Chapitre 22

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L'ambiance ambiante est particulièrement palpable, si bien que Shawn est persuadé que s'il tendait la main, il pourrait palper cette électricité qui règne. Silencieux, le dos appuyé contre l'un des murs de la pièce, les bras croisés sur son torse, le brun attend patiemment la suite des évènements. En un sens, il est outré vis-à-vis du comportement d'Aaron, qui a ainsi débarqué sans autorisation ni honte, comme s'il était chez lui, en compagnie de son si célèbre paternel. Toujours aussi gêne, mais cette fois ça ne l'amuse pas, non, il est carrément agacé.

De ce qu'il a cru comprendre, ses deux parents sont assis côté à côte, autour de cette table ronge familiale, alors que sa mère grignote du bout des lèvres un gâteau, le visage toujours aussi pâle.  Les lèvres pincées, il éprouve un certain malaise pour sa mère qui semble si mal à l'aise face à cet homme qui l'a mit enceinte pour finalement l'abandonner. Il en veut à Aaron pour la confronter si subitement à cet individu mauvais, sans même l'avoir prévenu ou lui laisser le temps de se préparer mentalement à ce face à face. Son regard ne cesse de glisser entre son soi-disant père, sa mère, puis ce qui s'avère être son demi-frère. La situation en est presque comique, tant elle est grotesque.

Les mains appuyées sur la table, Aaron continu de fixer les deux individus lui faisant face, mais aucun des deux ne détourne le regard, l'affrontant la tête haute. Pas un son n'a été effectué depuis l'arrivé des deux hommes, pas un raclement de chaise, pas le bruit d'un vulgaire insecte, pas même le bruit d'une respiration lourde. Juste un long silence pesant et presque angoissant.

L'accusation est tombée, sec, soudaine, improbable. L'un des deux ment, mais le menteur est encore inconnu, il se cache sous des apparences, sous des mots pour échapper à la sentence qui plane au-dessus de leur tête tel une épée de Damoclès. Pourtant, aucun des deux ne tiquent ou exprime une expression faciale qui leur aurait permis de trouver le coupable. Aucun haussement de sourcil, non, rien du tout. Aaron pousse alors un long soupir, puis tire sur la chaise en bois vernis devant lui pour prendre place, tel un inspecteur de police. Ça aussi, s'en est risible. Lentement, il croise ses bras sur la table, puis tapote la surface de celle-ci en un bruit répétitif et irrégulier - agaçant. Pourtant, Shawn s'abstint de tout commentaire et le laisse continuer cette comédie qu'il effectue. Un parfait acteur.

« Bien. Vous insinuez donc avoir eu une relation avec mon père dans votre jeunesse ? Demanda Aaron d'une voix calme et posée. »

En guise de réponse, Céline hoche la tête, le teint de sa peau ayant reprit sa couleur dorée habituelle. Presque aussitôt, le PDG à ses côtés froncent les sourcils, se tourne vers sa personne et entrouvre les lèvres, visiblement prêt à hurler.

« Papa, tonne Aaron. »

Inconsciemment, ce mot prononcé lui fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Il est aussi son père en un sens, et pourtant, il ne pourra jamais l'appeler de la sorte. Aaron lui a volé son enfance sans sens rendre compte. Il a dérobé tout ce qui aurait du lui revenir s'il n'avait pas été le second, issus d'une grossesse destiné comme honteuse qui ne devait pas s'ébruiter. Lui aussi aurait put vivre dans une belle maison, avec deux parents, de beaux meubles et cette ambiance familiale qu'il a toujours désiré depuis toujours.

« Et toi, tu affirmes n'avoir jamais couché avec cette femme ? Enchaine Aaron en se tournant vers son père.

-          Je te le promets Aaron, je n'ai jamais trompé ta mère. Je ne connais pas cette femme. »

La dite femme à ses côtés se tend brusquement, et avant même qu'Aaron n'ait put reprendre la parole pour tenter d'arracher farouchement la vérité, s'écrit en se levant.

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