Chapitre 40 - Le cavalier

13 2 0
                                    

Les heures passèrent ; errant dans les bois environnants, ignorant les sentiers battus ; ressassant ; se torturant. La nuit commençait à tomber, et la lueur faible des étoiles était la seule source de lumière qui guidait ses pas.

- Les mains tendues devant... devant moi, désespérées, elles cherchaient... elles cherchaient un salut qui n'est jamais venu. La satiété. Etre rassasié, c'est tout ce que je... il... Il demandait.

Il était incapable d'accepter ce qu'il avait fait dans cette vision.

Des racines... des mains... tout s'effondre...
Il avait besoin de solitude, d'un endroit où il pourrait laisser libre cours à sa désillusion et à sa confusion. Ozzie gémissait doucement, comme s'il partageait la douleur de son maître.

Je ne peux pas... je ne peux pas faire marche arrière.
Ces racines, ces mains avides... Elles sont en moi, elles sont miennes.
Je ne veux pas redevenir la personne que j'étais.
Il s'arrêta ; fixant le sol de la cabane comme s'il voyait encore les racines tortueuses et les mains tendues dans son esprit tourmenté. Les planches vermoulues grincèrent sous son poids. C'était suffisant pour lui offrir un refuge temporaire. Il s'effondra sur le sol poussiéreux, son chien blotti contre lui.

Le hangar... encore ici. L'essence de bateau... Toujours le même gars, hein ? Celui qui se cachait ici... pour échapper à... à un crime qu'il n'avait pas commis. Bien joué, Eddie. Vraiment bien joué...


* * *

Eddie bougea dans son sommeil. Un contact froid et élastique rencontra sa peau.

Son nom ; apposé dans une inspiration le rappela à la conscience.

- Eddie. Ed... die.

Il ouvrit les yeux ; la lumière du matin lui révéla une peau marbrée. Brisée. À ses côtés.

Son nom sortait encore et encore dans un murmure déchirant.

Chrissy, malgré sa mutilation apparente, tendait vers Eddie des mains aux doigts tordu, essayant désespérément de l'atteindre.

Sa mâchoire complètement disloquée, laissait pendre sa bouche dans une grimace déformée et grotesque. Eddie recula, sa gorge serrée par l'horreur de la vision. Il balbutiait, incapable de trouver les mots.

Chrissy, luttant pour articuler ses paroles, gémissait et semblait se débattre avec son corps. De profondes cavités noires le soudoyaient.

...Auve-moi.

Eddie, paniqué et désorienté, tentait de se relever pour fuir cette vision cauchemardesque. Ses gestes étaient précipités, son esprit embrouillé par l'horreur de la scène.

- Non, non, je ne peux pas... c'est... c'est trop... trop...

Chrissy continuait d'appeler à l'aide, ses os brisés et son visage défiguré exprimant une souffrance inimaginable.

Ce n'est pas réel, ce n'est pas réel... une douleur fulgurante le plaqua au sol. Ses omoplates brulaient. Il regarda le plafond. Des puits de lumière en quadrillage.

- Allez, installe-toi convenablement mon garçon. La partie va commencer.

Un homme blond, élancé et élégant semblait l'attendre.

Eddie Munson/Kastheory - Pétales closesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant