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La mission paintball commence dans moins de dix minutes. Elle a lieu dans tout le manoir de l'Institut. Je suis dans l'équipe des bleus et mon frère dans celle des rouges. Notre camp se trouve dans la cour tandis que le leur est situé derrière l'Institut, dans les jardins sauvages où les employés de cuisine se retrouvent pour fumer une cigarette ou pour prendre leurs pauses en divulguant les derniers ragots.

 Cadets, l'heure est venue d'entamer cette mission. Votre but est de me trouver et d'appuyer sur le buzzer qui est attaché à mon poignet. Une fois le signal enclenché, une lumière de la couleur de l'équipe gagnante sera projetée dans les airs. Pour vous défendre, vous possédez un pistolet de paintball. Une fois qu'un adversaire est touché cinq fois, son armure de protection se mettra à clignoter et son arme sera désactivée, ce qui signifie que ce Cadet n'est pas digne d'en être un. Bien entendu, vous n'avez pas le doit d'utiliser votre don, cela sera déloyal étant donné que certains d'entre vous peuvent être invisibles. Que le jeu commence !

Un coup de sifflet vient appuyer ces mots.

 C'est l'heure de briller ! Annonce Kiara comme si elle s'était auto-proclamée leader du groupe.

 Attends, l'interrompt Aimée en la voyant qui s'engage vers les jardins. C'est du suicide d'aller dans leur camp. On devrait établir une stratégie.

 Pour quoi faire ? Je suis sûre que les rouges sont déjà en train de foncer et de prendre de l'avance.

 On ne sait même pas dans quelle direction aller.

Elles continuent de s'embrouiller et je décide de partir vers l'entrée du porche. Julie me suit.

 Tu crois qu'il est dans cette partie du manoir ? M'interroge-t-elle.

 Cette aile, je ne sais pas. Mais c'est obligé qu'il soit dans le manoir vu que les extérieurs sont occupés par nos équipes.

Elle acquiesce et le reste de l'équipe nous rejoint. Kiara et Aimée ne se disputent plus et prennent soin de ne plus s'adresser la parole.

Nous traversons toute l'aile est sans trouver personne. Nous nous dirigeons vers l'ouest.

 Ça fait des heures qu'on tourne en rond, ronchonne Kiara. Je suis sûre que les rouges ont déjà trouvé le Général Weller.

 Ce n'est pas le cas, la coupe Julie.

 Ah ouais ? Comment peux-tu en être aussi sûre ?

Des bruits de bottes qui couinent résonnent contre les parois des murs. Ils semblent proches.

 Peut-être que si tu avais écouté les consignes du Général, tu aurais la réponse à ta question idiote.

 Taisez-vous, ordonné-je en chuchotant. L'équipe adversaire est dans le couloir d'en face et risque de nous...

 Tu es vraiment une Mademoiselle-je-sais-tout, crie Kiara qui ne m'a pas entendu.

Tout le monde la dévisage et elle plaque ses mains sur sa bouche.

 A couvert, hurle quelqu'un de notre équipe.

Mais il est trop tard. Deux secondes plus tard, des jets de peinture décorent le mur qui se trouve derrière nous. J'avance jusqu'aux escaliers pour me cacher sur les côtés et tenter de tirer sur l'équipe adverse en prenant soin d'éviter de toucher Hugo. Julie m'imite et tire. Elle réussit à anéantir quelqu'un.

 Il faut qu'on arrive à monter là-haut, me dit mon amie entre deux tirs.

Je fronce les sourcils, puis je comprends. La voix de Marc semblait provenir d'un lieu en hauteur.

 Bien joué ! Mais comment on s'y rend ?

Nous voyons une poubelle en fer forgé derrière nous et nous avons la même idée.

 Passe en première, je te couvre, m'encourage la rouquine.

Je saisis le couvercle de la poubelle et m'en sers comme bouclier. Il est assez grand pour couvrir mon armure. Je grimpe les escaliers en marche arrière et réussit à être hors de portée mais assez proche des tireurs pour pouvoir protéger Julie. Mon amie porte la poubelle et arrive à me rejoindre.

Nous courons jusqu'à la tour et défonçons la porte fermée. Nous tombons sur Marc, qui quitte la vue de la cour pour se retourner vers nous avec un rictus narquois.

 Vous savez ce qui vous reste à faire, Mesdemoiselles.

Nous avançons avec Julie et je le laisse appuyer sur le bouton. Une lumière bleue jaillit d'un projecteur qui se trouve à la droite du Général. Mon amie et moi, nous serons dans les bras.

 On a gagné ! M'exclamé-je.

 On a gagné ! Répète-t-elle.

Kiara se joint à mon tour, avec une mine dépitée.

 Où est Aimée ? Lui demandé-je, un ton accusateur.

 Elle a été éliminer et elle s'est blessée à la cheville.

Aimée qui est si prudente s'est foulé la cheville ? ça n'a pas de sens. Kiara n'est pas le genre de fille à être honnête. Elle aurait été capable de la pousser pour l'utiliser comme bouclier humain. Mais sans preuve, l'innocence reste valable.

L'équipe des rouges arrive à son tour dans la tour et mon frère me fait un tape mon cinq.

 Bien joué, la prochaine fois voudra que je te tire dessus, plaisante-t-il.

 Tu oserais attaquer ta pauvre sœur sans défense ? Demandé-je en lui faisant mes yeux de biche.

 Anderson sans défense ? Intervient Noah sorti de nulle part. Tu m'as toute de même touché deux fois.

Il me montre son armure. Je ne l'ai pas loupé. Une balle a atterri au niveau du cœur et la deuxième sur l'avant-bras droit. Je grimace à la vue de son bras légèrement gonflé.

 Je t'ai vraiment blessé ? M'inquiété-je.

 Quoi ? Non, ce n'est rien. C'est juste qu'il a pris un plus gros choc et qu'il ne s'y attendait pas. Ne t'en fais pas, je vais aller à l'infirmerie demander une pommade et d'ici demain ce sera désenflé.

Je secoue la tête. Il est habitué à jouer à ce genre de simulation. Silas m'a raconté que les Nesariens s'amusaient à toute sorte de jeux dangereux. Ils sautent d'une falaise dans une mer agitée. Ils passent sous des barres en feu. Et le pire, ils sautent dans le vide avec une bâche qui est censée s'ouvrir à l'aide d'une poignée et les faire atterrir en douceur. Ils leur arrivent de se blesser et d'autres accidents plus graves se sont déjà produit. Mais c'est leur façon de profiter de leurs vies. Vivre à fond. Tandis que nous sommes forcés à travailler comme des acharnés pour avoir de quoi manger en suffisance.

 Manon ? M'appelle-t-il.

 Oui ?

 Viens, je pense qu'il est temps d'aller dormir.

Je chasse mes pensées envieuses et suis ma petite bande d'amis afin d'aller profiter d'une bonne nuit de sommeil.

L'Institut De NosecaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant