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[...]
- Lo atrapamos deambulando por el perímetro. Estaba armado y llevaba un pañuelo del clan rebelde en la muñeca, fit le garde à l'autre bout. (Nous l'avons surpris en train de rôder autour du périmètre. Il était armé et avait un bandana du clan des rebelles attaché au poignet.)
- ¿Él estaba solo? (Était-il seul?)
- No. Un jeep lo esperaba al otro lado de la calle. Pero no pudimos atrapar a sus compañeros. Hubo disparos y perdimos a uno de nuestros guardias. (Non. Une jeep l'attendait de l'autre côté de la rue. Nous n'avons pas pu choper ses compagnons. Des coups de feux se sont échangés et nous avons perdu l'un de nos hommes.)
- ¡Joder! m'emportai-je en frappant rudement sur mon bureau.

Je fis les trois pas dans la longueur de la pièce en me passant la main sur la tête.
- ¡Llévalo al sótano negro! repris-je. (Faites-le descendre à la cave noire!)
- ¡Vale jefe! (D'accord patron!)

Je raccrochai, à bout de nerfs puis me dirigeai vers la petite table d'appoint sur laquelle reposait une bouteille d'alcool. Je me servis un verre de vodka que je vidai d'une traite puis m'en resservis un autre. Je jetai un coup d'œil à la montre accrochée à mon poignet et me rendis compte qu'il n'était que trois heures du matin. Je n'avais pas réussi à dormir. Conclusion, je m'étais retrouvé dans ce bureau à consulter mes mails et mettre au point certaines choses. Et comme si cela ne suffisait pas, ce foutu traître a guidé ses hommes sur un terrain miné. Et ça, je ne tolérerai pas.

[Kara]

Comment me suis-je retrouvée ici moi?

Je me redressai avec un soupçon de big bang dans ma tête. J'avais vachement mal au crâne. Et j'étais également un peu amnésique à vrai dire. Lorsque mes pieds heurtèrent la tapisserie, une violente migraine me saisit. Ce qui me fit me rasseoir à nouveau. Je regardai à travers la fenêtre et constatai qu'il faisait encore nuit. Ou je devais rêver? Probablement, me rassurai-je. J'avais pourtant l'impression d'avoir dormi et assez d'ailleurs mais je demeurais chamboulée pour une raison inexplicable. Ah oui! Je m'en souviens. C'était cette boisson. J'en avais sûrement consommé plus que je n'en devais. Une ou trois bouteilles peut-être? Fais chier, je ne m'en rappelle plus.

Je m'abaissai instantanément pour vérifier le nombre de bouteilles qu'il y avait sous le lit. Car oui, j'en avais discrètement pris une dizaine de cette pièce qui semblait être une fabrique d'alcool. Il y en avait plusieurs que je ne connaissais pas mais j'avais préféré le rhum du Havana Club. Donc je m'étais servie à ma guise vu que Saint Boris avait refusé de me donner une coupe de rosé.
Au total, je comptais quatre bouteilles vides et cinq autres intactes. Yes! Je vais me régaler en douce dès que je le pourrai. Ceci dit, je devais prendre de l'aspirine ou un truc contre mon mal de tête qui devenait pénible.

Je tentai une fois encore de me lever et cette fois fut la bonne.

Un pas pour la femme, un grand pas pour l'humanité!

Je remarquai alors que je portais une robe de nuit que je ne me rappellais pas avoir mise.

Étrange!

Je m'avançai vers la porte de ma chambre et l'ouvris dans l'espoir d'aller me prendre un verre d'eau à la cuisine. Je boitais légèrement mais je ne pouvais pas non plus me plaindre. Je l'avais mérité. Je pris les escaliers gauches opposés à ceux du côté droit, menant tous au même endroit: l'étage.

Une fois dans la cuisine, j'avais finalement décidé de prendre non seulement un verre d'eau mais aussi une grosse part de gâteau qui m'avait attirée par son crémage alléchant et chocolaté. Je m'installai sur l'une des chaises hautes disposées autour du plan de travail de la cuisine au design raffiné.
- Hmm! savourais-je ma première bouchée.

