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Notre mère a tenu à ce qu'on s'apprête convenablement. Elle est toujours pointilleuse pour les moindres détails. Lors de notre première rentrée des classes, Hugo et moi avions dû être pouponnés pendant des heures et des heures. Mes cheveux ont été longuement malmenés et mon crâne s'en souvient encore. J'ignore pourquoi l'apparence a tant d'importance pour elle. Peut être est à cause de son métier qui demande une telle rigueur ?

- C'est sans doute le jour le plus dur de votre vie, mais c'est un jour mémorable. Vous devez paraître comme tel, nous a-t-elle confiée. Et croyez-moi, si vous arrivez à faire bonne impression dès le départ, vous serez probablement dans le haut du classement avant même que votre Formation n'ait commencé.

- Et qui dit être dans les premiers dit... Commence Christian.

- Avoir une chance de faire partie de la garde des quatre Contrées, continue Hugo.

- Et ?

- Et de pouvoir choisir d'être affecté à Hémoria et de pouvoir reprendre en partie nos vies d'avant, terminé-je.

C'est pourquoi mon frère et moi nous préparons chacun de notre côté depuis une éternité

Ma mère a sorti une coutume assez courante par chez nous. Une longue robe noire évasée avec un grand col blanc. Des boutons descendent du haut du col jusqu'au bas de ma poitrine. Les volants de la jupe est ourlée de dentelle noire. Mes mains sont recouvertes de gants de cuir offert par un ami de la famille. Je porte des bottines hautes autrefois portées par ma mère. Mes cheveux sont attachés en une queue haute sans défaut. Impossible qu'un seul cheveu y sorte.

Barbara me laisse enfin me regarder et je suis étonnée de pas reconnaître la personne que je vois dans le miroir. Ainsi vêtue, j'ai l'air d'une adulte. Plus mûre et élégante. A croire qu'en l'espace de vingt-quatre heures, toute ma personne a complètement changée et semble prête à affronter son destin. Mais si on pouvait voir le reflet de mon apparence intérieure, on ne verrait qu'une petite fille effrayée et angoissée par ce qui lui arrive.

- Si avec ça, tu ne les impressionnes pas, c'est qu'ils sont vraiment stupides, me compliment maman.

Je lui réponds par un sourire et hoche la tête. Je sais au combien ça va être rude de gagner ma place et d'arriver première à la fin de cette année. Mais je n'ai pas le choix. Je dois rentrer à Hémoria et reprendre le semblant de vie qu'il me restera, même s'il je ne récupérais que des miettes.

Barbara me rajoute une cape noire dont la capuche est vêtue de fourrure douce et soyeuse. Probablement celle de lièvre sauvage de la forêt. Mon frère rentre dans la pièce et je suis éblouie par son allure. Il est vêtu d'un long manteau noir droit dont le col est remonté et lui donne l'air d'un de ses docteurs bien habillés de Nesar. En dessous, il porte une chemise noire évasée ainsi qu'un jeans slim et des chaussures de villes. Ses mains sont aussi recouvertes de gants en cuir. Ses cheveux sont un peu plus courts que la veille. Sans doute l'œuvre de Christian.

- Il semblerait que mon petit frère soit devenu un homme en fin de compte, le vanné-je.

- Tu sais très bien qu'on a que deux minutes d'écart, râle-t-il.

- Deux minutes, c'est deux minutes, frangin.

Il soupire et secoue la tête.

- Tu es incorrigible, Manon.

- Je sais.

Nous rigolons et mon frère demande à notre mère de nous laisser un moment seule à seul. Elle accepte et sort de ma chambre. Nous nous installons sur mon lit. Mon frère me prend les mains, comme pour me réconforter.

L'Institut De NosecaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant