Partie 45

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Anaïs finit sa tasse de thé glacé, le goût sucré et rafraîchissant persistant encore sur sa langue. Le verre froid laisse une légère condensation sur ses doigts alors qu'elle le range dans le lave-vaisselle. Comme tous les matins, elle se dirige vers la boîte aux lettres, ses pas résonnant doucement sur le sol encore frais de la rosée matinale. Les rayons de soleil, déjà chauds malgré l'heure caressent son visage avec une douceur apaisante. Elle ferme un instant les yeux, inspirant profondément l'air parfumé de l'été, laissant chaleur se répandre agréablement sur sa peau, avant de pencher légèrement la tête en arrière, savourant ce moment de calme.

Lorsqu'elle insère la clé dans la serrure de la boîte, le métal froid contre sa main contraste avec la chaleur ambiante. La serrure cède avec un léger clic, et à l'intérieur, elle découvre parmi les factures habituelles, une enveloppe épaisse, au cachet officiel du tribunal. Son cœur rate un battement, puis commence à battre plus fort, résonnant dans ses tempes comme un tambour. Elle sait immédiatement ce que cela signifie après de longs mois d'attente. l'excitation se mêle à une angoisse familière, une boule se formant dans son estomac.

Ses mains tremblent alors qu'elle déchire l'enveloppe sur place, le papier cédant sous ses doigts fébriles, produisant un léger crissement. L'odeur de l'encre et du papier neuf envahit ses narines. Elle s'efforce de ne pas abîmer le précieux contenu. Ses yeux parcourant les lignes du document à une vitesse vertigineuse. Et soudainement, un cri de joie s'échappe de ses lèvres, un cri pur et libérateur qui résonne dans l'air calme du matin.

Alertée par le bruit, Thomas, qui préparait le petit-déjeuner d'Emily dans la cuisine, lâche brusquement son fouet, l'ustensile claquant contre le plan de travail dans un bruit sourd. Le parfum du chocolat chaud et des œufs en cuisson est oublié tandis qu'il se précise vers l'extérieur, inquiet pour sa compagne. Emily, quant à elle, descend précipitamment les escaliers, ses pieds frappant les marches avec urgence, avant de se diriger à l'extérieur, là où se trouvent Anaïs et Thomas.

En les voyant, Anaïs a les larmes aux yeux, mais un sourire éclatant illumine son visage, si large qu'il semble éclipser le soleil lui-même. Elle brandit le document comme un trophée, ses mains encore tremblantes d'émotion.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? demande Emily, essoufflée, le cœur battant encore à cause de l'urgence ressentie. J'ai entendu un cri et j'ai cru qu'il s'était passé quelque chose de grave.

Anaïs se jette dans les bras de Thomas, puis d'Emily, ses larmes chaudes traçant des sillons sur ses joues. Elle laisse éclater sa joie, ses sanglots mêlés de rires.

— Oh ma puce si tu savais... C'est officiel ! Vous vous rendez compte ? Emily, tu es officiellement notre fille !

Thomas rejoint Anaïs dans cet élan de bonheur, les bras de l'un entourant la taille de l'autre dans une étreinte chaleureuse. Leur rire cristallin se mêle à l'air frais du matin, créant une mélodie de joie pure. Emily, quant à elle, reste immobile, figée sur place. Elle observe la scène, son cœur battant si fort qu'il lui semble prêt à exploser. C'est comme si c'était trop beau pour être vrai. Un voile flou semble s'abattre sur sa vision, et pendant un bref instant, elle se sent détachée de la réalité, comme si elle flottait en dehors de son propre corps. Les voix de ses parents lui parviennent comme à travers un épais brouillard, lointaines, irréelles.

