Christopher au loin mais à vue d'œil il n'y était pas. Que faisait-il ici de bon matin ? Ou bien serait-il venu la nuit dernière sans que je ne m'en rende compte ? Personne ne m'a pourtant prévenu. Le plus étrange , je pouvais faiblement percevoir des voix qui me semblaient celles de Christopher et d'une femme. Elles provenaient d'un coin inférieur de la maison, situé entre la façade fleurie et la petite terrasse qui entre temps nous servait de terrain de football à mon frère et moi. Je m'approchais discrètement de l'endroit et ce que j'entendis me glaça le sang.
- Donc tu le savais bien. Tu n'es qu'une égoïste.
- Pardonne moi, mon enfant. Je n'avais pas d'autre choix.
- N'ose plus jamais, je dis bien jamais me regarder droit dans les yeux, Julia !
- Mais O...
-Ne m'appelle pas ainsi, vieille peau. Et je te rappelle que si tu ouvres ta bouche pour raconter quoique ce soit, il ne serait pas probable que tu sois encore vivante l'heure qui va suivre.
Je n'en croyais pas mes oreilles. J'étais submergé par les propos de Chris. Il était si différent. Non! Non! Non! Ce n'était pas lui. Je reculai d'un pas en arrière puis de deux. Je m'éloignai totalement et rejoignis à nouveau la demeure. Je rencontrai une servante qui me demanda si tout allait bien. Mais je n'avais pas eu la force de lui répondre.

*
La styliste était arrivée depuis un quart d'heure déjà. Elle retouchait les quelques imperfections de ma robe qui était tout à fait divine. Il ne restait plus que trois jours avant le gala. J'avais choisi un thème peu commun pour l'occasion : Imposteur. Cela signifiait qu'il s'agirait d'une soirée masquée. J'avoue, le choix du thème était très distingué. C'était pour faire un peu plus extravagant et à la fois innover. L'élégance serait bien évidemment au rendez-vous, rassurez-vous. Mais, j'avais vraiment hâte qu'arrive ce jour. Ce fameux 27 juin...
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- Permettez-moi de vous interrompre, lady Jackson mais une question me trottait en tête depuis un moment.
- Laquelle Lauren?
- Comment avez-vous connu Jerry?
- Ah, émis-je en me triturant les doigts. Je l'ai rencontré à Mexico.
- Qu'y faisiez-vous?
Inconsciemment, des larmes se mirent à ruisseler de mes yeux et elles roulèrent telles des perles sur mes pommettes roses. Lauren me tendit à nouveau un mouchoir.
- Surtout, ne vous sentez obligée à rien Kara. Si vous me dites d'arrêter la séance, je la clôturerai et nous continuerons une autre fois.
- Non! m'exclamai-je. Je veux en finir avec tout ça aujourd'hui, même si ça doit me prendre toute la journée.
Un long blanc s'installa dans la pièce toute entière et Lauren reprit :
- Alors?
- Je travaillais dans un bordel à Mexico quand j'avais rencontré Jerry.
- Racontez-moi! Quand est-ce que tout a commencé ?
- Mon histoire a réellement commencé ce soir où j'ai fugué de la maison...

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[...]

ImpostorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant