Chapitre 16

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Vous avez déjà eu cette envie, subite et alléchante, de tomber, de tout laisser, de tout abandonner pour partir loi, dans un univers fictif, imaginaire, ou tout serait plus simple, beaucoup plus simple ? Cette sensation de bien être qui vous assaille, provoquant de petit picotement délicieux dans vos membres, qui vous donne l'impression de vivre, enfin, d'être bien vivant, présent sur l'immensité qui est la Terre. Lui la ressent, actuellement, et plus que jamais. Dans l'obscurité ou il est plongé, dans cette noirceur qui semble l'englober, lui coller à la peau, il sent son cœur battre, résonner dans ses tympans, alors qu'il a cette sensation de tomber. C'est comme si on l'avait poussé dans un puits sans fond, et il tombe, encore et encore. Le vent glisse sur son visage, froisse ses vêtements dont le son est propre à un bruissement de tissu qui lui fouette par moment la peau. 

Il se sent bien, apaisé et étrangement léger, comme s'il flottait. Et pourtant : il tombe. Le paysage est toujours le même : inexistant, d'un noir intense, le plongeant dans l'obscurité. Il n'y a pour lumière, qu'un léger rayon peu lumineux, dont il ignore la provenance. Après tout, il a l'impression d'être dans un endroit sans fenêtre, comme un puits, ou bien une pièce fermée, sans porte ni fenêtre, sans aucun moyen de s'échapper. Mais de tout façon, il n'en ressent pas l'envie – il se sent si bien ici, dans cet univers paradoxale, imaginaire. Il sait qu'il n'existe pas, et même si cela devrait l'inquiéter, il se sent étrangement bien. Intérieurement, il s'interroge sur le lieu ou il se trouve, essai d'imaginer ou il a pu chuter, et quand se terminera sa chute. 

Surement devrait-il paniqué, à l'idée qu'il puisse être dans ce monde, à l'idée que son cerveau ne soit pourtant pas surpris par cette situation. Enfin, c'est peut-être normal, après tout, s'il ne ressent aucune angoisse, aucune peur, c'est que cet univers n'est peut-être pas si étrange qu'il puisse le paraitre. C'est surement normal de passer par là, à un moment donné de notre vie. Il ne serait le dire, il ne fait que supposer. D'ailleurs, il est surprit de voir qu'il est encore en mesure de réfléchir, de penser comme il le faisait auparavant. Pourtant, ici tout est si différent, si étrange. Est-ce normal qu'il soit en mesure de se comporter normalement, alors même qu'il est dans le noir, en train de tomber dans ce puits sans fond. 

Bizarre. Non, carrément chelou serait plus approprié en réalité. 

Il a les paupières ouvertes, mais il ne voit rien – excepté du noir, évidement. Il soupire. Ce puits est décidément dénué de fin, et d'un côté, il ignore s'il aimerait en sortir, s'il aimerait s'écraser au fond de celui-ci, de rencontrer le sol dur et rocailleux qui doit surement l'attendre tout en bas. Nouveau soupir. 

Soudain, une intense lumière apparait au fond de ce qu'il pense être un bruit, ça l'éblouit, et il est obligé de plisser les yeux. Non, il ne veut pas partir lui ! Mais est-ce seulement la sortie ? Surement, il ne voit pas d'autre explication. Alors il tombe, et transperce ce sol de lumière aveuglante. 


Un bruit retentit dans la pièce, de manière régulière et aiguë, de quoi être particulièrement agaçant. Lentement, il papille des cils, tentant vainement de s'habituer à la luminosité de la pièce, avant qu'un gémissement de douleur ne fende ses lèvres : ses côtes lui font un mal de chien. Il gémit, puis toussote, de quoi raviver sa douleur. Il perçoit des bruits de voix étouffés par la porte de la pièce immaculée ou il se trouve actuellement. Ce blanc lui donne l'impression d'être prisonnier, et ça l'angoisse. Il reconnait sans mal une salle d'hôpital, de par les différents instruments à ses côtés, et les tubes qui le relient à eux, ainsi que ce bruit de « bip » incessant. Soudain, la porte s'ouvre, lentement, comme si la personne derrière celle-ci craignait d'exercer un geste trop brusque. Silencieux, il se demande qui va entrer dans sa chambre. Il se rappelle de tout, de son altercation avec Barbara, de ces deux gorilles le rouant de coups. L'espace d'un instant, il flippe complètement à l'idée qu'il puisse s'agir de l'un d'eux, désirant continuer de jouer un peu avec lui. Pourtant, il se détend considérablement en apercevant une chevelure blonde, ainsi qu'un bras tatoué ou se trouve un tigre. Le nouvel arrivant à l'air plutôt mal en point : il a le teint pâle, et des cernes violacés soulignent ses yeux. Ça lui fait de la peine, de le voir ainsi. Lorsqu'il remarque qu'il est éveillé, le blond se précipite à son chevet, saisissant sa main dans la sienne, la pressens avec douceur et délicatesse. 

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