J'avalais le reste très rapidement comme si l'on m'obligeait à tout engloutir dans un temps limité. C'était extrêmement bon. J'en avais repris autant de fois qu'il me plaisait jusqu'à me fatiguer. Bien joué Kara! Tu viens officiellement d'être élue la plus gourmande de l'histoire de l'humanité! me vantai-je secrètement.
Je bus une gorgée d'eau puis une seconde, sentant le sucre descendre dans ma gorge. J'en avais eu ma dose et fallait que je retourne me coucher discrètos. À moins que mon sixième sens ne me dise de prendre un plastique alimentaire bourré de fruits trempés dans une sorte de sirop dont j'ignorais complètement la composition. Mais ça avait l'air gourmand. Donc je le pris rapidement dans le frigo, me réjouissant à l'idée de les déguster en écoutant peut-être du jazz ou en bouquinant un livre parmi les milliers qui logeaient dans la bibliothèque que j'avais découverte aujourd'hui ou hier... peu importe. Enfin, la presque bibliothèque. C'était également un bureau assez bien organisé que je n'avais daigné déranger le moindre du monde. Va pour un bouquin! Si ça s'trouve je dénicherais un bon harlequin ou une romance sombre sur laquelle me branler. Qui sait, pensais-je en sortant de la cuisine.

J'empruntai alors les escaliers de droite pour faire court et déviai à gauche. Une porte en bois lisse et très grande s'érigeait devant moi. J'attrapai la béquille de porte que j'entraînai vers le bas. Un grincement se fit entendre et quelle ne fut pas ma surprise de voir la pièce totalement plongée dans une pénombre pétrifiante. Alors! Si je devais bien me fier à ma mémoire visuelle, j'avais vu un interrupteur quelque part ici à droite.
Je commençai à balancer mon bras droit qui était le seul à ne pas être chargé dans l'obscurité. J'avançais à petits pas, craignant d'heurter un meuble. Ce qui ne tarda pas à arriver.
- Sainte merde! geignis-je.

C'était officiel. J'avais une mauvaise mémoire visuelle.
- Bon sang! inspectais-je le mur de ma main. Où se cache ce foutu interrupteur?

Je le touchai pile-poil. Bingo!
Ainsi fut la lumière.

J'avais une vision plus nette de la pièce, remarquant à présent une silhouette masculine s'imposer derrière l'immense bureau. L'homme était assis de dos. J'étais consternée par ce que je voyais. Ce n'était pas lui j'espère...
- Déjà en forme à ce que je vois, prit la voix de Salvatore.
- Que fais-tu ici?

Un rictus sadique lui échappa. Il se retourna face à moi les yeux rouges de fatigue.
- Je suppose que je suis chez moi.
- Oh oui! J'm'en doutais. Contente d'avoir fait la converse avec toi, tentai-je de rebrousser chemin sans avoir conclus la raison qui m'avait emmenée dans ce lieu.
- Tu as perdu quelque chose, señorita?

Il se leva. Je le sentis. Quant à moi, je ne voulais pas croiser son regard. Je n'en avais pas le cran. Je sortis sans prêter attention à ses propos. J'arrivais devant ma porte diamétralement opposée à la fameuse bibliothèque-bureau lorsqu'il me lança:
- Ce n'est pourtant pas comme cela qu'on accueille une personne qui nous a beaucoup manquée.
- Va t' faire f-, me tournais-je à peine que ses mains me plaquèrent violemment contre la porte de ma chambre.
Je ne l'avais pas vu venir.

Il me dégoûtait. Je n'avais aucune envie de le voir. En même temps, il y avait aussi cette petite part au fond de moi qui se réjouissais de le revoir une nouvelle fois.

Mais pourquoi ?

- Tu vas m'lâcher oui, grognai-je.
- Vue dans cet état, tu m'donnes envie de te baiser.
- Tu me dégoutes, lui crachai-je au visage.
- Et moi j'ai toujours la même envie de te foudroyer.
Il avait plongé son regard dans le mien et m'avait hypnotisée. Je repris mes esprits.
- Fous-moi la paix, grinçai-je des dents, la respiration saccadée.

Il ne dit rien puis, après m'avoir longuement dévisagée me lâcha. Je le vis descendre pour sortir de la maison.

Quel imbécile! l'observais-je s'en aller, la rage au cœur.

Je ne cherchais pas à savoir où il partait. Je rentrai directement dans ma chambre et m'effondrai sur le lit, réservant mon casse-croûte pour mon réveil. Car là, je n'avais plus envie de grignoter et en réalité, je n'avais plus envie de rien.

Je planais tranquillement dans le vide.

ImpostorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant