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Ma petite bande m'attend dans notre dortoir. Ils font les cent pas dans la chambre et attende que je parle.

- Asseyez-vous, ordonné-je, le visage fermé.

Ils m'écoutent et s'installent en cercle, par terre, entre les lits. Je m'installe entre mon frère et Noah.

- Je ne pourrais pas être élue Première, déclaré-je.

- Quoi ? Disent-ils en cœur.

- Ils n'ont pas le droit ! Crie Julie.

- C'est horrible, chuchote Noah.

- Je pense que je vais aller faire un tour pour me changer les idées, conclué-je.

Je sors sous leurs regards et m'éloigne de ce dortoir. Je grimpe dans l'arbre de la cour et cale mes genoux contre ma poitrine et laisse mes larmes couler.

J'ai totalement foiré. J'ai gâché sept mois d'efforts en cinq minutes. Je me suis ridiculisée devant tout Noseca. J'ai semé la honte sur ma famille. Je me déteste.

Des branches craquent et je sursaute. Des yeux vert émeraude comme les miens me fixent.

- Laisse-moi, grogné-je contre mon frère.

- Hors de question.

- Je ne veux pas de ta pitié.

Il ne m'écoute pas. Il s'approche de moi et me serre dans ses bras.

- Ti'aa cusia ese mi'aa cusia.

Cela signifie « ta douleur est ma douleur » au sens littéral.

Mon frère ne parle jamais en Hémorien. Il a toujours tout fait pour s'éloigner de nos racines, dont il avait un peu honte. Il est vrai qu'Hémoria n'est pas la Contrée la plus riche et encore moi celle qui fait rêver. C'est une Contrée remplie de personnes sans toit, qui meurent dans les rues à défaut d'avoir de l'argent pour s'acheter dans la nourriture. Il a toujours voulu ne voir que le côté négatif de notre Contrée. Alors qu'Hémoria possède la végétation la plus luxuriante, avant Kiwitii, et que de nombreux artisans font la fierté et la promotion de nos talents d'artiste à travers tout le Royaume.

Je suis très attachée à mes racines et cela m'émeut beaucoup de son attention.

J'ai beau vouloir faire la fière, j'ai besoin d'Hugo comme nos poumons ont besoin d'oxygène pour fonctionner.

Je pose ma tête sur son épaule et admire le soleil qui se couche doucement.

- Merci, pensé-je.

- C'est normal, dit-il à voix haute. Tu es ma sœur jumelle. Si tu vas mal, je vais mal.

Je souris légèrement et j'admire la vue. Par-dessus les grilles de l'Institut, on aperçoit, tout en haut de la colline, le Palais de Nesar. Il impose son prestige par sa hauteur et ses volumes excessifs. Les tours touchent presque le ciel. Le reflet du soleil, fait étinceler certaines parties du Palais, couvert de ça-et-là, de feuilles d'or. Je m'interroge parfois sur la vie que doit avoir le Roi Jefferson et sa famille. Lorsqu'il apparait à la télévision, il abord toujours cet air fier et sûr de lui. Ses cheveux blonds voltigeant dans l'air et ses yeux noisette remplis de malice. Pourtant, il a l'air très seul et paranoïaque. Il n'a jamais voulu montrer ces deux garçons dans les médias et nous ne savons rien d'eux. Ni leurs prénoms, ni leurs âges et encore moins leurs apparences. Cela doit être éprouvant pour eux de ne pas connaitre la vie extérieure et de devoir toujours se cacher.

- Tu sais, Manon, repend mon jumeau en me sortant de ma rêverie. Tu n'es pas obligée de te montrer toujours forte. Tu peux craquer parfois.

Je secoue la tête et suis son conseil. Je pleure toutes les larmes de mon corps jusqu'à être totalement épuisée, et m'endormir dans les bras de mon frère.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 02, 2023 ⏰

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