Chapitre 30 : Hopper

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Sidney était dans sa chambre et tentait de faire entrer toute sa vie dans son sac de voyage. Des vêtements principalement. Ses journaux intimes bien sûr. Et quelques babioles. Puis enfila une veste et l'écharpe de sa mère. Elle ne resta pas plus longtemps dans cette chambre qu'elle n'avait jamais considérée autrement que comme sa prison. Elle sortit et se dirigea vers la sortie du camping-car mais la porte s'ouvrit avant qu'elle ne puisse l'atteindre. Son père entra et, immédiatement il sembla surpris et perdu :

— Mais... Ce n'est pas possible! Je... tu ne devrais pas être là. Je t'ai... Pourquoi...

Son attitude changea rapidement et la colère reprit soudain le dessus. De son côté, la terreur de Sidney laissa place à de l'incompréhension.

— Tu es revenue pour me la prendre ?

— Papa, de quoi tu parles ?

— J'ai tout fait pour elle.

— Papa...

— Tu n'aurais pas dû revenir. Je pensais avoir réussi à te faire taire pour toujours.

— Me faire taire ?

— Elle est à moi, Lisa !

Sidney reçut ce dernier mot comme un uppercut en plein visage. Elle se tenait là devant son père avec son sac de voyage et son écharpe comme l'avait fait sa mère quelques années auparavant. Son père avait bu et il était malade. Il ne lui en avait pas fallu plus pour croire apercevoir son épouse devant lui. Sidney pensa un instant à profiter de cette confusion pour partir. Eddie devait déjà être au point de rendez-vous en train de l'attendre. Mais elle ne put se résoudre à laisser son père dans un tel état de confusion. Elle s'avança vers lui doucement et prit sa tête entre ses mains.

— Papa, regarde-moi, c'est Sidney. Tout va bien.

— Sidney est à moi. Je l'ai créé pour moi. Elle est parfaite maintenant. Je ne te laisserais pas me l'enlever.

— Personne ne va m'enlever. Je suis là !

— Non personne ne va l'enlever.

La confusion dans le regard de Dan se dissipa et laissa de nouveau place à la rage. Il approcha son visage à quelques centimètres de celui de sa fille et l'attrapa par la nuque.

— Je t'ai déjà tué une fois pour l'avoir, je peux très bien recommencer.

Alors qu'il venait de prononcer cette phrase, il resserra sa prise autour de sa nuque et claqua le visage de sa fille contre le mur. Sidney tomba à la renverse sur le sol froid du camping-car qu'elle ne connaissait que trop bien.

Eddie avait enfoncé dans son sac d'armée les quelques vêtements qui composaient sa garde-robe et son carnet de dessin. Sa guitare sur le dos, il quitta la cabane sans même se retourner. Il se dirigeait vers le point de rendez-vous quand une bataille prit place dans son esprit. Alors que ce dernier lui montrait les pires scénarios possibles, il tentait de se rassurer :

— Elle va bien. Elle prend quelques affaires et elle te rejoint. Son père ne sera pas là. Elle va bien.

Il finit par s'imaginer l'après : Sidney, enfin débarrassée de ses démons, qui lui sourit alors qu'il monte sur scène pour jouer de sa guitare. Plus jamais elle n'aurait à vivre dans un camping-car, ils auraient un appartement dans une grande ville. Ils s'y forgeraient de nouvelles habitudes et rencontreraient de nouvelles personnes, passant des soirées avec leurs amis dans leur café-concert préféré avant de se retrouver tous les deux. Il lui offrirait une vie simple. Il veillerait à ce qu'elle puisse devenir celle qu'elle était au fond d'elle, pas une marionnette de son père, pas un punching ball, pas un déversoir de haine.

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant