À l'Aube d'un Nouvel Espoir

Partie 24

Ça y est. Elle est là. Devant ses yeux se dresse l'objet de son bonheur, la personne qui l'a fait vibrer. Emily respire intensément, elle attend ce moment depuis si longtemps. Ses yeux brillent, elle a presque envie de pleurer. Le temps semble ralentir, chaque seconde étirée à l'infini alors que son cœur bat la chamade dans sa poitrine. Elle revit. Aucune des deux filles n'ose faire un pas, trop émue pour ça. Elles s'observent de loin, mais leur regard parle pour elles. Le visage d'Aileen est plus rayonnant que jamais. Et qu'est-ce qu'elle est belle. Emily l'observe durant de longues minutes. La rousse arbore un long manteau noir, une chemise bordeaux oversize, dont les pans sont soigneusement rentrés dans un pantalon noir ajusté. Celle-ci est légèrement entrouverte, laissant entrevoir avec subtilité la naissance de sa poitrine qui fait rougir la blonde. Ses mains délicates et douces sont ornées de divers bagues en pierre semi-précieuse, son pantalon, rehaussé d'une ceinture brune, met en valeur sa taille délicate et dessine ses courbes gracieuses. Emily a toujours su qu'Aileen était à son goût, mais en ce jour, l'évidence se confirme encore plus. Au pied, l'adolescente porte ses fidèles compagnes de ses aventures, ses Doc Martens. Cependant, ce qui attire peut-être le plus son regard, ce sont ses longs cheveux roux, encadrant son visage d'une cascade flamboyante. Un bandeau noir borde ses cheveux mettant son minois en avant et Emily n'a qu'une hâte, poser ses lèvres sur les siennes.

La blonde arrête de réfléchir et se dirige rapidement vers sa bien-aimée. Ses bras l'entourent, elles se serrent l'une contre l'autre, deux âmes qui se retrouvent enfin. Les larmes coulent, des larmes de joie et de soulagement mêlées, créant un torrent d'émotions qui déferle en elles. Emily sent le souffle d'Aileen contre sa peau, ressent sa chaleur, et soudainement, tout son être s'apaise.

— Tu m'as tant manquée. Ne nous quitte plus jamais, je vais devenir folle sinon, déclare Aileen en la serrant un peu plus fort.

— Plus jamais. J'ai cru que j'allais te perdre, ne plus jamais te revoir et c'était affreux. Je n'ai pas envie d'imaginer une vie sans toi. Pas maintenant, c'est trop tôt, déclare Emily en répondant à son étreinte.

— Comment ça trop tôt, tu songes déjà à partir après ? demande-t-elle faussement choquée.

— Tu es bête, la taquine-t-elle. Je t'aime.

— Je t'aime aussi mon cœur, annonce Aileen droit dans les yeux de la blonde.

— Arrête, je vais rougir !

— C'est trop tard !

Emily rit d'un air léger. Chaque éclat de rire semble emporter avec lui un peu des soucis qui pesaient sur le cœur de l'adolescente, Aileen la rejoint. Leur complicité n'a pas changé à leur grande joie.

— Allez viens, on rentre. Tu vas attraper froid sinon, annonce la rousse en lui posant son manteau sur les épaules.

Les deux adolescentes franchissent le seuil de la maison avec un sourire radieux, accueillies chaleureusement par Anaïs et Thomas. Les deux adultes lui posent des questions sur les vacances et la famille, s'intéressant à elle. Les salutations passées les deux filles montent ensuite dans la chambre d'Emily où Aileen s'approche doucement de Neige, installé sur la chaise et caresse affectueusement sa fourrure du bout des doigts. Elle s'allonge ensuite dans le lit au côté de la blonde pour retrouver sa chaleur. Emily a le cœur qui bat fort et un frisson électrique parcourt tout son être lorsque ses doigts frôlent ceux de sa copine. Cette proximité n'est pas encore habituelle, surtout au vu des derniers événements. La tendresse d'Aileen la touche beaucoup, elle sait qu'elle fait de son mieux pour lui laisser le temps de s'acclimater à cette nouvelle ambiance.  

— Emily, j'aimerais que tu retires ton pull et ton tee-shirt s'il te plaît, demande la rousse soudainement.

—Quoi pourquoi ?

— Tu verras.

— Je... Je ne suis pas très à l'aise avec mon corps, tu sais. J'ai beau avoir pris un peu de poids depuis ma sortie d'hôpital, je reste toujours très mince. Et puis... Je n'ai jamais osé le dire, mais je ne l'aime pas vraiment. Je suis plate. On me le répétait tout le temps et ça me complexe... En plus de ça, à cause de mon géniteur, il est marqué par des cicatrices. Je ne sais pas si elles partiront un jour. Je les déteste, révèle tristement la jeune adolescente.

— Eh, mon chat tout va bien. Je ne suis pas là pour te juger. Tu as treize ans, tu as toute ta vie pour avoir des seins, ça viendra ne t'inquiètes pas. Et puis même si tu restes toute ta vie avec une petite poitrine, tu restes belle. Tu seras toujours belle à mes yeux, répond Aileen avec un regard doux. Sache que je t'aime pour bien plus que ton apparence. Tu es courageuse, bien plus que tu le penses. Si tu n'en as pas envie ou que tu ne peux pas, je comprendrais totalement. Je ne veux pas te mettre mal à l'aise.

Les yeux d'Emily s'emplissent de larmes, touchée par les mots sincères d'Aileen. Emily se sent en sécurité avec elle, la confiance grandissant doucement, elle se sent prête à essayer. Avec un mélange de nervosité et de résolution, Emily se dénude lentement. C'est la première fois qu'elle expose son corps de cette manière, elle se sent vulnérable, mais sait que peu importe ce que fera Aileen, ses intentions sont bonnes. La rousse reste silencieuse, offrant à Emily un espace où elle peut être elle-même sans jugement. Elle l'observe doucement avec émotion, sentant son cœur se serrer en imaginant tout ce que son amoureuse a pu traverser. Doucement, elle s'approche et pose un léger baiser sur l'une des cicatrices. C'est un geste délicat, empli d'affection et de tendresse. Ses lèvres effleurent la peau, laissant derrière elles une douce sensation de réconfort. Emily retient son souffle, touchée par la délicatesse d'Aileen. Elle continue, déposant de petits baisers sur chaque cicatrice, comme pour chasser la douleur passée. Emily ferme les yeux. Elle ne sait que dire, que faire face à ce geste si symbolique.

— Si tu savais à quel point, tu es forte. Ton corps, tes cicatrices ne définissent pas qui tu es. Ne l'oublie jamais. J'ai envie d'être là pour toi, qu'on apprenne à soigner tes plaies, panser ton âme. J'ai envie de commencer un nouveau chapitre avec toi. Si tu me le permets.