NDA : Sucker - Marcus King (Arcane season 2)
TW : meurtre, sang, violence, idées noires.Sous les réverbères de Dives, Jacob Bugsley marchait le long des rues, son masque noir orné de lys blancs toujours sur son visage. Le bal avait pris fin, il y a une heure, et les lumières qui rayonnaient le Palais du président s'étaient éteintes après avoir tiré leur révérence. Le silence de la ville, une fois endormie, offrait toujours un sentiment d'apaisement. C'est pourquoi il était si friand de ces petites balades nocturnes. Et puis, que pouvait-il bien lui arriver ? Il n'y avait rien de plus sûr que la brillance d'une ville honnête, alors pourquoi craindre les ombres ?
Mais, quand l'une d'elles vint plaquer sa main sur sa bouche, son sang ne fit qu'un tour. Jacob Bugsley fut par la suite violemment jeté dans une ruelle. Son corps s'écroula au sol dans un bruit sourd tandis que les pavés humides lui éraflèrent la paume de ses mains ainsi que sa joue et sa tempe. Pris de panique, il se retourna brusquement face à son agresseur. Mais, à peine eût-il le temps de voir son uniforme de légionnaire, que la botte d'un autre homme qu'il ne pouvait pas voir le frappa à la tête, faisant tomber son masque par terre. Ses muscles, endoloris par la peur, l'interdirent de bouger. Sa bouche, grande ouverte, n'émettait aucun son, emprisonnant son appel à l'aide dans sa gorge. À la merci de ces soldats, il fut condamné à subir leurs impitoyables coups, tel une vulgaire poupée de chiffon.
La douleur était atroce, sans doute avaient-ils brisé quelques-unes de ses côtes, mais il ne ressentit plus aucun coup, s'abattant sur son corps tout recroquevillé. Ouvrir les yeux fut pour lui un effort considérable. Cependant, quand bien même sa vision était troublée, les deux Légionnaires avaient disparu. Non, il se trompait. Ils étaient encore là, à l'entrée de la ruelle, ouvrant les portes d'un fourgon.
Le goût métallique lui donnait la nausée alors qu'il ravala le sang accumulé dans sa bouche ; des points noirs venaient d'incruster dans le décor. Puis, il sentit son corps se soulever du sol sur lequel il était incapable de se relever seul, avant d'être une nouvelle fois jeté, à l'arrière du fourgon, ce coup-ci. Malmené et roué de coup, la dernière fois que Jacob Bugsley vit la lumière, fut celle des réverbères avant que les deux Légionnaires ferment les portes du véhicule. L'un d'eux donna deux coups contre le métal du fourgon et le moteur rugit sa mort.
...
Dans les entrailles de la ville, Kyle marchait en tête du groupe à travers la pénombre, seulement éclairé grâce aux lampes torches. L'avoir avec eux les rassurait : ces galeries étaient si labyrinthiques qu'il serait bien dangereux de s'y aventurer seul. Plongé dans les méandres de ses pensées, ses jambes avançaient d'elles-mêmes. Après tout, elles connaissaient le chemin mieux que personne.
Les tunnels lui semblaient plus étroits que dans ses souvenirs qui étaient pourtant encore assez récents. C'était comme s'ils se refermaient sur lui. Peut-être était-ce à cause de sa peur de mourir sous terre qui lui donnait cette impression, ce qui était idiot, parce que même mort à la surface, on l'aurait enterré aussitôt. Être enseveli sous une telle profondeur que même un rayon de soleil ne pourrait le réchauffer avant de sombrer ; que personne ne serait jamais capable de le retrouver. Mais il oublia un détail : qui se démènerait pour le retrouver ? Après réflexion, sans doute n'était-ce pas une si mauvaise chose de périr dans l'oubli.
— Bien que ça ait failli tourner au vinaigre vers la fin, cette expérience à Dives ne m'a pas déplu.
Il n'avait pas remarqué que Gaby marchait à ses côtés depuis tout à l'heure jusqu'à ce qu'elle s'adresse à lui.
— Ne comptez pas sur moi pour y retourner.
— Trop peur d'affronter un sexagénaire ? se moqua-t-elle avant de le pousser avec sa main.

VOUS LISEZ
PILLAR | T1
Science-FictionDans un monde sombre, un pays dont le peuple était divisé en deux y subsistait. L'un s'appelait Dives. Aussi cupides qu'hypocrites, ils sont les favoris du président Varnahm. Le second s'appelait Fames. Misère et mort les guettaient jusqu'à ce que l...