Chapitre 45 - Auto-sabotage

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 Les événements de la journée les avaient rapprochés. La cérémonie ne s'éternisa plus très longtemps et il insista pour s'éloigner et sortir du cimetière. Il voyait en Robin une confidente ; il ne la connaissait pas depuis très longtemps, mais étrangement ; parler de ses problèmes et angoisses était beaucoup plus facile lorsque la personne n'avait pas déjà un avis construit.

Il se sentait moins susceptible d'être jugé par Robin, car elle ne portait pas le poids des attentes ou des expériences passées que Dustin ou Gareth auraient pu avoir. Elle le découvrait tout simplement pour la première fois.

S'appuyant sur le mur extérieur du cimetière descendant en escalier ; il hésita un moment, puis commença à parler d'une voix douce.

- Tu sais, Robin, j'ai toujours eu cette peur, cette peur que les gens se servent de moi. C'est comme si je portais toujours cette méfiance, surtout à l'époque de... de mon enfance. J'ai été utilisé par tant de gens, et ça a laissé des traces.

J'ai fini par me mettre dans cette situation ; celle où je pensais que c'était normal, que les choses soient et devaient être comme ça.

- Tu as fini par faire de l'auto-sabotage en quelque sorte. Ils s'assirent face à face.

- J'ai même eu tendance à m'auto-détruire, à me dire que je ne méritais pas des amis comme ceux que j'ai maintenant, je n'en ai pas eu beaucoup au lycée et... et avant...

Je ne m'en rappelle pas. Mais je sais que quand j'en avais, je me disais que je devais les laisser s'éloigner.

S'éloigner de moi.

- Je sais que parfois, il est difficile de se rendre compte de son propre progrès. Mais permets-moi de te dire que je vois clairement que tu évolues, Eddie. Tu es en train de surmonter tes peurs et de te confronter à tes démons intérieurs rien qu'à en parler.

- Tu vois, Robin, ce que j'ai appris sur moi ; enfin, je ne sais pas si tu comprendras, mais j'ai eu des visions. Vecna, il me montre des choses ; je ne sais pas si tout est vrai, mais si c'est pour me faire partir en vrille. Il a réussi.

Robin releva la tête, conscient que Robin percevait sa contrariété. Il devait lui dissimuler le fait que certains démons naissaient non pas de souvenirs, mais de pulsions. Ce n'étaient pas des souvenirs, mais des appels. S'il succombait à ces appels, il perdrait ce qui lui restait de son humanité.


Il veut que je me perde ; que je m'abandonne à lui comme il a fait pour Max et les autres qui ont été frappés par sa malédiction. Mais il m'a montré des choses sur moi, sur mon oncle...

- Tout ça, tu l'as déjà vécu et assimilé. Tu les as surpassés depuis longtemps. Ça n'a pas vraiment influencé la personne que tu es aujourd'hui, Eddie. Puisque ; à ce que je peux comprendre, il se sert de tes souvenirs, de choses qui peuvent te pousser à...

Essaie de comprendre que ça, tout ça, c'est dans le passé.

- Oui, non, tu ne comprends pas, tu n'as pas tout... je...

Ces peurs, ces insécurités, ce sont des choses que j'ai traînées toute ma vie.

Je ne m'en souvenais pas, mais elles ; s'en souviennent. Mon corps s'en est souvenu.

Il vit la confusion sur le visage de Robin, mais décida tout de même de continuer ; elle avait déjà compris l'essentiel.

- Ce que je veux dire, c'est qu'elles t'ont construite.

- Je ne peux rien y faire, Robin. J'essaie de changer, de m'épanouir, de voir un avenir meilleur. C'est juste que c'est difficile de laisser aller ces vieux démons à peine découv...

Il avait choisi ce lieu car il le savait peu fréquenté mais pourtant, ils entendirent des pas dans les escaliers. 

Nancy ouvrait la marche.


- Eddie, je sais que ça a été difficile dernièrement. Eddie lança un regard alarmé à Robin.

- On est là pour toi, mec.

- T'étais pas censé retourner au boulot ? Robin s'approcha d'Eddie ; essayant de lui faire comprendre qu'il fallait éviter de répondre sur la défensive ; de laisser ses amis l'aider.

-Mmm...merci, mec. C'est encore confus pour moi, j'aimerais me racheter pour tout ce qui s'est passé.

Erica bouscula Steve et dévala les marches sans pour autant s'approcher.

- Te racheter ?! Le taré, t'aurais mieux fait...

- Erica, ta gueule. Dustin attrapa la gamine par le haut de sa chemise.

Il n'était pas vraiment lui-même. Tu ne peux pas lui en tenir rigueur.

Gareth fit entendre sa voix avec une pointe de méfiance.

- On ne peut pas ignorer ce qui s'est passé, Eddie.

Il ne connaissait pas toute l'histoire, mais il avait tout de même vu Erica se faire attaquer. Steve avait dû le neutraliser devant ses yeux.

- Je... je comprends vos inquiétudes, et je...

Mike et Lucas, demeuraient silencieux, il avait tout de même attaqué chacune de leur sœur. Même si ce n'était pas lui qui s'en était prit à Nancy ; il le prenait personnellement.

Robin posa sa main sur l'épaule d'Eddie qui sursauta et se retira.

- Eddie est en train de changer, de surmonter ses démons. Nous sommes ici pour le soutenir, les gars n'oubliez pas ça.

L'absence de réponse menaçait les encouragements de Robin. La confiance qu'il avait progressivement gagnée depuis qu'il avait commencé à se confier semblait prête à s'évaporer.

Son regard se détourna de ses amis et tomba sur Robin, qui insista pour garder sa main sur son épaule. Dans ce moment d'incertitude, il se laissa manipuler. Elle le tourna vers elle.

- Écoute, Eddie, je sais que c'est difficile, mais c'est un processus. Ils se soucient de toi, même si cela peut sembler accablant. Garde à l'esprit que tu ne perdras pas notre confiance en un instant.

Nan, nan, ... Je peux pas, je peux pas, Robin. Je suis désolé. Je ne peux pas faire ça. J'ai trop peur de tout ruiner, de tout détruire comme j'ai toujours fait. Excusez-moi.

Il parlait rapidement, sa voix tremblante, mais il ne pouvait s'empêcher de sentir les larmes monter. Les paroles de Robin, aussi rassurantes qu'elles aient été, semblaient appartenir à un autre monde. Il se répétait mentalement que c'était inutile, que ses amis finiraient par le rejeter une fois de plus. Il devait les quitter avant qu'ils ne le fassent.

Sans attendre de réponse, il se mit à descendre précipitamment les escaliers. Sa peur d'être rejeté et sa propre insécurité le poussaient à fuir. Il ne pouvait pas supporter l'idée que ses amis, qui l'avaient vu sous un jour si sombre, le jugent pour ce qu'il était.

Il tourna un coin de rue et disparut de leur vue, cherchant un endroit où il pourrait être seul, loin de ses amis, loin de lui-même.

Eddie Munson/Kastheory - Pétales closesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant