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[Salvatore]

Sans mot.
Kara avait été enlevée.
Ma protégée avait été emmenée par une femme que je n'avais pas revue depuis longtemps.
La gamine avait été emportée par une calamité dont je suis l'origine.

Sans mot.
Le téléphone était resté collé à mon oreille.
Mes yeux balayaient l'immense vide de mon appartement, et toujours rien.

Sans mot.
Alba s'était mise à promener ses mains sur mon dos, croyant qu'elle me faisait du bien.
Or, ma seule envie était de lui exploser la cervelle.
J'en avais besoin pour contenir ma colère.

Sans mot.
Jesus, mon homme de main me ramena à la dure réalité.

- Jefe, ¿sigues ahí? (Patron, vous êtes toujours là?)
- ¡Sois todos incapaces, maldita sea! assénai-je en poussant violemment la jeune femme qui avait passé les trois dernières heures avec moi. (Vous êtes tous des incapables, bordel!)
- Lo juro jefe, Cruz te llamó. Él tenía tu acuerdo. ( Je vous le jure patron, Cruz vous a appelé. Il a eu votre accord.)
- Cruz? répétai-je en riant nerveusement.

Je me tournai et tombai sur le regard effrayé d'Alba. Qu'elle aille se faire voir cette traînée.

- ¿Estás solo, Jesus?
- Si jefe. Me hice a un lado para llamarte. (Oui patron, je me suis mis à l'écart pour vous appeler.)
- Así que escúchame atentamente. Quiero ver la cabeza de este Cruz en bandeja de plata cuando llegue a casa. y tenga cuidado de informar a nuestro prisionero que estamos deteniendo a su esposa e hijos. (Écoute-moi attentivement. Dès que je rentre, je veux voir la tête de ce Cruz sur un plateau d'argent. Et charge toi de prévenir notre prisonnier que nous retenons sa femme et ses enfants.)
- ¡A tus órdenes, jefe! (À vos ordres, chef!)

Je raccrochai. La première chose qui me vint à l'esprit fut de terminer mon verre de scotch et de m'en resservir davantage. Je passai sèchement la main dans mes cheveux, le regret d'avoir quitté le domaine trop tôt.

- Mi amor, ¿está todo bien? (Mon amour, tout va bien?)
- ¡Vete de aqui! (Fous le camp d'ici!)
- ¿Por qué me hablas así? No te gustó lo que hicimos, ¿verdad? (Pourquoi tu me parles de la sorte? Tu n'as pas aimé ce qu'on a fait c'est ça?)

Je me pinçai l'arrête du nez en reprenant calmement.
- ¡Vete por favor! (Va t'en s'il te plaît!)
- Al menos dime por qué me pides que me vaya, réclama-t-elle, en larmes. (Dis moi au moins pourquoi tu me demandes de partir.)

J'avais perdu tout mon sang froid. J'écrasai rudement mon verre contre la table d'appoint au point de le briser.
- ¿Qué no entiendes por "vete"? (Qu'est-ce que tu ne comprends pas par "va-t'en"?)

Ses yeux ronds et bleus me fixaient avec crainte. Je m'avançais dangereusement vers elle, sentant la peur l'envahir totalement.
- No quiero verte más, puta sucia. (Je ne veux plus te voir, sale pute.)

Des larmes dévalèrent ses joues. Pourquoi diable pleurait-elle? Elle me donnait encore plus envie de l'étriper.
- ¡Te amo, maldita sea! Te amo Salvatore. (Je t'aime bon sang! Je t'aime Salvatore.)

Elle avait explosé. J'avais bien conscience de ce qu'elle ressentait pour moi. C'était bien dommage. Car cela n'a jamais été réciproque. Pourquoi ne peut-on jamais se baiser sans se faire de mal? Il faut forcément que l'une des deux parties en ressorte éprise. J'aurais mieux fait d'aller me chercher une pute que la deuxième fois où je l'avais ken dans la caisse de son petit-ami. En plus, il n'y avait pas d'aussi mauvais moment pour m'informer de quelque insignifiante chose.

Je la saisis brutalement par le bras, supportant ses railleries irritantes. Je la traînais jusqu'à la porte d'entrée que j'ouvris avant de la jeter hors de l'appartement.
- - Salvatore, por favor escúchame, émit-elle entre deux sanglots. (Salvatore, s'il te plaît, écoute-moi.)

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