Chapitre 12 : La rencontre

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Vendredi 17 octobre 1986, 16h50.

Eddie prit une grande inspiration et franchit le pas de la porte de la cabane. Un vent froid dérangeait sa chevelure.

Il avait l'habitude de sortir, il le faisait tous les jours pour prendre l'air ou pour fumer. Mais aujourd'hui c'était différent. Il avait une boule dans le ventre qui grossissait à chacun de ses pas. Et il ne savait dire si elle était dûe à la peur de se faire repérer ou à celle de découvrir son amie blessée.

Il avança dans la forêt, il connaissait le chemin par cœur. Les scénarios catastrophes s'enchainaient dans son esprit. Il s'imaginait Sidney rouée de coups, ou encore Sidney refusant de lui parler. Mais le pire était de s'imaginer l'emplacement de camping totalement vide, Sidney disparue à tout jamais.

Eddie était arrivé à la lisière de la forêt. Il s'agenouilla derrière un arbre suffisamment épais pour ne pas risquer d'être vu. Devant lui, se tenait ce camping qu'il connaissait si bien. A droite, il y avait l'aire de jeux et sa balançoire où il avait eu ses premiers fous rires avec Wayne. A côté le banc où il avait échangé son premier baiser. En face, le chemin de cailloux où il s'était écorché les genoux en tombant de vélo. Enfin l'emplacement du mobil home de Wayne.

Dustin lui avait dit qu'il était parti. Il ne pouvait supporter de vivre seul dans cet endroit, la mort de son neveu lui pesait trop. Eddie ne se pardonnerait jamais la peine qu'il lui avait infligée.

Parfois il s'imaginait adulte, rendant visite à son oncle. Entouré de sa femme et de leurs enfants, il raconterait tout à celui qui l'avait élevé. Et il serait pardonné.

Une lumière s'alluma dans le camping-car le plus proche, ce qui sortit Eddie de ses pensées. Sa respiration s'intensifia. Il ferma les yeux un instant et prit une grande inspiration à nouveau.

Quand il ouvrit les yeux, Sidney était apparue dans ce qui devait être sa chambre. Elle s'assit et ouvrit un cahier dans lequel elle se mit à écrire. Elle semblait tranquille. Et elle était belle, véritablement belle.

Eddie s'imaginait la rejoindre. Il franchirait la porte de cette petite chambre et, sans un bruit, la regarderait écrire. C'est tout ce qu'il voulait, être à ses côtés, être présent pour elle. Sidney, sans s'arrêter de noircir sa page, lui dirait en souriant : "Enfin te voilà !"

Mais il ne pouvait pas y aller. Que se passerait-il si quelqu'un l'apercevait ? Que se passerait-il si Sidney ne voulait pas le voir ?

Il resta là à la regarder écrire, se rassurant de la voir si paisible.

Soudain, un homme franchit la porte de la chambre de Sidney. Il était vieux et sa peau était marquée par la vie et ses excès. C'était probablement le père de Sid, pensa le jeune homme. Il semblait très énervé et criait fort sur sa fille.

Eddie ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient mais Sidney tourna rapidement la tête vers lui. A cet instant précis, elle n'était plus cette paisible adolescente qui écrivait dans son journal. Son visage assombri lui avait fait prendre quelques années et son regard était marqué de terreur. Elle se leva d'un bond et apparut bientôt face au jeune homme :

— Putain Eddie, qu'est-ce que tu fous là ?

Eddie se redressa. Il se sentit stupide d'être venu jusque là. Il n'était pas à sa place.

— Je suis désolé Sid. Tu ne répondais pas à mes lettres, je me suis inquiété. Je voulais être sûr que tu allais bien.

— Tu ne comprends pas. C'est dangereux ici.

— Oui c'est pour ça que je suis venu, je peux te protéger.

— Non Ed, c'est dangereux pour toi. Va-t'en !

Eddie ne comprenait pas. De quoi parlait elle ?

Bientôt son père apparut derrière elle. Il ne ressemblait pas du tout à l'image qu'il s'était fait de lui. Il ne correspondait ni à l'image d'un père affectueux, ni à celle d'un homme affaibli par la maladie. Au contraire, il semblait fort et ses yeux étaient emplis de colère, d'alcool et de mépris. Eddie ne parvenait pas à détacher son regard du sien. Et bien qu'il avait l'esprit embrouillé par les paroles de Sidney, il avait une certitude : c'était lui qui lui avait fait du mal.

— Eddie, je t'en supplie, va-t'en ! Lui dit Sidney en lui glissant discrètement un papier dans la main.

Il comprit que, pour le moment, le meilleur moyen de protéger son amie était de partir. Il se mit alors à courir.

Une fois enfermé dans la cabane, il desserra la poing et déplia le papier : 

Une fois enfermé dans la cabane, il desserra la poing et déplia le papier : 

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Sidney serait là ce soir. Elle pourra lui parler et il pourra la protéger.

— C'est bon il est parti, papa. C'est qu'un gars du lycée, dit Sidney en retournant dans sa chambre.

Dan ne répondit rien. Il était persuadé d'avoir déjà vu ce garçon quelque part.

Il prit sa veste et partit, comme tous les soirs, en direction du bar de la ville.

C'était un petit endroit sombre où il se saoulait tous les soirs. Il s'assit sur son tabouret attitré et le barman lui servit sa bière. C'était comme un rituel.

En relevant la tête pour prendre sa première gorgée, le regard de Daniel se posa sur un petit cadre accroché derrière le comptoir. Il l'avait vu des dizaines de fois mais n'y avait jamais vraiment prêté attention. C'était la photo d'un groupe de musique composé de quatre jeunes hommes. Probablement un groupe qui avait pour habitude de jouer ici. Et parmi eux, une tête qui lui parut soudain familière. En bas du cadre, une inscription "CORRODED COFFIN" !

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant