5. Prisonnière particulière

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Descendant de son cheval, Lexa contemple satisfaite la ville qui s'anime face à elle. Il y a quelques mois, elle avait dû quitter Polis et sa tour pour partir en campagne vers l'ouest, là où le clan des cavaliers des plaines avaient signalé la présence d'étrangers sur leurs terres. En tant que Commandante de la Coalition, elle n'avait eu d'autre choix que de lever une armée pour rejoindre ses alliés et les aider dans leur combat.

Six mois maintenant qu'elle n'avait pas dormi dans sa chambre en haut de la tour, coincée dans sa tente et dans des lieux qui lui étaient parfois hostiles. Elle avait échappé de peu à la morsure d'un serpent et à sa rencontre avec un pauna. Rien de recommandable en somme et un voyage épuisant aussi bien pour elle que pour ses hommes.

Fendant la foule, ses guerriers traversent les rues en hurlant leur victoire face à ces envahisseurs étranges. Avec leur rencontre, ils avaient découvert des armes étranges, mortelles, tout comme celles des maunons autrefois. Mais s'ils avaient bien un avantage, c'était celui de connaître parfaitement le terrain.

C'est pourquoi, au milieu du cortège, une série de prisonniers étaient tirés en direction de la tour où Heda les attendait, son masque noir autour des yeux et son air sérieux qui ne laisse jamais ses ennemis indifférents.

Ces hommes et ces femmes lui semblait plus frêles et faibles que ses semblables. D'après leurs histoires, ils semblent presque venir d'un monde différent. Ils ne parlent d'ailleurs pas leur langue, une différence qui les avait surpris puisqu'il ne maîtrisent que le langage utilisé par les guerriers.

"Peuple de Polis. Si je reviens vers vous aujourd'hui, c'est pour vous montrer le visage de ces envahisseurs que nous avons vaincu. Leur peuple n'existe plus et ils devront désormais survivre parmi nos familles. Que les esprits de nos ancêtres leur viennent en aide."

Des rires s'élèvent dans les rangs puisque chacun sait que les divinités ne s'intéresseront jamais à des étrangers. Un garde s'approche de la commandante, soucieux de connaître la suite du programme.

"Que nos prises soient cuites pour nourrir la capitale ce soir. Pour la prochaine lune, nous vendrons femmes et hommes. En attendant, mettez-les aux fers."

Elle se retourne alors sans prêter plus d'attention aux autres, rejoignant sa salle de trône qu'elle n'a pas vu depuis si longtemps. Pour la première fois, elle veut profiter de n'avoir aucun garde derrière elle pour souffler. Montant l'interminable escalier, elle profite de sentir ses muscles se tendre sous l'exercice, son souffle s'accélérer pour irriguer son corps et son ouïe capter les sons de la tour qui lui sont si familiers.

En entrant dans la salle, elle a la satisfaction de la trouver vide, profitant du bruit lointain de la foule et du calme de la solitude pour sortir ses épées afin de les entretenir après une si longue guerre. Elle grimace en sentant les accrocs que les combats ont laissés et prie pour qu'ils soient rattrapables.

Pendant ce temps à elle, elle laisse ses pensées s'égarer, rejoignant les terres lointaines dont elle revient. La haine sur les visages de ces hommes venus d'ailleurs, la surprise de ses guerriers face aux armes nouvelles ou encore l'incompréhension des prisonniers lors de la longue route qui mène à la capitale.

Finalement, Lexa ne regrette pas d'avoir profité de ces quelques heures loin de la foule car son retour fut intense. Les ambassadeurs ne cessent de réclamer de nouveaux avantages, les commerçants se plaignent du coup des matière premières tandis que les guerriers évitent les entraînements puisqu'ils veulent se détendre.

Finalement, les quatre jours passèrent rapidement et elle était déjà là, regardant les prisonniers défiler sur l'estrade face à elle.

"Cette jeune femme est farouche. Bien qu'elle nous voue une haine sans borne actuellement, nulle doute qu'elle s'assagira et deviendra une excellente partenaire d'entraînement."

Ai hod yu inOù les histoires vivent. Découvrez maintenant