Chapitre 2

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Un simple crayon de papier jaune coincé entre les dents, Shawn mâchouilla silencieusement son bien, une mauvaise habitude qu'il avait adopté dès son plus jeune âge, malgré les conseils plutôt péjoratifs que lui avaient fournis divers instituteurs, ou bien surveillant de l'orphelinat, lui disant que ce n'était pas sain, que l'objet fin qu'il mordillait était plein de microbe sûrement néfastes pour sa personne. Néanmoins, il s'était simplement contenté de leur rire au nez discrètement, leur disant que tout ceci lui importait peu, qu'il s'en moquait complètement et qu'il était libre de faire ce qu'il désirait. Après tout, il n'avait pas de parents, pas de famille, ni même d'attache fraternel, ni d'oncle, ni de grands-parents, ce n'était pas comme-ci le fait qu'il mâchonnait un stylo allait pouvait déranger quelqu'un.

Cela faisait maintenant une bonne demi-heure que son cours avait débuté et le jeune homme s'ennuyait fermement, installé négligemment sur sa chaise en bois bancale, tandis qu'à ses côtés, Christian crayonnait quelques esquisses de dessin représentant des personnages de différents mangas, et il était d'ailleurs plutôt doué. S'étant approprié une table au fond de la classe, il pouvait ainsi profiter du fait d'être caché entre autres par les autres élèves pour faire ce qu'il désirait, comme sortir par moment son portable, envoyant quelques textos à des amis. Il repensa alors à Aaron, son nouveau colocataire, un homme qu'il trouvait déjà exécrable, mais visiblement, il allait devoir faire avec pendant le reste de l'année scolaire. Relâchant son crayon, il le reposa sur son bureau, avant de s'affaler sur celui-ci, bien décidé à s'accorder un peu de bon temps, n'ayant nullement envie de suivre ce cours si ennuyant et soporifique. Très soporifique. Décidément, son professeur de français n'était pas doué pour maintenir l'attention sur sa personne. Poussant un profond soupir las, il sursauta en entendant un bruit de claquement résonner dans la pièce, le bruit provoqué venant ricocher contre les murs, emplissant ainsi entièrement la salle de classe. Relevant son visage vers la porte d'entrée, il aperçut alors une veste rouge, bien voyante parmi les costumes ternes et mornes que revêtaient les étudiants présent, et su de suite de qui il s'agissait.

L'air consterné, le professeur en charge de la classe observa le nouvel arrivant, quelque peu surpris et étonné par cette entrée des plus fracassante. Son regard cuivré se posa alors sur Aaron, qui avait visiblement revêtu la chemise et le pantalon fournit par l'établissement, malgré le fait qu'il avait gardé sa veste ainsi que ses Rangers rouges, de quoi attirer l'attention sur lui de manière inévitable. Shawn roula des yeux, voyant qu'il avait suivit ses conseils, mais seulement à moitié, néanmoins cela lui apportait peu. Il allait être collé, tant pis pour lui. Toutefois, le professeur resta silencieux, papillonnant des cils, comme s'il cherchait à se remémorer une information importante qui pourtant semblait lui échapper en dépit de tout. Soudain, son visage s'illumina, alors qu'il affichait un fin sourire aimable.

« Monsieur Travis, vous voilà enfin, prenez place là où vous le désirez. »

Alors quoi, c'était tout ? Shawn manqua de s'étouffer avec sa salive en voyant son professeur agir normalement, comme si la situation n'avait rien d'étrange, rien de différent, contrairement à ce qu'il aurait pu penser, il n'y eut ni cri, ni menace, ni remarque concernant son retard, son entrée, ses vêtements. Cela le fit quelque peu fulminer, lui qui avait un jour eu le malheur d'oublier son costume avait eu le bonheur d'être collé et également de corvée pendant une semaine. Il s'agissait tout bonnement d'une injustice à l'état pur, et cela lui déplaisait grandement. Avec l'attitude d'un prince, Aaron s'avança parmi les rangées d'étudiants, les observant un à un de ses prunelles grises quelque peu déstabilisantes, avant de finalement prendre place à la place devant le brun, à côté d'une jeune femme rousse, lui donnant ainsi une vue sur sa veste rouge. Marmonnant silencieusement, il vit alors un morceau de papier atterrir en douceur sur son bureau, et il comprit, en voyant la manière dont celui-ci était roulé en boule, qu'il s'agissait de Christian. Il était la délicatesse incarnée. L'ouvrant rapidement, il put alors lire en lettres noires, grossièrement inscrites sur le fin papier blanc :

Étincelle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant