Chapitre 18 - Un écho

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- Tu te sens prêt mon chien ? Y a pas mal de chemin à faire. Lui se sentait prêt. Enfin, il essayait de s'en convaincre. Retourner dans son monde...

Quel enfer.

Toutes les lampes du parc à mobile-home étaient hors d'usage ou avaient sombré dans la fissure. Tout comme son habitation. Il n'en restait rien ; les racines qui s'étendaient comme un tapis ; avaient englouti ou recouvert une grande partie des murs et meubles effondrés.

Il avait du mal à comprendre comment le portail au-dessus de sa tête pouvait défier les lois de la physique. Son poids n'ayant aucune incidence sur le peu de façade qu'il restait.

Une odeur persistante de fumée empestait l'air. Les lumières qu'il avait vues par l'autre monde ne pouvait être que celles d'Hawkins High.

C'était évident que le gymnase vienne un jour à servir de salle de réunion ou d'entraide en cas de crise. Il se l'était souvent imaginé ; une invasion zombie. L'apocalypse.

Stratégiquement, cela aurait été le dernier endroit où il serait allé. Il se serait plutôt terré au fond de son mobile-home. Regardant par les fenêtres Carver et sa bande ; la horde de zombies en baskets.

À moins qu'il existe dans le monde à l'envers des créatures capables de faire revenir les morts ou transformer les gens en créatures avides de cervelle ; il n'avait rien à craindre.

Hein Ozzie ? Rassure-moi, t'as pas ce genre de colocataire ? Ozzie se contenta de s'ébrouer. Eddie sentait son impatience.

T'en fais pas mon gros, j'essaye juste de me repérer. Il faut que je retrouve Henderson. Je sais qu'il a déjà rencontré une bestiole comme toi. Il pourra nous aider, j'en suis sûr.

**Indécision**

Oui, je sais Oz. Pas la peine de me le faire remarquer deux fois.

Effectivement, Ozzie lui renvoyait sa propre indécision en pleine figure. On doit le retrouver, mais justement, il faut être tactique.

Où était-il ? Chez lui ? Au gymnase ? Et les autres ? Que faisaient-ils ? Avaient-ils repris leur vie là où ils l'avaient laissé ? À quel point avait-elle été chamboulée ? À quel point sa "mort" impactait-elle leur vie ?

Il se revoyait dans la poussière. Attendant la mort ; seul. Jusqu'à ce que Dustin arrive.

Eddie perdit sa prise sur la veste ; désarçonné par une douleur aiguë dans ses omoplates. Elle se répercuta dans sa colonne vertébrale ; lui faisant perdre momentanément l'usage de ses jambes.

- Eddie, Eddie... Ooooh merde. Oh nom de Dieu Eddie.

- Dustin ?! Que... Henderson ? Il leva le bras ; ses doigts se perdant dans les fils verts de la combinaison. Sa main retomba ; ne bénéficiant plus d'aucun soutien de la part de son corps.

Il s'effondra.

Henderson ; tu es... Tu es là.

- Nan, nan,nan ça va aller. Tiens bon, on va t'amener à l'hôpital.

- Attend, attend... Ça va pas. Il me faut juste... Juste une sec- Attend, attend. Il se passe quelque chose. Il se passe encore quelque chose.

- Oh nan nan nan Eddie, tu t'es pas enfui.

- C'est pas vrai.

Après moultes efforts, il se retourna sur le dos. C'est pas vrai, c'est pas vrai.

Henderson, Ferme-là.

- Nan pas question, c'est toi qui va le faire.

- Je revis, je revis l'attaque. Il tourna la tête, cherchant du regard les cadavres de chauves-souris au sol, son bouclier. À la place, venant de tout autour de lui, des racines déchaînées se frayaient un chemin à la force d'une marée.

Bordel de merde. J'vais crever. J'vais crever une bonne fois pour toute.

- J'vais... J'vais garder le troupeau.

- Ta gueule Dustin.

* * *


- Ta gueule Dustin, t'es pas réel. Mais... Mais aide-moi bordel !

Eddie regardait impuissant les lianes s'entrecroiser au-dessus de son corps et le long de ses jambes. Par-dessus la taille, il était encore libre de ses mouvements. Agrippant son ami. Le suppliant de faire quelque chose.

Arrête-toi Dustin, je t'en prie. T'es qu'un écho mais arrête-toi !

La silhouette ; affublée d'un sweat, la capuche retenue par un bandeau militaire ; se détacha soudainement de sa tirade. Elle ne pleurait plus, ne le regardait plus.

Henderson ? Dustin ! AAA... AH ! Lâche-moi !

Dustin venait de l'empoigner.

Une pure impression ; on venait tout bonnement de lui poser un tisonnier chauffé à blanc. Il secoua son bras ; tentant de lui faire lâcher prise. Ce n'était pas la force du gamin qui l'empêchait de se déloger, mais les racines qui ; petit à petit ; immobilisaient son bras.

La douleur commença à lui laisser des tâches noires dans les yeux. Il ne pouvait plus bouger. Son bras ; maintenu en l'air, le faisait souffrir.

De sa seul main valide, il essaya de détacher doigt par doigt l'étau qui étreignait son poignet.

Grognant, gémissant, implorant.
La main semblait collée.

Sa peau s'arracha, dévoilant la sous-couche cutanée. Une cicatrice blanche y contrastait.

Eddie Munson/Kastheory - Pétales closesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant