MEDUSA

CHAPITRE 14

Chapitre 14
Santo

Une fois le corps de Gabriel, le canapé débarrassé du salon et le sang nettoyé, Alessio a voulu tuer Médusa, pour sa réaction qu'il a jugée inappropriée. Je me suis rapidement interposé entre ce type sans patience et cette insolente sans limites avant de la raccompagner dans sa chambre afin d'apaiser tout le monde.

De mon point de vue, nous n'avons pas subi une grande perte. Je n'étais pas particulièrement proche de Gabriel, et au fil du temps, il était devenu davantage le tatoueur du cartel qu'un membre essentiel. Cependant, ce n'est pas le cas pour tout le monde. Plusieurs parmi nous l'appréciaient et ne comprennent pas la réaction de notre Jefe. Il n'avait tout simplement pas obéi correctement aux ordres, ce qui constitue le problème principal.

Ou alors El Jefe était jaloux qu'il est foutu Rosalia dans son lit.

Tous ont déserté la pièce principale de la villa, que ce soit pour prendre l'air et se changer les idées, ou directement pour aller se coucher. Je devrais probablement faire de même. Cependant, je tiens absolument à voir Elias avant notre départ demain. Je veux connaître la raison qui l'a poussé à tuer l'un de ses hommes. Ce n'est pas quelque chose qui arrive couramment.

La porte d'entrée claque bruyamment, puis mon chef et ami, visiblement titubant, finit par franchir le seuil du salon. Ses yeux fatigués se posent sur moi, et après un long soupir, il vient s'asseoir à mes côtés avant de lancer durement :

— Je savais qu'il y en aurait au moins un qui ne lâcherait pas l'affaire.

— Pourquoi as-tu agi comme ça ? Ça ne te ressemble pas Elias, réponds-je calmement, ne souhaitant pas raviver ses nerfs. C'est ton père qui avait ce genre de coup d'éclat, pas toi.

— L'amour est dangereux, il rend stupide et déloyal. Il aurait fini par me trahir pour se racheter auprès d'elle, réplique-t-il, laconiquement.

Peut-être qu'il dit vrai, mais dans ce cas qu'est-ce qui justifie son état d'ébriété ? Là encore, ça ne lui ressemble pas de se souler à ne plus tenir droit.

— Il n'était pas amoureux d'elle. Il s'en voulait seulement d'avoir brisé l'amitié qu'ils avaient liée, répliqué-je.

— Il n'avait pas à se lier d'amitié avec elle. Elle est restée trois semaines sans agir, quand elle a finalement agi, il n'était même pas au courant. Commence-t-il.

À mesure qu'il parle, son expression se fait plus dure, ses muscles se contractent.

En effet, Gabriel devait rapidement conduire Médusa dans une embuscade qu'Elias avait préparée, afin de la prendre en flagrant délit avant qu'elle n'ait la possibilité d'attenter à sa vie. Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place dans mon esprit, et je commence à comprendre ce qui s'est passé.

— Il comptait lui faire abandonner son plan et disparaître dans la nature avec elle, tu crois ? demandé-je, prudent.

Il acquiesce vivement, ses phalanges désormais blanchies et sa mâchoire si crispée que même dans cette semi-pénombre, je parviens à distinguer les muscles de son visage.

— C'est exactement ce qu'il comptait faire. Je n'en étais pas sûr, je n'avais surtout pas de temps à consacrer à des théories. Mais, s'il avait fait correctement son travail, la Méduse serait avec nous depuis plusieurs semaines déjà. Tout devait se faire très vite, enumère-t-il. Il n'a donné aucunes explications sur ces trois semaines de retard, où elle a été introuvable malgré toutes les équipes que j'ai mises à sa trace.