Chapitre 17 : Daniel Brown

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Vendredi 17 octobre, 15 jours avant Halloween.

Dan prit une grande gorgée de bière avant de reposer sa pinte sur le comptoir du Hide Out.

— Hey! C'est qui ces gars ? Dit-il en pointant du doigt la photo des Corroded Coffin.

— Juste des p'tits gars qui jouaient ici toutes les semaines avant le tremblement de terre. Des lycéens. Ils étaient plutôt bons. Ça te rappelle ta jeunesse ?

— Pas vraiment. Le type du milieu, avec les longs cheveux, c'est qui ?

— Eddie, le guitariste. Un bon garçon.

Dan reprit une nouvelle gorgée.

Habituellement, il passait toutes ses soirées et ses nuits au Hide Out, rentrant aux aurores au camping-car. Mais pas ce soir. Il devait parler à Sidney.

Aux alentours de 22 heures, il finit sa troisième pinte et rentra au camping où sa fille révisait.

— Sidney, il faut qu'on parle, dit-il, visiblement éméché.

— Papa, j'ai des examens qui approchent au lycée. Peut-on parler plus tard ?

— Et tu ne révises pas avec ton petit ami ?

Sidney sentait qu'elle ne pourrait pas empêcher son père de la déranger.

— En fait, il est tard, je vais aller me coucher.

Elle se dirigea vers sa chambre mais son père lui attrapa le bras.

— Pas si vite. Tu crois que je vais accepter une petite pute sous mon toit ? Même pas capable d'admettre que tu couches avec ce gars quand j'ai le dos tourné.

— Tu dis n'importe quoi, ce n'est qu'un ami, rien de plus.

— Un ami qui vient t'observer à travers ta fenêtre ? Ne me mens pas.

— Papa, je ne te mens pas. S'il te plait, lâche-moi tu me fais mal.

Dan lâcha le bras de sa fille. Il sentait son sang bouillir et, dans sa tête, cette petite voix. Cette même voix qui l'accompagnait depuis des années.

"Elle va te quitter. Tu vas te retrouver seul. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. Elle va te quitter. "

— LA FERME ! Hurla-t-il en se tenant le crâne.

— Papa, calme-toi. Tout va bien. Je suis là.

Sidney posa sa main sur la joue de son père, tentant de le calmer avant qu'il n'explose. Malheureusement, en voyant son regard, elle comprit qu'il était déjà trop tard.

Dan l'attrapa violemment par la gorge. Il ne disait pas un mot, resserrant un peu plus sa prise à chaque seconde. Sid suppliait son père du regard et se débattait, en vain. Les secondes étaient interminables. Le visage de son père était différent. Il s'était transformé en ce monstre qu'elle ne savait pas calmer.

Soudainement, sans qu'elle ne sache pourquoi, il la relâcha. Désorientée et essoufflée, elle tomba au sol. Elle leva les yeux et vit son père, le visage plein de larmes. Il faisait presque de la peine à voir. Mais Sidney savait que ce n'était pas fini. Et elle avait raison.

Dan regarda de nouveau sa fille avec mépris et dégoût. Et bientôt, il se mit à lui asséner des coups de pieds dans le torse et le dos.

— TU ES A MOI ! TU NE PEUX PAS ME QUITTER ! TU N'ES QU'A MOI !

Après de longues minutes , il se recula et reprit son souffle.

— Regarde ce que tu me fais faire.

Dan cracha sur le corps roué de coups de sa fille et claqua la porte.

Dès le lendemain, tout était oublié. Dan ne parlerait plus jamais de ce qu'il avait fait à sa fille. Il se dissociait totalement de ce monstre qui s'échappait quand il était en colère, ou qu'il avait trop bu. Parfois même, il ne se souvenait pas de ce qu'il avait fait. Et Sidney, bien qu'elle ne pourrait jamais oublier, ne lui en parlerait pas non plus. Tous les jours, en arrivant aux abords de la cabane, elle prenait un moment pour vérifier qu'aucun hématome n'était visible, qu'aucune trace n'était apparente, qu'aucune détresse ne pouvait se lire dans ses yeux.

Un jour, alors qu'il avait passé une nouvelle journée à boire à la maison, Dan salua sa fille qui rentrait du lycée :

— Bonsoir chérie !

— Bonsoir papa.

— Tu sais, je me disais que tu pourrais inviter ton ami à dîner un soir.

Sidney se figea. Elle ne pouvait pas dire à son père qu'Eddie était censé être mort. Et, de toute façon, elle ne voulait pas faire entrer Eddie dans ce camping-car qui abritait tant de violence.

— Hum, c'est gentil de ta part papa, mais Eddie ne pourra pas venir.

— Je ne te mettrai pas mal à l'aise, je veux juste rencontrer ton ami.

— Ce n'est pas ça... Eddie est malade. Et il ne doit pas quitter son domicile. C'est d'ailleurs pour ça que j'étais très inquiète quand il est venu ici.

— Oh d'accord.

Dan n'avait rien dit de plus à ce sujet. Mais il voulait plus que tout rencontrer ce jeune homme, vérifier qu'il ne lui volerait pas sa fille.

The Freak and I, ou fan-fiction sur Eddie MunsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant