Chapitre 42 - Le mot

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À son réveil, Eddie fut étonné que son sommeil ait été si réparateur. Sans rêve ni cauchemar.

Son dos craquant autant que les vieilles planches de bois ; il se leva lentement.

Il sourit ; observant Ozzie affalé sur le flanc. Ses plaies cicatrisaient sans aucune infection apparente. Il s'étira.

- Alors mon gros, bien dormi ? Ozzie redressa la tête et commença à faire des mouvements saccadés. Il ouvrit grand les pétales et recracha de petites boules pleine de petits os et de chair racornie.

- Très appétissant. Il ne put que constater que Ozzie ; pendant son sommeil ; s'était encore improvisé une nouvelle chasse, mais cette fois avec des animaux bien vivants.

Tous les animaux morts étaient toujours à leur place. En pyramide.

Il s'approcha de la porte du hangar pour la pousser, s'attendant à retrouver la lumière du jour.

Devant la porte, soigneusement pliés, se trouvaient des vêtements neufs. Une chemise à carreaux noir et rouge recouvrait la pile.

Un sourire nostalgique se dessina sur son visage en reconnaissant ces vêtements familiers.

- Gareth ? Eddie sortit la tête du hangar alors qu'Ozzie le rejoignait. Le chien s'ébroua après s'être étiré une nouvelle fois.

Il déplia la chemise et la tourna dans tous les sens. Une petite enveloppe tomba du vêtement.

"Steve a tenu à te la rendre ; et Gareth est passé à la maison me déposer ça."

Son ami la portait toujours, mais en réalité ; elle lui appartenait. Il lui avait prêté un jour où il était dans une de ses nombreuses phases intrépides.

Un après-midi où Gareth s'était laissé persuader de sécher les cours ; Eddie avait eu une idée saugrenue.

Il avait remarqué la veille ; une vieille planche de bois abandonnée près du parc à roulottes.

Gareth, d'habitude plus enclin à suivre les aventures d'Eddie, avait cette fois-ci exprimé ses doutes quant au niveau d'ingéniosité de cette idée. Utiliser la planche pour créer une rampe de saut.

Il avait insisté pour que ce soit Eddie seul qui fasse le saut, craignant que cela ne tourne mal avec sa propre maladresse.

Eddie, déterminé à montrer sa bravoure, avait accepté le défi sans hésitation. Il avait emprunté le vélo de Gareth, s'était élancé du toit du petit abri à vélos, et avait raté son coup. Du moins ; il avait descendu avec brio la rampe, mais n'avait pas pensé à la réception.

Résultat ; il avait foncé sur Gareth ; le renversant et déchirant sa chemise au passage avec le guidon.

Eddie qui s'était fait une entorse au poignet ; avait insisté pour que le garçon lui enlève sa chemise et l'enfile à son tour.

- Ton beau-père est plus stricte que mon oncle, fais-moi confiance ; lui avait répondu Eddie ; à la vue de son t-shirt en lambeaux.

Il continua à lire le mot tout en se changeant. Boutonnant sa chemise et enfilant la veste. Le deuxième vêtement de la pile.

"On t'attend à la maison de Mike. Rejoins-nous dès que tu te sentiras prêt.

Tu me manques, mec.

À plus, Dustin"

Un sourire timide se dessina sur le visage d'Eddie alors qu'il relisait le mot.

"Tu me manques, mec" toucha particulièrement son cœur et ses lèvres.

Il articula chaque lettre ; répétant la phrase à voix haute.

Il mit sa main dans sa poche.

Merde, j'suis con, c'est plus le même pantalon. Il cherchait ses patchs ; ceux qu'il avait récupérés dans sa garde-robe avec sa veste en jeans.

Doublement con.

Tu sais pas lire Eddie ? Nan, je sais pas lire, j'ai le cerveau composé de céréales aux insectes et de bière périmée. Pas le même futal, pas la même veste.

Tu lui a prêté après qu'il se soit fait goûté par les... par les... Ouai, il l'a gardé. J'étais mort, il l'a gardé. Je te croyais pas comme ça Harrington.

Eddie Munson/Kastheory - Pétales closesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant