Chapitre 50 - Une vision

11 1 0
                                    


- Qu'est-ce... qu'est-ce qui se passe ? Eddie s'était abandonné dans les bras de Steve, il redressa doucement la tête. ça... ça tremble.

- Les failles ; je crois que les failles n'ont pas fini de s'agrandir.

- Elles sont censées traverser le sol, pas... Non, c'est pas norm... le mur bleu terne commença à s'écailler. Steve, emmène Max, retrouve les autres et partez.

- Il est hors de question que je te laisse ici. Ce sont des secousses ; ça va bien...

Une liane de la taille d'un avant-bras traversa la pièce et projeta Steve contre le mur. Au même moment ; Robin entra dans la pièce.

- Dehors ! Robin regarda Eddie, puis la liane qui se rétractait lentement vers la faille dont elle était sortie.

- Je vais pas me laisser faire ! Robin lui fit un clin d'œil et courra en direction de Steve.

Le plâtre ; dépassé par la détermination des plantes rampantes ; tombait en morceaux.

- Steve, Robin, dehors, vite !

- Harrington, on a pas le temps de faire la sieste, debout ! Robin le secouait sans obtenir de réponse. Elle tourna la tête ; cherchant la moindre chose qui pourrait l'aider à le déplacer.

Eddie, je peux rien faire, je...

Ses yeux tombèrent sur le corps inerte de Gareth ; la flaque de sang encore tiède était pompée par les plantes. Eddie ; toujours au sol ; regardait la scène. Incapable de bouger le moindre muscle.

- Munson, fais gaffe. Steve parla d'une voix faible mais cela suffit pour faire sortir Eddie de son atonie. Il entendit le jeune homme au sol se débattre.

- T... t'occupe pas de nous, Steve aide-moi. Bouge-t... Eddie, tes pieds !

Les végétaux remontèrent sur son corps et s'enroulèrent autour de ses bras ; l'obligeant à lutter contre leur emprise insistante. Il plia un genou en grognant. Dustin franchit la porte et Eddie hurla.

- Va-t-en ! Dustin fut lui aussi plaqué au mur et y resta. Luttant contre l'étranglement prochain. Assistant à la scène depuis le couloir.

Tous s'arrêtèrent de bouger lorsque Max commença à se mouvoir dans son lit. Des ramifications venaient d'éventrer le sol ; contournant le métal ; certaines creusant à même le matelas.

Elle s'éleva. Ses plâtres cédèrent sous la force des tubéreuses géantes.

Des pièces de métal jaillirent de la masse grouillante ; échappant au broyage complet de la couchette. Une colonne se formait devant eux ; Max en son centre.

- Eddie ! Dustin regardait en direction du hall.

Trois autres colonnes surgirent ; formant un demi-cercle face à Eddie.

Les yeux vides, la peau tannée et les membres retournés ; Fred Benson, Chrissy Cunningham et Patrick McKinney ornaient celles-ci.

Ozzie passa la porte , suivi de Nancy qui tenta de déloger Dustin.

- Ozzie ! Aide-moi ! Le chien évita soigneusement les lianes pour rejoindre son maître.

Comment ?

- Il a surgi dans le couloir principal, comment il savait que tu étais ici ?!

Ozzie commença à déchiqueter les appendices, mais il se ravisa rapidement. Secouant la tête.

Eddie sentit lui aussi les dents dans son corps.

- On... on va trouver autre chose. Nancy...

- Eddie. Nancy regardait fixement la faille.

- Tu ne me tromperas pas.

Henry contrastait avec le décor. Son costume immaculé légèrement remonté sur les manches ; laissait entr'apercevoir une marque noire.

- Vecna. Eddie, c'est bien Vecna, ce n'est pas une vision, il est bien réel. Son poignet ; c'est... c'est numéro Un ! Il est plus âgé, mais c'est l...

- Je s...

Vecna leva la main et plaqua Nancy au mur ; à côté de Dustin. Les racines prirent la relève.

Ozzie, beaucoup trop calme ; se tourna vers Vecna.

-Ozzie... Il hésita à le toucher.

Eddie repensa à ce qu'avait dit Nancy, avait-il vraiment son libre-arbitre ? Il n'en était plus si sur.

Et cette connexion avec le monde à l'envers... Vecna n'allait-il pas chercher à le contrôler, à le retourner contre eux ? Il entendit Steve gémir et remarqua le sol, propre. Même le sang avait disparu. Seules les quatre colonnes étaient encore présentes.

Les racines n'avaient pas disparu, mais s'étaient reculées. Toutes vers les murs, les creusant ; créant des espaces ouverts sur l'extérieur à divers endroits. Emmenant Steve, Robin et le corps de Gareth dans les niches.

Vecna avança à nouveau sa main. Ozzie se mit à s'agiter nerveusement ; semblant essayer de se débarrasser de quelque chose. Il se mit à glapir ; sa chair commença à brûler, se tordre, se nécroser ; ses membres se contorsionnèrent dans une danse macabre, cherchant désespérément à échapper à la souffrance.

Eddie hurlait ; implorant de le laisser tranquille. La douleur de voir Ozzie mourir devant ses yeux était insupportable ; comparée à celle qui le consumait en cet instant. Chaque partie de son corps était attaquée ; similaire à une attaque à l'acide ; il sentait sa peau fondre sur ses os.

Une odeur de chaire roussie emplit la pièce, rendant l'air irrespirable.

- Eddie, mon cher cavalier dans ce jeu d'échec ; as-tu terminé ?

Criant de désespoir, ses larmes l'empêchaient de voir. Des démo-chiens sortirent de la faille et vinrent le renifler.

- Pourquoi.

- Tu as dit quelque chose ?

- Pourquoi vous avez fait ça.

- Ce n'est que de la chaire, regarde. Il lui attrapa les cheveux et les tira en arrière.

Un amas de chair fumante et d'os noircis.

- C'était... c'était...

- Ton innocence, ta pureté, la partie de toi que tu essayes désespérément de préserver.

- C'était un être-vivant ! Il hurla. Vecna s'accroupit devant lui.

- Il n'est qu'une vision comme les autres. Je peux le recréer à volonté. Ses mains s'animèrent devant ses yeux. Ozzie se reforma. Immobile.

Une vision, juste une vision.

Eddie releva la tête. Ses yeux trahissaient son désespoir et sa résignation.

Eux ne le sont pas. Mais, n'as-tu pas dis que tu manquais cruellement de compagnie ? Quelle arrogance tu as eue. Mais j'aime ça. Pendant ton petit somme, tu as réussi à garder le contrôle sur un des miens. Tu as vu leur silhouette et tu l'as projeté dans ta conscience.

- Ozzie est réel.

- Il est réel en tant que projection de ta propre âme. Je contrôle cette projection, je contrôle ta réalité.

- Ils m'ont aidé à le soigner, peu importe ce que vous dites ; je ne vous laisserai pas me briser.

- Te briser ? Une seconde fois ? Henry s'assit en tailleur face à Eddie et gratta le menton d'Ozzie qui se laissa manipuler. Un autre démo-chien approcha.

À combien étais-je ?  Vecna fit un geste en direction de l'animal. Il tourna le poignet d'un coup sec. Les vertèbres de sa queue se déplacèrent ; le démo-chien laissa échapper un glapissement.

Ozzie sursauta brièvement. Il présentait à présent la même blessure.

Eddie commença à se débattre de colère ; fermant les yeux sous la douleur que les plantes lui infligeaient.

Il l'entendit claquer des doigts.

Eddie Munson/Kastheory - Pétales closesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant