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La forêt des Soupirs s'étend devant moi. Allongée dans l'herbe, je contemple le paysage. Un garçon aux cheveux d'or se retrouve devant moi.

 Salut, Manon !

 Tu es venu ! M'exclamé-je, en lui courant dans les bras.

Il me sert dans les bras et tente de me faire tournoyer dans les airs. Nous finissons par tomber dans l'herbe et nous rigolons.

Ce rêve me semble étrangement familier mais légèrement différent.

Je me redresse et m'assieds à côté de lui.

 J'ai réussi à m'enfuir de ma prison dorée, m'avoue-t-il.

 Tu as encore fugué ? Tu ne risques pas d'avoir des ennuis.

Il n'est pas sensé partir de chez lui. C'est quelqu'un de très important et de très précieux. Si des personnes malveillantes venaient à tomber sur lui, ce serait un drame. Son papa, que je n'ai jamais vu, serait tout rouge et deviendrait très méchant, m'a-t-il dit un jour. Alors, je m'inquiète à chaque fois qu'il vient seul alors qu'il n'a pas le droit d'être là.

 Ne t'en fais pas pour moi, princesse. Je préfère cent fois être avec toi quitte à avoir des ennuis.

- Mais ton papa, il va...

- Chut... Tu es plus importante que tout, Manon. Mais ça, tu ne le sais pas encore.

Je rougis et m'éloigne un peu de lui en marchant.

L'air chaud provenant du Kiwitii, au Sud me souffle sur le visage. Mes cheveux me caressent les joues. C'est rare d'avoir un aussi beau temps au mois d'Avril. D'habitude, la neige commence à fondre et les bourgeons de pissenlit sortent à peine le bout de leurs nez.

Le garçon me court après et finit par m'attraper. Il me chatouille et je me tords de rire.

 Arrête ! Rigolé-je.

 Tu es jolie quand tu souris, me complimente-t-il.

Il s'immobilise et j'en profite pour inverser les rôles. Il gigote tellement qu'on dirait un verre de terre.

 Manon !

 Quoi ?

Et là, il m'embrasse. Un léger baiser, si furtif que j'ai l'impression d'avoir rêvé. Je m'assieds, les genoux contre ma pointerie. Mes joues sont bouillantes. Je dois sans doute rougir. Il s'installe à mes côtes et appuie sa tête contre mon épaule, et soupire.

Je commence à comprendre que je revis mon cauchemar. Je ne l'avais plus vu depuis que j'étais à l'Institut. C'est étrange...

 J'aimerais tellement que ce moment dur pour toujours, murmure-t-il.

 Moi aussi.

Il se penche vers moi et s'apprête à m'embrasser à nouveau, mais il s'immobilise. Le bruit d'un hovercraft se fait entendre. Il doit être très proche. Quelques centaines de mètres environ. Nous savons tous deux ce que ça signifie. Les Attrapeurs ne sont pas loin. Nous nous levons et nous commençons à courir, main dans la main. Nous détallons dans la Forêt des Soupirs aussi vite que possibles. Des bruits de pas qui se rapprochent se font retentir. La panique est en train de me gagner de plus en plus. Je n'ai plus de souffle.

 Hé ! Respire Manon, chuchote-t-il.

Je tente de lui répondre mais ma bouche ne produit qu'un charabia incompréhensible. Je fais une crise d'angoisse. Il me prend par la taille et me jette sur ses épaules. Il continue de courir vite. Seulement porter une fille de cinquante kilos dans les bois, n'est pas une chose aisée. Les bruits de pas se rapprochent de plus en plus. De même pour l'hovercraft. Il s'arrête devant un arbre de cinq mètres de hauteur.

 Faut que tu montes, m'avoue-t-il.

 Je n'aurais jamais le temps ! Surtout si toi aussi tu dois monter !

 Le plus important c'est de te mettre à l'abri.

 Mais...

 Monte !

Je grimpe comme je peux. Le garçon part dans l'arbre d'en face et commence à grimper. Trop tard, il se fait attraper. L'attraper échange avec l'autre et il part. Je commence à pleurer et répète son prénom que ma mémoire pensait avoir oubliée.

 Noah... Noah ! Pleurniché-je.

J'ai l'impression d'être déchirée en deux. Mon amoureux vient de se faire capturer. Le reverrais-je un jour ? Son papa va-t-il être méchant avec moi ?

L'Institut De NosecaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant