CHAPITRE 23

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CLÉA

« Comment te sens-tu ?

Je suis assise sur cette chaise depuis maintenant plusieurs minutes. Mes yeux balaient les murs sur lesquels apparaissent des diplômes en tout genre, sur le bureau un ordinateur des cadres photos, des stylos dans un pot et un calendrier en guise de set de table.

Aucun doute, c'est vraiment un bureau de psy.

L'appel aux victimes a à peine débuté que je me retrouve direct chez ce psy bedonnant à lunette.

— Bien. Répond-je enfin après une longue absence.

— Peux-tu me parler de ton enfance ?

Je reste encore quelques secondes à fixer son diplôme de pédopsychiatre pendant qu'il attend ma réponse.

— Ma mère était une junkie. Mon père était alcoolique et violent. Quand j'avais sept ans mon frère et moi on est partis vivre chez Léo.

— Parle moi de ton frère.

Mon coeur se sert. À nouveau je regarde ailleurs, pour fuir son regard.

— Il était la personne la plus importante pour moi. Il pouvait sacrifier sa vie pour moi, et pour ma mère.

— Comment étaient les rapports avec ta mère ?

Ma mère... Elle et mon frère s'entendaient bien avant ma naissance, elle était présente pour lui. C'est quand ma mère a apprit qu'elle était enceinte de moi que ça a dégénéré.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle avait trompé mon père, et que... Je n'étais pas sa fille du coup.

— Connais tu ton père biologique ?

— Je l'ai vu une ou deux fois. Il a tué mon frère.

— Comment ?

— Il lui a tiré dessus. À deux reprises. Ensuite Léo est arrivé, il allait lui tirer dessus aussi mais Léo à été plus rapide.

— Tu vis chez Léo maintenant ? Comment sont vos rapports ?

— Très bien. Enfin, on se voit pas beaucoup, il est souvent dehors, et moi aussi à vrai dire.

— Pourquoi ?

Je commence à jouer avec la couture de mon tee shirt pour me détendre.

— Lui et moi... On partage la même souffrance, et je vois qu'il est pas heureux, j'irais même jusqu'à dire qu'il attend qu'une chose c'est que tout ça s'arrête. Qu'il reste juste pour moi, et... Et j'ai l'impression que de ne pas me voir heureuse pourrait l'achever plus que ce qu'il ne l'est déjà. Alors j'essaie de l'éviter le plus possible, de lui montrer seulement la facette de moi calme, heureuse et posée, mais c'est derniers temps ça été plutôt raté on va dire.

— Et donc, dans la famille, tu n'as que Léo ?

— J'ai Emmy aussi, c'était la meilleure amie de mon frère.

— Tu as des amis ?

— J'ai mon meilleur ami, Félix, et Ander son copain. Il y a Cassie aussi, on s'entend bien toutes les deux.

— Un petit copain ?

Je le vois noter tout ce que je dis sur son ordinateur.

— Non.

— Parle moi de toi, de tes centres d'intérêts, ce que tu aimes, ce que tu veux faire plus tard.

— J'aime lire. J'adore lire, j'aimerai un jour pouvoir écrire mes livres, écrire des romances dans lesquelles je pourrais m'évader quelques instants. Que les gens m'aiment et que je puisse eux aussi leur vendre du rêve. J'aime les papillons aussi, ils sont éphémères, leur vie ne dure qu'un court instant, c'est d'abord des chenilles effrayantes et repoussantes, avant de se métamorphoser et de devenir des créatures belles, colorées et admirées par tout le monde. Leur vie est courte, certains la passe autour des fleurs ou a tourner en rond avec ce qui sera son partenaire pour le reste de sa vie, quand d'autre se perdent et sont prit au piège dans une maison en étant attiré par une lumière. Vous savez que les papillons portent bonheur ? Il est le symbole de la joie et de l'amour. Certains croient même que, quand un papillon se pose sur nous, c'est qu'une personne chère à nos yeux veille sur nous, voire même que le papillon, c'est cette personne. Dis-je dans un sourire.

SWEET SHADOWOù les histoires vivent. Découvrez maintenant