Elle dissocie quelques instants, son esprit cherchant à comprendre ce qui se passe, à accepter que ce moment tant attendu, tant espéré, est enfin là. Puis, soudainement, la réalité la rattrape, la frappe de plein fouet. Le document que brandit Anaïs, les larmes de bonheur qui coulent sur ses joues, le sourire rayonnant de Thomas... Tout cela est bien réel. Emily sent une chaleur douce envahir sa poitrine, se propageant lentement jusqu'à ses doigts, jusqu'à ses orteils. Ses lèvres tremblent légèrement avant de s'étirer en un sourire timide, incrédule. Elle se jette alors dans les bras de ses parents, son corps enfin libéré de la peur qui l'avait paralysée.

— C'est vrai... Je suis vraiment votre fille, murmure-t-elle, à peine audible, mais avec une conviction qui grandit dans son cœur.

— Oui, pour toujours, tu seras reliée à nous. Mon enfant que j'ai tant rêvé, te voilà en chair et en os. Le plus beau cadeau que je n'aurais jamais espéré. Je ne remercierai jamais assez l'univers de t'avoir mise sur mon chemin. Je t'aime tellement, chochotte Anaïs, sa voix tremblante sous le poids de l'émotion, trop émue pour pourvoir en dire davantage.

Emily sent les mots d'Anaïs pénétrer son cœur comme une douce mélodie, réchauffant chaque fibre de son être. L'amour qu'elle ressent à cet instant est si profond, si pur, qu'il dépasse tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Elle se serre encore plus fort contre ses parents, comme pour s'assurer que tout cela est bien réel, que ce moment d'une tendresse infinie ne s'évaporera pas comme un rêve.

— Il va falloir qu'on fête ça, qu'on invite la famille, les amis. Tous ceux qui nous ont soutenues dans ce projet fou que beaucoup ne voulaient pas croire. Il nous faut une fête en ton nom, Emily, une fête qui résonne dans le cœur des gens comme tu résonnes en nous. Tu es notre miracle et le monde entier doit le savoir ! s'exclame Thomas, ses yeux brillants d'une énergie nouvelle.

Sa voix est ferme, mais empreinte d'une douceur qu'Emily reconnaît bien, cette tendresse qui a toujours été là, depuis le jour où ils ont décidé de la prendre sous leur aile. Thomas regarde Emily avec une telle fierté, une telle admiration, que ses paroles semblent presque toucher le ciel.

L'idée d'une fête, d'une célébration où tous ceux qui les ont soutenus se réuniraient, emplit Emily d'une chaleur réconfortante. Pour la première fois depuis longtemps, elle sent qu'elle fait partie de quelque chose de plus grand, de plus solide, une famille véritable. Ses larmes, des larmes de joie cette fois, viennent enfin apaiser le feu de ses anciennes blessures.

Emily reste silencieuse, encore enveloppée dans l'étreinte de ses parents. Les larmes qui roulent sur ses joues sont douces, presque apaisantes, contrastant avec la tempête d'émotions qui gronde en elle. Un sourire fragile, presque incrédule, s'esquisse sur ses lèvres.

Elle lève lentement les yeux vers Thomas et Anaïs, ses nouveaux parents, et leur offre un regard rempli de reconnaissance. Dans leurs yeux, elle voit une promesse, une certitude : celle de ne plus jamais être seule. Une nouvelle vie commence, une vie où elle peut enfin croire en l'avenir.

— Merci, murmure-t-elle, sa voix tremblante sous l'émotion. Je ne sais pas comment vous dire à quel point cela compte pour moi.

Anaïs, les yeux brillants de larmes, caresse doucement le visage d'Emily, effaçant les dernières traces de chagrin.

— Tu n'as rien à prouver, ma chérie, dit-elle d'une voix douce. Tu fais partie de notre vie, et nous serons toujours là pour toi.

Les rayons du soleil du matin filtrent à travers les fenêtres, baignant la maison d'une lumière douce et dorée. Ensemble, main dans la main, ils rentrent à l'intérieur, laissant le monde extérieur derrière eux, mais portant avec eux une nouvelle lumière dans leur cœur.

Alors que la porte se referme doucement, Emily sent une paix nouvelle l'envahir. Elle est à la maison, enfin.

À l'Aube d'un Nouvel EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant