Epilogue

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Jeudi 23 novembre 1991.

— C'est la première fois que je passe la frontière de toute ma vie, lança Dustin au volant.

— Moi aussi, répondit Suzie à l'arrière du véhicule.

— Moi aussi, renchérit Wayne.

Ils venaient déjà d'effectuer de longues heures de route et la ville d'Ottawa se dessina bientôt sous leurs yeux. Le silence s'était installé dans la voiture, les trois amis admirant la capitale canadienne.

— C'est grand. Trop grand.

Wayne se sentit tout petit dans cette grande ville moderne. Il n'était pas à sa place. Et pourtant, pour rien au monde il n'aurait raté ce moment. Depuis la mort de son neveu, le petit Henderson était passé lui rendre visite régulièrement. Et l'été 1987, il lui expliqua tout, calmement. La fausse mort, la cabane, la culpabilité horrible qu'Eddie ressentait vis-à-vis de son oncle. Puis Sidney, son père, Hopper et la fuite. Wayne était passé par toutes les émotions. L'incompréhension, la tristesse, la colère aussi. Mais très vite il était revenu à l'essentiel : la joie de retrouver son unique famille. Depuis, celui qui se faisait maintenant appeler James, l'appelait de temps en temps. Ils n'étaient pas de grands bavards mais ces quelques minutes au bout du fil leur réchauffaient le cœur. Finalement, Eddie avait estimé que suffisamment de temps était passé et les avait invité à fêter Thanksgiving tous ensemble. Wayne n'était pas une personne qui exprimait ses émotions ouvertement, mais des larmes de joie coulaient déjà le long de ses joues quand Dustin gara la voiture.

— On y est. Dustin lança un regard sérieux à Wayne. Vous êtes prêt ?

— Plus que prêt.

— Je vous parie qu'il s'est coupé les cheveux. Genre coupe militaire.

— Jamais de la vie. Enfin je ne sais pas... enfin peut-être...

— On le saura bientôt, coupa Suzie.

Les trois amis sonnèrent et furent invités à entrer dans un immeuble typique des grandes villes. Essoufflés d'avoir monté les cinq étages, ils restèrent figés devant la porte ouverte.

— Je t'avais dit qu'il n'aurait pas touché à ses cheveux, glissa Wayne à Dustin, le regard bloqué sur cet homme qui lui avait tant manqué.

— Il a vieilli non ?

Ce moment sembla durer une éternité et c'est Suzie qui finalement s'approcha du jeune homme.

— Salut Eddie, euh James. Salut James. Je suis Suzie. Ravie de te rencontrer.

Eddie, qui n'avait pas pu détacher son regard humide de son oncle, lui donna une accolade.

— Salut Suzie, j'ai beaucoup entendu parler de toi. Je vous en prie, entrez vite avant que le chat ne se fasse la malle.

En passant le pas de la porte, Dustin sauta dans les bras de son ami.

— Tu m'as tellement manqué ! J'ai plein de choses à te raconter.

— Tu m'as manqué aussi, mon pote ! Bienvenue chez moi !

Eddie ferma la porte de l'appartement et se retourna vers son oncle.

— Wayne, je suis désolé. Je...

Le vieil homme ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase et, pour la première fois, prit son neveu dans ses bras.

— Ne sois pas bête. Je suis si heureux de t'avoir retrouvé.

Les deux hommes restèrent un instant sans rien dire, enlacés et les joues mouillées de larmes.

— Comment s'appelle cette jolie boule de poils ? Lança Suzie qui caressait le chaton noir.

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant