Étincelle

Chapitre 13

La situation ne pouvait pas être plus gênante, et particulièrement troublante. Dans cette pièce, cette chambre qu'il possédait depuis son arrivé à l'internat, se trouvait réunis ses deux compagnons, qui par ailleurs se jugeait mutuellement du regard, avec plus ou moins d'agressivité. Les muscles tendues, prêt à éclater à tout moment, il sentit sa température corporelle grimper soudainement, amplifiant un peu plus son malaise. Il ignorait comment il pouvait se sortir de cette situation sans trop de blessure. En plus de ça, il doutait que simuler un évanouissement soudain ne serait pas le bien vu, et qu'ils le réveilleraient surement à coup de gifle pour obtenir des explications. Son cœur battait la chamade, alors qu'il sentit la main réconfortante d'Aaron se poser au creux de ses reins, geste que Barbara n'était pas apte à voir d'où elle se trouvait. Ça le rassura quelque peu, mais il restait gêné, les lèvres pincées.

Les minutes commencèrent à s'écouler, alors qu'assise sur son lit, les mains posées sur le bas de son propre sweat qu'elle ne cessait de tirer, Barbara attendait une explication. La dernière fois qu'elle s'était rendu dans cette chambre, Shawn n'avait aucun colocataire, alors elle s'était dit qu'elle pourrait lui faire une petite surprise, en l'attendant sur son matelas, entièrement dénudé. A présent, elle se sentait idiote. Silencieux, Shawn se passa une main tremblante dans les cheveux, avant de pousser un petit soupir. Il fallait bien qu'il se lance un jour, non ? Même si en réalité, il avait l'envie folle de faire demi-tour, ouvrir la porte de la chambre à la volée pour détaler à toute allure dans le couloir et fuir cet établissement.

« Mon colocataire. »

Il se reçu un coup de pied dans le talon droit. Mauvaise réponse.

« Enfin, c'est compliqué...

-          Compliqué ? Répéta Barbara, un sourcil haussé. »

Baissant les yeux, il poussa un énième soupir, ne sachant guère quoi dire ou faire. Il se trouvait dans une impasse, et bon sang ce qu'il détestait ça. Inspirant un grand coup, il s'approcha d'un pas du lit ou se trouvait sa petite-ami, qui l'observait sans un mot, l'air intrigué. Lentement, il vint saisir ses fines mains entre les siennes, caressant le dos de celles-ci du bout du doigt, et il sentit cette fois encore le regard du blond posé sur son dos, l'air mécontent de ce contact physique volontaire de sa part. Pourtant, il désirait faire les choses bien, calmement, tout en finesse. La nouvelle était déjà assez grosse comme ça pour qu'il ne lui balance la vérité au visage sans aucune délicatesse avant de la mettre à la porte. Non, ce n'était clairement pas envisageable. Il observa distraitement ses longues jambes fines dénudées, avant qu'un raclement de gorge ne se fasse entendre.

Bon sang, ce type voyait tout.

Tournant légèrement son visage vers Aaron, il lui adressa un léger sourire crispé, alors qu'il demandait d'une voix calme, posée, comme pour l'amadouer en quelque sorte.

« Tu pourrais nous laisser seul un moment, s'il te plait ? »

Il remarqua sans mal que le blond était réticent, comme s'il craignait qu'une fois le dos tourné, Shawn se jetterais sur sa petite-amie pour lui donner quelques baisers endiablé. Il le vit se crisper, la mâchoire serré, avant qu'il ne prenne une grande inspiration, détournant les yeux.

« D'accord. »

Le remerciant d'un sourire, il le regarda quitter la pièce d'un pas trainant, non sans jeter un dernier coup d'œil derrière lui au moment ou il fermait la porte. Reportant son attention sur Barbara qui ne l'avait pas lâché de ses yeux verts semblables à deux bijoux. Elle semblait à la fois anxieuse et intrigué, ce qu'il pouvait aisément comprendre.

« Il faut que je te parle de quelques choses d'important. »

Presque aussitôt, il vit son regard devenir trouble, sachant pertinemment que l'information qu'il allait lui donner n'allait nullement lui plaire. De toute évidence, il n'aurait pas du faire une telle remarque, car chacun sait que les phrases de ce genre ne sont jamais de bonne augure. Tentant de la rassurer, il posa l'une de ses mains sur son genou, délaissant l'une de ses mains. A présent, il paniquait. Les lèvres pincées, les mots se bousculaient dans sa gorge, l'empêchant d'aligner une phrase pour lui fournir une explication à tout ceci. Il allait lui fendre le cœur, et ça ne lui faisait nullement plaisir. Bon sang, si Aaron n'était jamais rentré dans sa vie, rien de tout cela ne serait arrivé. Pourtant, il ne pouvait pas faire machine arrière – il était bien trop tard pour reculer à présent.