5.2

4 1 0
                                    

Je me réveille d'un coup, un peu trop brusquement. Je me lève, croyant être dans ma chambre à Hémoria, mais j'ai tout faux. J'observe le lieu avec effroi. Les montagnes s'étendent à pertes de vue sous mes yeux. Je baisse les yeux.

- Oh bon sang ! C'est quoi ce merdier ? Crié-je, emprise par la peur.

Les montagnes ont disparu, et je me retrouve sur le bord d'une falaise, haute de plusieurs dizaines de mètres. En dessous, la mer gronde et les vagues sauvages se brisent sur la roche. Du vent souffle violemment sur mon visage.

Ça n'augure rien de bon...

Une personne me tape sur l'épaule. Je me retourne, en sursaut pour faire face à une des personnes les plus chères à mon cœur.

- Salut sœurette ! Dit mon frère avec un sourire malicieux, qui laisse apparaître une de ses fossettes.

- Hugo ! Comment avons-nous atterri ici ? Sommes-nous en voyage ?

- Oh non. C'est une tout autre chose, lance-t-il, lugubre.

Mon jumeau s'avance de plus en plus vers le bord, pas loin de tomber dans la mer agitée. Nous n'avons jamais vu la mer, en vrai. Si jamais il tombe, il n'en ressortira pas vivant. Les vagues l'engloutiront en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire.

- Hugo, recule.

- Non. Je dois aller dans l'eau.

- Hugo... S'il te plait ! L'implorais-je.

Perdre mon frère serait une des choses les plus affreuses qu'il pourrait m'arriver. Certes, c'est un infernal quand il s'y met mais je ne serais plus la même personne s'il disparaissait de ma vie.

- Hugo... Tu sais que si tu plonges, je ne pourrais rien faire. J'ai trop peur de l'eau et de ce qu'elle contient.

Il sourit et me pousse légèrement.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Ça ne se voit pas ?

Je tombe à genoux et m'accroche à ses pieds. Il me repousse et je me rattrape de justesse au bord. Un petit caillou roule près de ma main et tombe dans l'eau. Je compte.

Un...Deux...Trois...Quatre...Cinq...Six...Sept...

Plouf.

- Comme toi dans deux secondes, me lance-t-il.

- Hugo, qu'est-ce qui te prends ? Pleurniché-je.

- Je fais ça pour MAL. Le MAL est bien.

Je ne comprends pas ce qu'il dit. Le MAL est bien ? C'est incompréhensible !

Il pousse mes doigts avec la pointe de son pied. Je tente de me réagripper avec mon autre main et essaye de balancer mon corps sur la terre ferme, mais en vain. Il me donne un coup de pied, qui m'est fatal.

Je me sens tomber comme un magicien du haut d'une tour et rentre en contact avec l'eau salée. Je sors rapidement la tête de l'eau et tousse pour recracher l'eau que j'ai avalé.

La falaise a disparu. Je suis seule au beau milieu de la mer. Une plage surgit de nulle part, à plus au moins, six cents mètres. Je commence à nager en brasse, triste et angoissée.

- Aller, Manon. Tiens le coup ! Ce n'est pas ces quelques mètres qui vont te faire peur, pensé-je.

Il ne reste plus que cent mètre entre moi et l'étendue de sable blanc. Le ciel se couvre brusquement et une ambiance glauque s'installe. Je me tourne lentement. Un aileron grisé apparaît à une bonne cinquantaine de mètres de moi.

- Non ! Non ! Non ! Pas ça ! Crié-je, paniquée.

J'aurais aimé, tout et n'importe quoi. Sauf ça... Depuis ma plus tendre enfance et à cause d'histoires traumatisantes racontées par ma mère, je suis atteinte d'une grande squalophobie.

J'entame une nage effrénée vers la plage. J'opte pour un crawl, et effectue des mouvements dans tous les sens, si bien qu'on ne sait plus vraiment si on peut appeler ça de la nage. Le requin gagne du terrain, ce qui me terrifie encore plus. Mon cœur tambourine dans sa pointerie. Je commence à pleurer à l'idée que je me fasse dévorer toute crue par cette bête immonde. Je suis au bord et je commence à courir pour être le plus loin possible de cette créature.

Je suis stoppée. Mes pieds sont figés dans le sable. Je comprends assez vite que je suis dans des sables mouvants. J'inspire et expire plusieurs fois pour évacuer mon stresser et apaiser mon cerveau. Il faut que je m'en sorte.

- Manon, rappelle-toi. Tu as vu ça en cours, réfléchis-je. Les sables mouvants... Le moyen de s'en sortir... Ne pas s'agiter et s'accrocher à quelque chose !

Je me fige et cherche du regard n'importe quoi. Un gros caillou ou une...

- Branche d'arbre ! M'exclamé-je.

Je me penche un peu pour pouvoir l'attraper. Je tire dessus de toutes les forces qu'il me reste. J'entends mon sang battre dans mes tympans. Je tombe d'un coup en dehors et ma vue se brouille à nouveau...

L'Institut De NosecaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant