Julie m'a fixé un rendez-vous pour mon premier cours de combat après son cours de potion. Je l'attends dans la salle aux allures de dojo d'art martiaux, sports réservés aux Nesariens les plus téméraires et têtes brulées, et j'en profite pour m'entrainer sur les sacs. J'enfile une paire de gants de boxe et fixe un point sur le cuir rouge.
J'assène un premier coup, qui ne fait bouger le sac d'à peine quelques centimètres. Je tente, encore et encore et essuie les échecs. Une immense colère monte en moi. Une rage dévorante conte moi-même et mon incapacité à taper correctement.
- Tu n'es même pas capable de foutre une raclée à un sac, pensé-je. Qu'adviendra-t-il lorsqu'il s'agira d'un humain, d'une personne plus forte que moi, avec plus d'expériences et qui n'hésiteras pas à rendre les coups.
Je pousse un cri d'agacement. Cette voix, c'est la toute première fois que je l'entends. Elle a une voix identique à la mienne, sauf que je ne pense pas un mot de ce qu'elle dit. C'est comme si quelqu'un contrôlait mon esprit et que je n'étais plus maître de mes pensées.
- Tu n'es qu'une faible. Comment peux-tu croire que tu arriveras à gagner ta place de Première ? Comment as-tu pu promettre à Silas que tu l'épouserais alors qu'un enfant est plus fonceur que toi.
Je tape plus fort et le sac bouge. J'enchaine les coups sans plus réfléchir à ce que je fais. Je ne vois plus mes mains taper sur le cuir tellement, elles sont prises dans la cadence. Des larmes coulent sur mes joues. Des larmes de honte et de frustration. Cette chose qui s'empare de moi me force à être emplie de doutes et ma tête me brule. Je me sens suffoquer.
- Tu ne rendras jamais personne fière de toi. Tu m'étonnes que maman a demandé à Hugo de te chaperonner.
- Arrête, supplié-je à ma voix intérieure.
- Tu n'es qu'une petite créature...
- Arrête.
- Faible...
- Arrête.
- Et pitoyable...
- Stop ! Hurlé-je.
- Manon !
Je tombe par terre et Julie vient me prendre dans ses bras. Elle me caresse les cheveux et tente de me résonner. Impossible. Je me sens empreinte d'une angoisse abominable. Je me secoue dans tous les sens et pose mes mains sur mes oreilles pour chasser les restes de ce monstre. Je n'y arrive pas. Je suis comme prisonnière des affirmations effroyables qu'il m'a dites. Elles sont ancrées en moi comme de l'encre indélébiles.
Je perçois des cheveux blonds qui arrivent vers nous. Noah. Je n'entends rien de sa conversation avec mon amie, trop troublée par le phénomène étrange qui vient de m'arriver.
Le Nesarien m'assène plusieurs gifles et je reviens à la réalité.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? M'interroge la rousse, paniquée.
- Je m'entrainais, et... Tout à coup, quelqu'un ou une chose a pris possession de mon esprit pour me dire que je n'étais qu'une bonne à rien et me torturer l'esprit en me faisant douter de mes propres capacités.
Noah fronce les sourcils et blêmit. Il en sait plus que ce qu'il ne veut en dire.
- Si tu sais quelque chose sur ce qui lui a fait ça, parle, lui ordonne Julie.
- Effectivement. J'ai lu lors de mes études à Nesar, qu'il existait des personnes capables de contrôler l'esprit d'autres pour leur infliger les pires frayeurs et angoisses. C'est une torture qui était fréquente avant la signature du Traité. Seuls des êtres provenant d'Hémoria sont capables de faire de telles choses.
Je le dévisage bouche-bée. Des personnes de ma Contrée sont capable de commettre de tels horreurs ? Et qui plus est, sur leurs propres compères ?
- Mais... Balbutié-je, il n'y a pas énormément d'Hémorien ici dans les Cadets.
- C'est que cette menace provient d'un membre du Manoir.
- Tu veux dire...
- C'est un professeur qui t'a fait ça, comprends Julie.
- Le problème, c'est qu'hormis les professeurs de don, les autres ne parlent pas de leur passé, renchéris-je.
- C'est pourquoi, il te faut te méfier et être sur tes gardes, termina Noah.
Je suis prise de nausée et me retiens. Ma propre mère l'avait pressenti avant notre départ. L'Institut n'est pas un endroit sûr et bienveillant.
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L'Institut De Noseca
FantasyLe Royaume de Noseca était un Royaume tout à fait extraordinaire. La magie est omni présente. C'est pourquoi, chaque cadet de chaque famille du Royaume était envoyé à Nesar l'année de leur dix-huit ans, pour devenir les Gardiens du Royaume, à l'Inst...