Chapitre 27 : Convalescence

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Sidney venait de se réveiller en sursaut. Elle était allongée sur son lit et un rayon de soleil caressait son visage. Elle ne savait pas quel jour il était. Instantanément, les douleurs reprirent de plus belle. Sa tête était si lourde. Elle tenta de se lever de son lit. Ses gestes étaient lents, très lents. Elle se retenait d'hurler à chaque mouvement. Elle finit par arriver devant son miroir. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait des hématomes sur son corps. Elle savait tout ce qu'il y avait à savoir sur eux et sur la façon de les masquer aux yeux des autres. Mais là, ce n'était qu'un euphémisme de dire qu'il y avait du boulot. Sa lèvre était ouverte, tout comme l'arête de son nez. L'un de ses yeux était au beurre noir et sa paupière ne parvenait pas à s'ouvrir totalement. Des traces violacées coloraient son cou. Son t-shirt en lambeau laissait apercevoir des hématomes sur son torse, son dos et ses bras. Les larmes se mirent à couler le long de ses joues.

Elle se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche et retirer les traces de sang. En regardant ses blessures, elle se remémorait les mains de son père sur elle. Elle frottait de plus en plus fort pour effacer cette sensation. Elle passa un très long moment à soigner ses blessures, une à une.

Quand elle sortit de la salle de bain, elle poussa la porte du camping-car. Elle ferma les yeux et prit une grande bouffée d'air frais.

Quand elle réouvrit les yeux, elle vit son père qui rentrait, des paquets dans les mains.

— Salut chérie. Content de te voir réveillée, petite marmotte. Je t'ai acheté des burgers.

Daniel était tout sourire. Il parlait non stop et avait acheté de la nourriture pour tout un régiment. C'était sa façon à lui de se faire pardonner, bien qu'il n'en parlerait jamais à sa fille. Les premières fois où il l'avait blessée physiquement, Sidney espérait réellement que son père lui demanderait sincèrement pardon. Mais, à chaque fois, il faisait comme si rien ne s'était passé. Il se comportait comme un bon père de famille tant que les bleus étaient encore visibles. Puis tout reprenait. C'était un cercle vicieux.

Sidney vivait au ralenti. C'est tout ce que son corps endolori lui permettait. Ses journées étaient rythmées par les soins, les monologues de son père et les longues séances d'écriture dans son journal. D'abord elle avait écrit ce qu'elle ressentait. Mais, depuis son dernier rêve, elle s'était empressée d'écrire tout ce dont elle se souvenait sur le jour où sa mère était partie. Le gâteau. Chocolat et framboises, son préféré. Le départ de son père. L'écharpe violette de sa mère. Le jeu. Son sac. Monsieur Griffes disparu. Et le monstre. Plus elle faisait l'effort de penser à cette soirée et plus les souvenirs semblaient lui revenir.

Samedi 6 décembre.

Cela faisait un peu plus d'une semaine que Sidney était en convalescence. Elle n'était allée ni au lycée, ni à la cabane. Elle étudiait un peu dans sa chambre mais elle stressait énormément du retard qu'elle prenait en cours. Mais ce qui la stressait le plus, c'était Eddie. La dernière fois qu'elle l'avait vu, elle s'était enfuie de la cabane. Elle s'en voulait énormément des mots qu'elle avait employés. Elle n'avait pas voulu le blesser. Dans une autre réalité, elle lui aurait rendu ce baiser. Et dans une autre réalité, elle serait rentrée chez elle et aurait parlé de ce premier baiser à sa mère.

Elle avait besoin d'un peu de temps, mais elle serait retournée à la cabane. Déjà parce qu'elle en avait besoin. Mais pour Eddie surtout. Elle voulait qu'il garde une bonne image d'elle et qu'il quitte la ville comme prévu en étant optimiste et plein d'espoir. Mais tout était différent aujourd'hui. Jamais elle ne pourrait consoler son ami avec cette tête-là. Comme ça, elle l'effrayerait. Elle se souvenait parfaitement du regard qu'il avait eu quand il avait vu cet hématome sur son bras. Toutes ces marques qu'elle portait aujourd'hui, ça le détruirait. Elle ne voulait pas ça.

Ce jour-là, Sidney pensa énormément à Eddie. Il lui manquait. Énormément. Il fallait qu'elle retourne le voir à la cabane pour ne pas qu'il s'inquiète. Elle aurait donné n'importe quoi pour être à la cabane, là, maintenant et écouter sa rockstar jouer pour elle. Pour se permettre d'y aller, il n'y avait qu'une solution. Elle devait trouver ce qui était arrivé à sa mère. Elle ne serait tranquille qu'au moment où elle serait sûre d'elle. Elle avait retracé leur dernière soirée encore et encore dans sa tête. Mais elle n'avait rien découvert de plus. Elle avait retourné le problème dans sa tête des centaines de fois et était arrivée à la conclusion que la solution se trouverait peut-être au seul endroit qu'elle ne connaissait pas : la chambre de son père.

Daniel avait encore passé la journée à parler. Sans s'arrêter. Il parlait de tout et de rien, se faisant passer pour un papa modèle. Sidney attendit que son père quitta le camping-car à la nuit tombée et entra dans sa chambre. Elle n'y était jamais allée. Il n'y avait qu'un lit, une armoire et des tas de bouteilles de bière vides. Elle ouvrit l'armoire et commença à fouiller dans les affaires. Il ne possédait pas grand-chose. Quelques piles de vêtements éparpillés sur les étagères. Et derrière tout cela, une boîte à chaussures. Sidney l'ouvrit lentement. A l'intérieur, quelques photos de lui jeune homme, des coupures de magazines et un objet auquel Sidney pensait sans arrêt depuis des jours : l'écharpe de sa mère. Il n'y a aucune raison qui aurait poussé sa mère à retirer son écharpe avant de quitter le foyer familial. Il n'y avait qu'une seule explication possible : sa mère n'était pas partie ce soir-là.

— Tu n'aurais pas dû faire ça Sisi, lança Dan.

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant