Chapitre 21

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Je me réveille aveuglé par le soleil. Je déteste l'été, il fait chaud le jour mais froid la nuit. Où est la logique ?

Je me redresse et observe autour de moi. Il n'y a personne, il doit être encore tôt.

Je me frotte les yeux et quand je regarde mes mains, elles sont toutes noires.

"Bordel..."

Je prends mes affaires pour les cacher derrière un buisson du parc et me dirige vers un café.

Quand j'entre, je vois qu'il y a quelques personnes mais rien de fou.

Je choisis de m'asseoir à une table dans le fond avec vue sur la rue, donc sur mes affaires. De toute façon, il n'y a pas grand-chose à voler.

Je pose mes bras croisés sur la table et place ma tête dedans.

Je peux peut-être finir ma nuit ici, l'horloge du café indique 7h du matin. C'est encore trop tôt.


Je sens comme une main sur mon épaule, essayant de me réveiller.

Je relève la tête, regarde où je suis et me rappelle que je me suis endormi sur une table. Je tourne la tête vers la personne qui m'a réveillé et vois une serveuse.

"Vous allez bien, madame ? Vous êtes là depuis 7h ce matin et je commence à m'inquiéter. Vous n'avez rien fait d'autre que dormir, j'ai bien cru que vous vous étiez évanouie."

"Désolé... je vais y aller." Je prends mon sac et commence à me lever quand elle appuie doucement sur mon épaule pour me rasseoir.

"Non, non, non, restez ici. Je vais vous apporter quelque chose à manger."

"Je n'ai rien pour payer..."

"C'est pour moi." Dit-elle avec un clin d'œil.

Je la vois préparer je ne sais trop quoi avant qu'elle ne revienne avec un plateau et le pose devant moi.

Dessus, il y a un sandwich, une bouteille d'eau et un petit muffin pour le dessert. Je regarde l'heure sur l'horloge et vois qu'il est déjà 13h.

Je regarde à nouveau la dame et reste sans voix devant sa gentillesse.

"Merci... merci beaucoup... je ne sais pas comment vous remercier..."

"Oh non ! Ne vous en faites pas, c'est rien ! Ça me fait plaisir de vous aider." Elle me sort un des sourires les plus rayonnants que je n'ai jamais vus de ma vie.

Elle s'en va et je commence à manger.

J'observe les allées et venues des passants dans la rue. Quand soudain, des cheveux familiers entrent dans mon champ de vision, manquant de me faire m'étouffer.

Il semble pressé.

Si bien que lorsqu'une fille s'approche de lui, il lui fait gentiment comprendre qu'il n'a pas le temps.

Il regarde partout comme s'il cherchait quelque chose. Je continue de l'observer quand il se dirige vers le parc. Il en fait le tour puis rentre la tête baissée.

Je me demande ce qu'il voulait.

La dame de tout à l'heure me sort de mes pensées en revenant chercher le plateau.

"Vous avez fini ?"

"Oui... encore un grand merci."

"Avec plaisir."

Elle emporte le plateau avec elle en cuisine, et moi je décide de rester là encore un peu.


"Au revoir."

"Passez une bonne soirée."

Il est 20h quand le café ferme ses portes, et que je me rends sur mon banc.

Je retournerai demain au café et attendrai toute la journée avant de revenir ici.

Il y a encore quelques passants dans le parc, mais rien de fou.

Je pose le verre en carton que la femme m'a donné et me tourne pour prendre la bouteille d'eau que j'ai gardée et remplie avec l'eau du robinet, quand j'entends un bruit venir de derrière moi et une présence.
On aurait dit une sorte de morceau de métal qui a cogné contre du carton.

Je n'en reviens pas...

Je me retourne et vois un homme de dos partir et sortir du parc.

Je me penche pour regarder dans le verre et vois une pièce de 2€.

Il a cru que j'étais SDF ou quoi ?

Je regarde autour de moi et vois ma valise au bout du banc, son sac à côté de moi, la couverture que j'ai prise et le gobelet sur le banc.

Ok, j'admets que je le suis peut-être.

Je soupire et pose mon dos contre le dossier du banc et lève la tête vers le ciel.

Cette fois, il n'y a aucune étoile. Seulement des nuages.

"C'est pas vrai..."

Je m'allonge, mais je ne dors pas. Je reste là à ne rien faire.

Et j'attends.

J'attends que quelque chose se passe. J'espère un miracle. Comme...

Ma mère qui arriverait en me prenant dans ses bras et me dirait qu'elle ne m'en veut pas et qu'elle m'aime.

Même si elle préfèrerait se faire arracher les dents.

Julia revenir toute bronzée et me prendre dans ses bras pour me réconforter.

Elle me raconterait simplement comment se sont passées ses vacances de rêve sans me demander comment étaient les miennes.

Mon père me dire qu'il est fier de moi.

Cela lui brûlerait la bouche.

Et Bill... qu'il vienne juste. Qu'on regarde un film ensemble, qu'on aille se balader ou n'importe quoi. Juste être avec lui me suffit.

Étrange, n'est-ce pas ? Je ne le connais que depuis 1 mois mais j'ai l'impression que c'est depuis toujours... je l'aime vraiment bien. C'est certainement la meilleure personne que je n'ai jamais rencontrée et aussi un excellent ami.

Je ne lui en veux même plus de m'avoir laissé, je veux juste le voir. Et peut-être aussi le prendre dans mes bras.

Je me redresse et contemple mon plâtre, plus précisément les dessins qui s'y trouvent. Je vais l'enlever dans 2 semaines. J'ai hâte, mais en même temps, j'aimerais conserver ses couleurs et ses formes pour toujours.

C'est stupide.

Je souffle et me réinstalle. Je repense à ce que la femme de l'hôtel m'a dit avant de me mettre à la porte.

Elle a sans doute raison, je n'ai jamais eu à me soucier de combien je dépensais auparavant. Maintenant, de toute façon, je n'ai plus rien à dépenser. Ma vie était presque parfaite.
Et maintenant, c'est une toute autre histoire.

"Allez, il faut que je dorme sinon je vais être fatigué."

Je jette un dernier regard au ciel et souris en voyant une étoile filer à toute vitesse.

Je n'ai pas de vœu à formuler cette fois-ci, ça sera pour une prochaine fois.

"Bonne nuit, Bill..." Sur ces mots, je ferme les yeux et essaie de dormir du mieux que je peux.

De tout a Bill, de tout à rien.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant