Chapitre 21

8.9K 718 90
                                    

Penché au dessus des toilettes, les mains posées de part et d'autre de la cuvette des W.C, Aaron dégobillait pour la énième fois depuis trente minutes. Pourtant, ce n'était pas comme si son estomac contenait encore de la nourriture, mais il ne cessait de sentir une montée pour le moins désagréable de bile dans sa gorge, de quoi le faire frissonner de dégout. Ses cheveux blonds ébouriffées retombaient négligemment sur son front, alors que ses yeux gris étaient perdu dans le vague, ailleurs et vitreux.

L'aveu qui venait de lui tomber brutalement dessus, le laissait sans voix, l'abasourdissait. Jamais il n'aurait put imaginer une chose pareille, pas même dans ses rêves les plus fous, les plus dénués de sens. Bon sang, commet une chose pareil avait put arriver ? Il avait du mal à croire à tout cela. C'était tellement gros, tellement... dingue.

En plus de ça, il ne pouvait qu'éprouver de la culpabilité en ayant ainsi abandonné à l'orphelinat son colocataire. Il ne savait plus comment le désigner, mais il était évident que le terme de « petit-ami », n'était plus d'actualité. Tout ça lui prenait clairement la tête. Néanmoins, dés qu'il repensait à ce qu'ils avaient fait tout les deux, et au fait qu'ils étaient demi-frère, cela lui donnait de nouveau envie de dégobiller. Il se demandait bien comment devait se sentir le brun, dont les yeux brillaient de larmes lorsqu'il avait détalé pour regagner son véhicule et filé comme un lapin. En un sens, il avait honte de son comportement. Il aurait dut rester pour qu'ils puissent en discuter et tenter d'arranger les choses. Poussant un long soupir las, il passa une main dans ses cheveux, les plaquant l'espace d'un instant à l'arrière de son crâne avant de s'appuyer contre le mur des toilettes. Cela devait bien faire trente minutes qu'il était agenouillé là, prêt à se pencher au dessus de la cuvette en cas de problème. Ses parents ne devraient rentrer que dans deux petites heures, et ainsi, il pourrait éclaircir la situation avec son cher paternel qui avait visiblement trompé sa mère.

En une matinée seulement, il avait appris que son petit-ami n'était autre que son demi-frère, et que son père avait délibérément trompé sa mère, faisant un enfant dans son dos. Il ne saurait dire qu'elle était la chose qu'il trouvait le plus répugnant.

Au bout d'un moment, il se décida finalement à quitter les toilettes, marchant d'un pas mal assuré dans le salon de la demeure familiale. L'odeur familière qui avait bercé son enfance semblait émaner de toute part, alors qu'il se laissait tomber sur le canapé, l'air las de tout cela. La situation était pesante, et son esprit était embrumé de question plus ou moins farfelu. Pourquoi cela semblait être si réel ? Après tout, il avait un an de plus que Shawn, et lors de son enfance, son père était souvent absent car il débutait sa carrière ainsi que la célébrité. Tout avait été nouveau pour lui, et selon sa mère, il avait énormément travaillé pour garder ce poste et s'élever toujours plus haut, gagnant toujours plus de popularité. Alors oui, cette adultère était complètement envisage. Pourtant, il n'avait rien en commun avec Shawn, que ce soit physiquement ou mentalement. Peut-être le brun avait-il tout prit de sa mère, et rien du père. C'était à envisager.

La panique ne cessait de faire battre rapidement son cœur, alors qu'il tâtonnait la table basse pour saisir la télécommande et ainsi allumer la télévision. Il avait envie de se changer les idées, ne serait-ce qu'un peu, mais rien ne semblait être à la hauteur. Zappant de chaîne, il tomba finalement sur une enquête policière qui attira ne serait-ce qu'un peu son attention, bien qu'il n'écoutait que distraitement les dires des enquêteurs. Il n'attendait qu'une seule et unique chose : que la porte d'entrée ne s'ouvre sur son père afin qu'il puisse enfin réclamer des réponses.

Son portable en main, il déverrouilla celui-ci pour vérifier l'heure, et manqua de le jeter au travers du salon en voyant son fond d'écran. Ne photographie de Shawn et lui, enlacer au pied de l'un des arbres de la cour. Si autrefois il trouvait ça assez mignon en soit bien que personne ne soit au courant de cette photo qui ornait son fond d'écran, il trouvait ça à présent répugnant. Néanmoins, il ne pouvait qu'espère que tout ceci ne soit qu'un vulgaire quiproquo, un malentendu grotesque qui les réunirait – une fois certains qu'ils n'auraient aucun lien du sang. Logiquement, ses parents devraient passer le pas dans la porte dans une petite dizaine de minutes, et autant le dire, il trouvait le temps long, maintenant plus que jamais. Il avait soif de réponse, et cette attente était épouvantable.

Étincelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant