Chapitre 14

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« Nous sommes vraiment navrés, Monsieur Caust, réellement. Malgré tout, nous ne pouvons pas nous permettre de vous garder parmi nous si vous ne payer pas votre place aux seins de notre établissement. »


Les doigts entrelacés posés sur la surface en bois lisse du bureau imposant face à lui, un homme aux cheveux grisonnants plaqué en arrière lui faisait place, l'air sérieux, revêtant un costume marron rayé qui lui donnait un petit côté strict. Face à lui, Shawn se décomposait littéralement - son teint devint pâle et ses lèvres s'en trouvèrent lentement. Ils n'avaient pas le droit de lui faisait ça, sérieusement. Néanmoins, il aurait dut se douter que quelque chose de plutôt important se tramait lorsqu'il avait été convoqué dans le bureau du directeur en plein cours de français, ayant été escorté par l'un des surveillants qui lui avait adressé des sourires compatissants. Ouais, compatissant. Il aurait dut se douter que cela allait mal, très mal tourner.

« Mais, enfin, vous savez que je suis orphelin. Bredouilla Shawn, perdu.

- Il vous faut donc aller dans le public, le privé ne vous est visiblement pas accessible vu votre condition.

- Je n'ai pas d'argent, vous comprenez ça ? Très bien, j'irais dans le public, mais dormirais-je dans ce cas ? Dans un carton sous un pont ? Lança-t-il de manière ironique. »

Il n'en revenait pas. Enfin non, il aurait dut se douter qu'après leur altercation, Barbara ne paierait plus l'internant ou il étudiait - ça coulait de source. Malgré tout, il avait espéré que le directeur de l'établissement, étant conscient de sa situation, accepterait de lui faire cette faveur, juste pour cette année. Visiblement, il avait eu tort. Sur toute la ligne. Poussant un petit soupir, le vieil homme face à lui sembla gêné, alors qu'il passait une main dans ses cheveux gris tirant sur le blanc, tel une couleur ayant perdu tout son éclat.

« Nous savons que la situation est compliquée. Expliqua-t-il calmement. Nous pouvons nous permettre de vous garder encore une petite semaine, par la suite, vous serez obligé de quitter les lieux si vous êtes dans l'incapacité de payer vos études.

- Sérieusement ? Vous allez me mettre à la porte, comme ça ? Je n'ai pas d'endroit ou crécher, aucun toit ni de nourriture. Que dalle.

- Nous le savons bien. Nous sommes vraiment désolés, Monsieur Caust. »

Furieux, et également dérouté, le brun se redressa brusquement, manquant de faire basculer sa chaise sous le choc, alors qu'il lançait un regard dédaigneux au directeur : ile le foutait à la porte. Alors qu'il n'avait pas de foyer, personne sur qui se reposer, pas de quoi se nourrir, de vivre. C'était vraiment dégueulasse.

« C'est ça ouais, vous êtes désolé. Siffla-t-il d'une voix amère. »

Détournant les talons, il claqua alors brusquement la porte, espérant avoir fait trembler légèrement les murs sous le choc, alors qu'il faisait face au couloir. Personne n'était présent à cette heure, et pour cause : soit ils avaient cours, soit ils étaient en train de déjeuner. Cela lui laissait le loisir d'être complètement dépité, sans avoir à subir les regards intrigués d'autres étudiants. Bon sang. Qu'allait-il devenir au juste ? Il allait finir SDF pour le restant de ses jours, à vivre avec une maigre couverture qu'il aurait reçu après s'être battu avec un autre homme, vivant sous un pont ou un lieu délaissé, tout en fouillant dans les poubelles dans l'espoir de trouver un peu de nourriture ? Il avait toujours trouvé cette situation particulièrement horrible, et tentait dés qu'il le pouvait de donner une ou deux pièces à ces gens pour leur permettre de s'acheter un bout de pain ou autre. A présent, c'est lui qui quémanderait des pièces pour tenter vainement de survivre dans cette jungle déloyale et sauvage. Sa vue commença lentement à se brumer, alors qu'il posait son coude contre le mur le plus prêt de sa personne, afin de se soutenir. Ses épaules furent prises d'un spasme incontrôlable, avant qu'une voix grave ne l'interpelle, en dépit du fait que la sonnerie n'avait pas retentit.

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