5.1

4 0 0
                                    

Marc nous fait entrer dans un long couloir, où sont installées, ça-et-là, des chaises. Il nous invite à nous assoir, tour à tour. Il disparait, sans un mot. Tout cela me semble bien mystérieux. Nous nous retrouvons chacun devant une porte, fermée pour l'instant. Hugo se trouve à trois chaises de moi, et nous ne pouvons pas communiquer autrement que par la pensée. J'aurais préféré qu'il soit juste à mes côtés. Ça m'aurait plus rassurée.

Une porte s'ouvre et une femme en blouse blanche sort et fait rentrer Pavel. Je me penche pour essayer de voir l'intérieur, mais c'est trop sombre. La femme me lance un regard inquisiteur, avant de refermer la porte derrière le Vanlanskais. Deux secondes plus tard, une homme cette fois-ci, fait rentrer Julie dans une autre pièce. Deux minutes plus tard, il ne reste plus qu'Hugo et moi, seuls dans un couloir glauque.

- Tu penses qu'ils vont nous montrer quoi ? Demandé-je à mon frère.

- Peut-être un bilan de santé ou des questions de culture général sur l'Institut et les Gardes existantes.

- Dans une salle pongée dans le noir ?

Il hausse les épaules et soupire. Hugo est le calme, lorsque que je suis la tempête. Je vois que mes questions lui tapent sur le système. Je garde mon inquiétude pour moi. Une infirmière surgit et fait rentrer mon jumeau.

- Tout va bien se passer, pense-t-il.

Puis, il disparait dans la pièce.

La solitude me dévore et mon angoisse grandit. Pourquoi faire tant de mystères pour un test ? Pourquoi Marc nous a-t-il laissé seuls, sans nous donner la moindre explication ? J'ai une horrible impression que quelque chose d'étrange se trame par ici et je n'ai aucune envie de découvrir se qu'il se cache derrière la noirceur de cette pièce. Je me lève de la chaise et m'apprête à partir en courant.

- Mademoiselle Anderson ? Vous pouvez rentrer, m'interpelle une voix.

Je me mords la lèvre et me retourne pour faire face à une femme en blouse blanche. Ses cheveux sont attachés en un chignon bas, aux mèches rebelles. Son regard se veut rassurant, tout comme son sourire. Pourtant, ça ne me détend guère. Ma boule au ventre ne fait qu'accroitre.

- Mademoiselle Anderson ?

Mon envie est prise entre fuir cet endroit et partir le plus loin possible avec Silas, et de rester pour éviter que ma famille ne soit tuée par un abandon volontaire.

- Oui, oui. Je viens.

Elle me sourit et je rentre dans la pièce. Elle ferme la porte derrière moi. Je ne vois strictement rien. J'entends des applaudissements et la lumière m'éblouit.

Je détaille d'un rapide regard la pièce. Un siège en cuir, un peu ancien trône au centre de cette pièce d'un blanc immaculé. A côté du siège, une tablette remplie d'instruments chirurgicaux, est parfaitement alignée sur la droite. Enfin, dans le fond, se trouve des armoires dignes d'un vrai apothicaire de Palais.

- Asseyez-vous, Mademoiselle Anderson, je vous prie, déclare la drôle de dame d'une voix glaciale.

- Que va-t-il se passer ? Demandé-je pendant que je l'observe sortir une seringue et un flacon contenant un liquide bleuâtre et dense.

L'infirmière sourit de toutes ses dents blanches. Les traits de son visage ne sont pas francs. Son sourire n'a plus rien d'amical ou de sympathique, mais est presque carnassier.

- Vous êtes la première à me poser cette question, m'avoue-t-elle, d'un air suspect.

- Vraiment ?

- Vous doutez de moi ?

- C'est juste que je suis étonnée à être la seule à demander le déroulement du... je-ne-sais-quoi qui m'attends ici.

- Comme vous êtes la première à me le demander, je pense que vous méritez une réponse. Osez creuser lorsqu'il y a trop de mystères peut parfois être dangereux. Néanmoins, je fais partie des personnes qui apprécie ce genre d'audace, même s'il est dicté par la peur.

La façon dont elle m'analyse est assez déstabilisant. En moins de deux minutes, on dirait qu'elle a déjà perçu plus que ce que la majorité des gens en savent sur moi.

- Je vais vous injecter un produit anesthésiant au niveau de votre poignet. Il est possible que vous voyiez certaines choses étranges se produire devant vous. Et, par la suite, je vous placerai une puce électronique.

- Une puce ? Dans quel intérêt ?

- Détendez-vous, m'ordonne-t-elle. Vous êtes en sécurité ici, Mademoiselle Anderson.

Je lui fais un signe de la tête et m'assieds sur le siège. L'infirmière fait de même et prend délicatement mon bras. Elle enfonce le piston de la seringue dans le produit, puis dans mon bras. Je sens que celui-ci s'endort, petit-à-petit, et elle m'enfonce la puce à l'aide d'une pince.

- Maintenant, fermez les yeux.

- Pourquoi ?

- Curieuse jusqu'au bout, n'est-ce pas ? Vous savez, la curiosité est un vilain défaut et peut être fatale.

Je déglutis difficilement et la panique me gagne.

Serait-ce un piège ?

- Et surtout, n'ayez aucune crainte. Ce n'est pas réel, murmure-t-elle.

Je tente de ressortir de cette pièce, mais je titube. Tout me semble flou. J'entends un rire au loin. Serait-ce celui de l'infirmière ? Ou un autre ?

Mes pensées s'embrument et je me sens chuter dans le vide...

L'Institut De NosecaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant