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Boston, Massachusetts, USA
Heure locale : 12h16 p.m

[Salvatore]
Mon visage était marqué par mon insomnie de la veille. Ça a d'ailleurs toujours été le cas depuis petit. J'avais fréquemment eu des sommeils troublés et parfois, je n'arrivais pas à dormir. J'étais insomniaque. La nuit, quand tout paraissait calme et sombre, je vivais à l'inverse des autres mortels qui roupillaient. Hier, j'avais dû rester au bureau étudier les nouvelles offres de partenariats et les cas d'investissements majeurs profitables à la société. Je croyais pouvoir camoufler mon surmenage
par la huitaine de caffè lungo que j'avais ingurgité. Mais malgré cela, ma mine en disait long. N'empêche, j'incarnais toujours le même personnage imposant et dynamique à la tête du consortium Impero.

Je prêtais attention à chaque détail qu'avançait mon Directeur Administratif et Financier. Il évaluait les possibilités d'échec des investissements. Bien que ce n'était pas son rôle de veiller au bien être du patrimoine de l'entreprise. Cela revenait au Gestionnaire des capitaux. Seulement, il palliait au manque de compétence de l'intérimaire de Conrad Garcia, l'ex Gestionnaire des capitaux. Tout le discours de mon DAF, Bart Pedersen m'incitait à lui faire une augmentation de paye. Il faisait bien heureusement son boulot. À Christie Cooper, l'auditrice financière de prendre les rênes de la discussion.
- Je vous remercie pour votre intervention cher Pedersen. Eh bien évidemment, vous avez raison, encouragea-t-elle Bart. Mais, le marché de l'investissement pétrolier revêt également d'énormes désavantages que vous n'avez pas énuméré, sans bien compter la volatilité des prix ou encore l'épuisement des ressources. Dans des cas d'importants investissements pétroliers, nous le remarquons très souvent. Il s'agit de la fluctuation des prix en fonction des saisons. Ce qui de un emboîte le principe d'investissement durable qui nous rassemble ici. En plus, si nous tenons vraiment à investir des millions pour ne pas dire des milliards de dollars chez les fournisseurs pétroliers, il faudrait également prendre en compte les situations géopolitiques, les mesures protectionnistes ainsi que les coûts non négligeables des impôts qui ont une empreinte monstrueuse sur les états de synthèse. Le mieux serait de prendre du recul et étudier davantage ce marché. Il serait aussi profitable d'étendre les investissements à de nouveaux marchés comme l'exploitation minière et bien d'autres. Ceci dit, j'aimerais faire une proposition.

Pedersen se permit de rire à l'issue de l'argumentation de Christie. Ce qui m'irritait énormément. Cet homme avait d'énormes compétences et savait faire son travail. Mais il était ce genre d'homme à mettre sa main au feu pour éviter de croiser des femmes dans un bureau. Pire encore, des femmes comme Christie Cooper, prêtes à le corriger et étaler leur talent. Il était tout bonnement un macho.
- Vous trouvez qu'on est dans un cirque ici? m'adressai-je à Pedersen, agacé par son comportement.

Je m'accoudai sur la longue table autour de laquelle nous siégions tous en compagnie des autres actionnaires qui, depuis le début de la séance n'avaient daigné placer le moindre mot. Pedersen se ressaisit automatiquement, enchaînant une fausse toux avant de se redresser dans son fauteuil. Je continuais à le fixer tout en parlant à Cooper.
- Faites nous part de votre proposition, mademoiselle Cooper.
- Eh bien, ma proposition est celle-ci, fit-elle en quittant son siège.

Elle saisit son iPad posé sur le bureau, lequel étant connecté à la projection puis défila les diapos jusqu'à s'arrêter sur des graphiques.
- Le consortium investit déjà dans la bourse et nous avons une équipe de traders très qualifiée, lança la brunette en ajustant ses lunettes carrées et en désignant les lignes courbées sur l'écran. Et aussi, nous avons des infrastructures immobilières que nous rentabilisons et dans lesquels nous ne cessons d'investir. Pourquoi ne pas viser plus loin? Pourquoi ne pas nous essayer à autre chose?

Elle s'arrêta un moment puis analysa les visages de tous les membres présents dans la salle de réunion. Tous les yeux étaient rivés sur elle et le souhait de tous était qu'elle fasse naître l'idée Messie qui révolutionnerait les dimensions économiques de Impero.

- À défaut d'investir, pourquoi ne pas constituer le socle même des investissements étrangers? En fait, j'y répondrais bien évidemment mais je voudrais votre avis à tous sur cela avant de poursuivre. Vous en pensez quoi, monsieur le président ? se raidit-elle en s'accrochant à sa tablette.

Des chuchotements fusèrent de partout tant en positif que négatif.
Je mis fin au tohu-bohu qui régnait.

- J'appréhende votre idée. En effet, j'y avais bien pensé mais nous focaliser uniquement sur cela nous conduirait à une faillite certaine.
- Mon associé a complètement raison mademoiselle. Le mieux serait de faire comme tout le monde et d'en tirer profit, rajouta l'actionnaire écossais Steeve MacMurray.
- Par contre moi, intervint Johnny , j'aimerais bien connaître votre opinion Mlle Cooper. Dans quelle perspective avez vous réfléchi?

Je consultai ma montre, laissant le débat ouvert aux autres associés. J'avais un vol à prendre à 13h. Et je ne devais pas le louper. Je levai donc la séance pendant que Cooper tentait de défendre sa cause.
- Mlle Cooper, faites moi parvenir vos propositions par mail. Je les examinerai plus calmenent.
- D'accord monsieur, comprit-elle avant de rejoindre son siège, tout sourire.
- À moi de même, compléta Johnny.
- Quelqu'un voudrait ajouter quelque chose ? demandai-je.
- Comme le disent les Latins Acta est fabula. (La pièce est jouée.), fit Wilkinson, la représentante de Dana Holm en fermant son carnet de note dans lequel elle n'avait cessé de gribouiller le long de la réunion.
- S'il n'y a plus rien dire alors, passez une agréable fin de journée, clôturai-je la rencontre.

Tout le monde se levait puis se donnait de vives poignées de main. En un éclair, la pièce se vida comme si eux tous n'eurent attendu que cet instant, la fin de la réunion. Je me levai à mon tour, suivi de ma secrétaire, Beck.
- Je veux un rapport de la séance que vous m'enverrez par courriel, marquai-je une pause. Faites moi venir Malcom d'ici 10 minutes et reportez tous mes rendez-vous d'aujourd'hui à demain. Je ne serai pas là. Mais Mr Martins assurera mon intérim pendant mon absence.
- C'est noté monsieur, tapotait la blonde sur le clavier de sa tablette. Ah, votre vol! s'inquiéta-t-elle.
- Ils m'attendront, finis-je en balançant la porte vitrée de la salle de réunion.

Une allée se dressait à ma droite et je la saisis, arrivant jusqu'à un ascenseur dans lequel me succéda Beck. Nous montâmes un étage plus haut. Une fois arrivés, je me dirigeai vers mon bureau, ne manquant pas cependant les « Passez un bon après midi » des employés qui vaquaient à différentes occupations ainsi que des stagiaires de la direction.

Au bout de quelques minutes, mon chauffeur, Malcom vint me chercher. Je pus arriver à temps pour mon vol direct paré pour La Havane.

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