CHAPITRE 5
EliasLorsqu'on pénètre dans le restaurant dont Gabriel nous a envoyé l'adresse. Mon regard est irrémédiablement attiré par elle. Sa seule présence éclipse sans effort tout le reste. En train de sourire, elle doit sentir que quelqu'un l'observe, car elle tourne rapidement sa tête dans ma direction.
Aussitôt, son sourire se fane, ses iris d'émeraude s'assombrissent et laissent entrevoir sa stupéfaction.
Satisfait de la réaction que j'ai engendrée, je m'avance d'un pas calme et nonchalant vers sa table. Elle reporte son attention sur Gabriel et l'interroge silencieusement.
Alors que je m'installe à sa diagonale, Mateo prend place à sa droite, tandis qu'Alessio reste debout juste derrière ma chaise. Sait-on jamais que cette psychopathe aurait les couilles de me tuer ici même.
— Alors ça pour une surprise, m'exclamé-je, feintant la surprise. Est-ce que tu me suis, Preciosa ? continué-je malicieusement.
— Non, j'avais envie de visiter l'Amérique Latine, ment-elle sans sourciller.
— Parce que tu n'y as jamais mis les pieds, c'est ça ?
Elle hoche plusieurs fois la tête, confirmant silencieusement ma question en me souriant innocent.
— Il me semblait pourtant, lorsque tu étais une Navy Seal, tu as eu pas mal de déploiement sur ce continent. Mes informations doivent être erronées, insisté-je, en me carrant plus contre la chaise en bois.
Si ma déclaration la surprend, elle n'en montre rien.
— Comme tu l'as précisé, il s'agissait là de déploiement, des missions, pas des vacances, rétorque-t-elle, le menton relevé.
— Donc, tu es ici pour des vacances ? demandé-je un sourcil arqué.
— C'est exactement ça, je suis venu rendre visite à un vieil ami, affirme-t-elle, désignant d'un mouvement de tête Gabriel.
La serveuse nous interrompt, en apportant leur commande. Concentrée sur son assiette, elle ne me prête plus attention. Je me racle la gorge dans le but de lui faire relever la tête. Mais elle commence à manger et nous congédie sans me regarder :
— Ce fut un plaisir de te revoir, je vous souhaite un bon appétit Messieurs.
Elle est ici pour me tuer, mais elle a l'audace de me congédier, sans esquisser le moindre tremblement. Aucunes variation de voix qui me permettrait de ressentir son trouble.
Elle est sacrément sûre d'elle et je suis persuadé qu'elle doute même pas quant au succès de sa mission.
Pour ne pas éveiller d'éventuel soupçon de sa part, je préfère battre en retraite. Je me retire donc de sa table, mes accompagnateurs suivent mes mouvements. Alessio reste attentive à elle, semblant tout aussi déconcerté que moi par la facilité qu'elle a eue à reprendre le contrôle d'une situation qui devait lui échapper.
Le comble serait qu'elle arrive vraiment à m'abattre. Pouvons-nous considérer une mort qu'on à nous-mêmes commander comme suicide ?
Elias Álvarez, el jefe que contrató a una sicaria para matarlo. (Elias Alvarez, le chef qui a engagé une tueuse à gage pour le tuer.) Serait gravé sur ma pierre tombale.
Une mort stupide, une honte pour la famille Alvarez et une première dans l'histoire, je crois. Mon père me tuera une deuxième fois quand je le rejoindrai en enfer.
Une fois dehors, le malaise m'enveloppe. Je m'empare rapidement d'une cigarette, m'empresse de l'allumer, pour tenter de le dissiper.
Je ne souhaite pas que les autres voient le trouble qu'elle a éveillé en moi. Ils seraient capables de retourner dans ce restaurant pour lui coller une balle dans la tête, ou de la kidnapper tels des hommes de Cro-Magnon.
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MEDUSA
RomanceTuer, c'est mon métier. Et probablement la chose que je fais le mieux. Alors ; j'inspire, je vise et je tue. Puis je passe au contrat suivant. Ma vie était tranquille, animée par mes meurtres rémunérés. Après de bon et loyaux services, au sein de...