Chapitre 36 | Traumatismes & conséquences |

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Chapitre 36
Rosalia

Dans l'avion, seuls les sanglots des filles sont audibles. Tous sommes éparpillés à différents espaces de celui-ci. Le retour vers Washington est long, et les larmes des otages qu'on a libérés n'aident en rien.

Assise à même le sol, mes pieds battent une mesure contre le sol métallique. La tête plongée dans mes bras que j'ai croisés, j'essaie de distraire mon cerveau. Pour ne plus les entendre. Pour ne pas avoir à imaginer ce qu'elles ont vécu.

Je ne leur ai adressé aucun mots. C'est Alec qui s'est occupé d'elles, de les rassurer, de leur expliquer qui nous sommes et que désormais, elles sont en sécurité.

De ce que j'ai compris, elles étaient présentes dans la pièce lorsque j'ai abattu les preneurs d'otage. Un traumatisme qui s'ajoute à leur liste.

Des excuses pour la violence dont elles ont été témoins a été prononcé par Alec, en notre nom à tous. Mais je ne regrette rien, moi. Même si j'avais eu connaissance de leur présence dans la pièce, j'aurais quand même tiré. Ma mission était d'abattre l'ennemi, sans toucher un coéquipier ou un civil.

Et c'est ce que j'ai fait.

Je n'ose pas les regarder, craignant de voir les stigmates de ce qu'elles ont subi. C'est égoïste, mais je suis inapte à le supporter. Apercevoir leurs jambes nues et bleutées a suffi à me renvoyer dans la profondeur de mes propres souffrances.

Je ne veux pas en voir plus.

Lia, chuchote Mike, qui s'installe discrètement prêt de moi.

Je t'en supplie, fait les taire, je lui réponds, la voix enrouée, sans relever la tête.

Sa main se pose doucement sur mon épaule, me provoquant un brusque mouvement de recul. Il la retire aussi tôt en s'excusant.

Elles ont besoin d'extérioriser, il m'explique avec douceur. On ne peut rien faire pour le moment.

Je ne vais jamais tenir jusqu'à Washington. Je n'ai même pas envie d'aller là-bas. Mais c'est une obligation, retour de mission va de pair avec compte rendu détaillé de celle-ci. Et même si je ne fais plus officiellement partie des Seals, je suis contrainte de respecter les règles qui nous incombent.

Protocole à la con.

Vingt et une heures de vol séparent Le Caire de la Capitale Américaine. Seulement trois heures ce sont écouler et j'ai déjà envie de sauter sans parachute de cet avion.

J'ignore comment je vais tenir dans de telles circonstances.

Tu sais, commence Mike hésitant. Tu...tu pourrais aller essayer de leur parler.

Ma tête toujours nichée dans mes bras se relève précipitamment. Je l'observe, pas certaines de ce que je viens d'entendre. La bouche pincée, le regard fuyant, il comprend de lui-même qu'il me demande l'impossible.

La prise en charge psychologique jusqu'à l'arrivée du personnel médical fait partie de notre mission aussi, Lia, reprend-il, toujours sans me regarder.

Et nous sommes six, je ne me suis jamais chargé de cette étape Mike, je réplique sèchement. Je n'irai pas leur parler.

Ce n'est en rien contre elle ou un manque d'implication de ma part. La prise en charge psychologique est juste trop lourde à porter pour moi. Je n'ai jamais été suffisamment stable émotionnellement, pour pouvoir écouter les victimes parler ce qu'elles ont vécu. Alors ça a toujours été les garçons qui se sont chargés d'établir un contact, d'en savoir plus sur leur détention.

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