L'Institut De Noseca

6.2

Le lendemain matin, tout le monde est excité à l'idée de commencer cette formation. Surtout moi. J'ai toujours été assez scolaire à Hémoria, et je ne vois pas pourquoi j'aurais des difficultés ici.

Marc arrive à la cantine et distribue des horaires à chacun. Je saute de joie quand je le vois s'arrêter devant moi et lui arrache presque la feuille des mains.

Les deux premières heures de la journée sont consacrées aux armes en tout genre. Les deux heures suivantes, au contrôle de la pensée. L'après-midi est consacrée à l'auto-défense et l'art des poisons. Ce dernier point me fait un peu peur mais j'ai hâte de tout découvrir.

Je remarque que mon frère fronce le nez en lisant son horaire, sans doute a-t-il les mêmes appréhensions que moi ?

Kiara, la reine de glace, arrive avec son garde du corps, la mine déconfite vers notre table. Je donne un coup de coude à mon frère et nous nous étonnons de la voir s'arrêter devant nous.

- Salut, les jumeaux, dit-elle d'une petite voix.

- Salut, dis-je sur mes gardes.

- Je voulais présenter mes excuses quant à mes propos d'hier. Il est vrai que ce n'était pas très convenable et digne de mon rang de vous juger sur votre région et sur vos capacités. Ce n'était pas très respectueux de ma part, et je vous promets de ne plus porter de jugement sur votre valeur.

- C'est gentil, Kiara. Merci, nous acceptons tes excuses, répond Hugo, plus vite que moi.

- On se retrouve en cours d'armes, je suppose.

- Exact. A toute.

Elle et son garde s'en vont plus loin dans une table où se retrouve d'autres Valanskais. Julie, Léo et Noah nous rejoigne en les dévisageant.

- Pourquoi Princesse Kiara, et son fou du Roi sont-ils venus vous parler ? Nous demande Julie, curieuse.

- Elle est venue s'excuser pour hier ? Suppose Noah.

- C'est exact.

- Quoi ? Que s'est-il passé ? Nous interroge Léo, complètement perdu.

- Elle a littéralement peté un câble hier parce que deux Hémoriens ont fait mieux qu'elle, raconte Hugo.

- Mais c'est horrible ! Pourquoi elle est encore là ? Se révolte Julie.

- Elle aura dû être radiée, renchérit Léo.

- Du calme, les rassuré-je. Elle a été déstabilisée et je suis sûre que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne commette une autre bourde.

Ils secouent la tête et nous mangeons en papotant de nos emplois du temps. Nous avons tous nos cours en commun, hormis celui qui est propre à notre don, ce qui semble logique. Nous terminons rapidement notre bol de porridge et retournons dans le dortoir enfiler notre tenue pour ensuite nous rendre en cours.

Nous arrivons dans une salle immense. Devant nous se trouve des plateaux remplis de M16 et de cible. Visiblement nous allons directement commencer les travaux pratiques...

Marc arrive avec un grand sourire, armé d'un M116 comme les nôtres dans les mains.

- Bien le bonjour, les Cadets et bienvenu dans ce premier cours d'armes à feu. Comme vous l'avez compris, je serais votre professeur pour cette matière.

Le Général Maxwell nous invite à avancer vers les cibles.

- Certains d'entre vous sont, sans doute, doivent se retenir de se pisser dessus. Mais, les armes à feu sont indispensables pour gérer et assurer la sécurité du pays car il se pourrait que vous soyez amenés à les utiliser ou désarmer quelqu'un.

Un silence s'installe. Marc se positionne devant sa cible et décrit de façon assez rapide et brève la manière d'utiliser cette arme. Il tire en pleine tête dans la cible. Certains sursautent. Je vois Aimée retenir un sanglot.

Il est vrai que beaucoup de citoyens de Noseca sont confrontés dans leurs vies à voir ou à manipuler les armes sauf deux exceptions : les Gardes et les Hémoriens. Pour chasser, nous n'avons d'autres choix que d'utiliser des armes à feu, notamment pour fournir le peuple entier en gibier. Les fusils sont monnaies courantes par chez nous. Mais jamais, nous n'avons pu observer une arme pareille. Une arme qui a été conçue pour tuer un être humain.

- A votre tour maintenant. Prenez place aux différents stands et pratiquer. L'entraînement est la clé du succès.

Je me dirige vers le poste le plus à droite de la file et je suis la deuxième, Léo se trouve devant moi. Il a l'air confiant.

- Je ne sais pas pourquoi, mais mon intuition me dit que tu dois être très bon, glissais-je à son oreille.

- On va le savoir toute suite, répond-t-il en m'adressant un clin d'œil.

Il braque et tire... dans le mur.

- Ton intuition n'est pas super bonne on dirait...soupire-t-il.

- C'est ta position qui n'est pas bonne, ajoute mon frère qui est juste à côté de nous.

Il avance vers nous et place ses mains sur le corps de Léo.

. Et ton regard doit porter au loin et ta main ne doit pas être tendue, lui conseille-t-il en le regardant dans les yeux.

Ils se regardent qu'une fraction de secondes. Pourtant, je vois Léo rougir.

- Mer...Merci Hugo.

Mon frère reprend sa place et tire plus vite que son ombre. Avec tout l'entrainement qu'il a grâce à la chasse, mon jumeau a beaucoup d'avance sur la majorité d'entre eux et est certain de décrocher une fois de plus la première place du classement.

- Il est si fort... S'exclame Léo à voix haute.

- Il est déjà entrainé et je suis sûre qu'il pourrait t'aider en dehors des heures de pratiques, si tu veux.

- C'est vrai ?

Je secoue la tête et il me serre dans ses bras. Je lui tapote dans le dos. Il me confie le M16 et nous échangeons de place. Je me remémore les conseille de mon frère en boucle.

Jambes écartées. Épaules hautes. Buste droit. Regard loin. Main souple. Jambes écartées...

Je vise la tête et tire. Le pistolet a un mouvement de recul, et mon corps aussi. La balle a atteint sa cible et je ne peux m'empêcher de sourire. Je ne peux plus m'arrêter et viser ensuite, le cœur, les épaules, la tête et continue cet enchainement.

- Stop ! Hurle Marc. Lâcher tous votre flingue et observer Miss Anderson.

Les Cadets s'avancent près de moi et je sens un regard qui me détaille plus que les autres, celui de Noah. Il croise les bras sur sa poitrine et me sourit, fier de ce que j'ai accompli.

- Regardez tous la position de notre Hémorienne. C'est comme ça que vous devez être. Être en position de puissance. Voyez le résultat qu'elle a obtenu. On reprendra au prochain cours mais n'hésitez surtout pas à venir vous entrainer. Allez, filez pour le prochain cours, nous salue-t-il.

Certains regards pèsent sur moi. Particulièrement Kiara et ses servants. Ce qu'ils ne comprennent visiblement pas qu'un trop gros excès de confiance n'est bénéfique pour personne.