Chapitre 13 : Mise au point

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Eddie venait de vivre l'heure la plus longue de sa vie quand Sidney passa la porte de la cabane. Elle avait les yeux emplis de terreur et avait du mal à reprendre son souffle.

Il se leva brusquement, attendant de recevoir des remarques sur sa venue au camping.

— Sidney, je suis terriblement désolé. Je ne voulais pas te faire peur ni te mettre dans l'embarras. Je te promets que...

Sidney ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et l'enlaça. Elle le serrait si fort, comme si elle avait besoin de se rassurer : il est bien là et il va bien.

— Plus jamais, Ed. Elle fit un pas en arrière et posa sa main sur la joue de son ami, le forçant à la regarder droit dans les yeux. Promets moi que plus jamais tu ne viendras.

— Je te le promets.

Ils s'assirent tous les deux à même le sol, adossés au lit. Eddie avait mille questions en tête. Mais il préféra attendre que Sidney prenne son temps. Il ne voulait pas risquer de répéter sa dernière erreur.

Après avoir passé quelques minutes à se triturer les mains silencieusement, Sidney prit une grande respiration :

— Eddie, je suis désolée de t'avoir fait peur. C'était pas mon intention. Et je ne voulais pas non plus te faire sentir coupable. Ça n'est pas ta faute, vraiment. Bien au contraire... Elle regardait toujours ses mains et ne pouvait s'empêcher d'arracher les petites peaux qui entourent ses ongles. Ed, je me sens vraiment bien ici. J'aime beaucoup tout ce temps que l'on passe ensemble. Ça me permet d'oublier un peu le reste. Mais ça ne peut pas aller plus loin. Ça ne doit pas aller plus loin.

Eddie ne s'attendait pas à ce qu'elle le rejette, pas après ses premiers mots. Il sentit un point de douleur lui transpercer le cœur.

Sidney releva les yeux et observa son ami. Elle perçut instinctivement la souffrance dans son regard.

— Ce n'est pas toi. Ma vie est compliquée, bien plus compliquée que tu ne pourrais l'imaginer. Et toi, tu as déjà ta vie. Mais tu as ta porte de sortie. Sidney faisait maintenant face à son ami et, dans le but de tenter d'adoucir son discours, lui avait pris la main. Dans quelques semaines tu partiras pour ton nouveau départ. Et je suis sûre que dans pas longtemps tu seras devenu une vraie rockstar. Peut-être qu'un jour j'aurai la chance de venir t'applaudir dans une grande salle.

— Hum... Attend Sid, qu'est-ce que tu me racontes ?! Tu crois que parce que tu le décides je vais arrêter de m'inquiéter pour toi ? Peu importe que ta vie soit compliquée, peu importe mes problèmes, peu importe mon départ, ... Si tu ne veux plus de moi dans ta vie, tu peux me le dire, mais tu ne peux pas me demander de ne plus me soucier de toi. Il serra la main de son amie contre son torse. Je tiens à toi Sid. Plus que tu ne l'imagines probablement. Tu n'es pas seule.

Sidney fut surprise par la réponse du jeune homme. D'une part, elle s'en voulait déjà d'avoir embarqué Eddie dans ses problèmes. D'autre part, ces mots lui avaient réchauffé le cœur. Pendant un bref instant, elle s'imaginait ne plus être seule à endurer tout ça. La vie serait tellement plus simple si elle avait Eddie à ses côtés. Mieux encore, elle pourrait laisser tout ça derrière elle et vivre à tout jamais dans la cabane.

C'était un beau rêve, mais impossible. Elle ne savait que trop qu'elle ne pouvait lui imposer cette souffrance, cette violence au quotidien. C'était bien trop dangereux. Son père était bien trop imprévisible.

— Eddie, ce ne sont pas des aurevoirs. Pas encore. J'aimerai continuer à venir te rendre visite régulièrement. Je te rappelle que tu me dois encore quelques leçons de guitare. Elle afficha un large sourire pour détendre l'atmosphère et retenir ses larmes. Je veux juste que tu saches que ma vie n'est pas idyllique, mais je vais bien et tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Je te promets que je m'en sors toujours. Et ne reviens plus jamais au camping.

Les deux amis restèrent un moment silencieux, l'un à côté de l'autre. Eddie savait qu'il ne pourrait convaincre Sidney de le laisser l'aider. Et il ne voulait pas prendre le risque de la voir s'éloigner pour de bon. Alors il ne dit rien, pour le moment. Il se leva, attrapa sa guitare et joua quelques notes d'Aerosmith.

Après avoir passé une bonne heure à écouter le guitariste, Sidney se leva :

— Merci Eddie. Merci de comprendre.

Avant de partir, elle prit une dernière fois son ami dans les bras.

— A demain !

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant