Tourné face à son casier, le regard dans le vide, la pression montait progressivement depuis quelques jours déjà. Non, depuis des semaines, des mois en réalité.
La Coupe du Monde débutait en ce jour, et le premier match opposait la France à une équipe tout à fait unique.
L'équipe la plus redoutée de l'histoire du rugby, la Nouvelle-Zélande, était la première étape à franchir pour ce XV de France parfois encore si jeune.
Et, son capitaine ressentait une angoisse soudaine le frapper. Le moment était crucial, il le savait. Le monde entier du rugby était tourné vers le Stade de France en ce vendredi soir. Et, il savait pertinemment que lui, plus que les autres était attendu. Il devait guider ses coéquipiers vers la victoire, lui, et son sens du jeu, du rythme. Il était, lui, parmi les meilleurs joueurs du monde et en tant que tel, il devait assumer sa position.
La cérémonie d'ouverture de la plus grande compétition mondiale de rugby venait de débuter. Retransmis sur l'un des écrans présent dans les vestiaires, Antoine regardait d'un œil seulement ce qu'il se passait dans le stade.
Il était habitué aux grands évènements, aux finales, aux matchs cruciaux. Mais celui-là, revêtait une importance toute particulière.
Cette coupe du monde organisée en France se devait d'être réussie par l'équipe locale. Quatre années que tout un groupe se préparait. Des années avec des coups durs, des grandes joies, des blessures.
Antoine avait vu son coéquipier à la charnière, Romain, se blesser juste avant l'évènement pour lequel il semblait littéralement programmé. La plus cruelle des manières, avait-il pensé. Ce n'était pas juste. Surtout que l'absence de Romain constituait un vide majeur dans leur collectif, notamment pour le demi de mêlée, puisque les deux constituaient l'une des combinaisons les plus redoutables dans le monde.
Et, cette menace de la blessure planait inlassablement autour des têtes de chaque joueurs, alors même que l'équipe française était plutôt extrêmement touchée par des ennuies physiques en tous genres. La faute probablement à une saison en club parfois un peu longue pour ces joueurs si sollicités.
Mais ces pensées négatives ne devaient pas l'empêcher de jouer à son meilleur niveau.
Alors, lorsqu'il pénétra dans le couloir menant au terrain, cette appréhension qu'il avait laissé s'installer en lui, se transformait en concentration. Il ne se rendit alors même pas compte des regards des joueurs néo-zélandais qui se posaient sur lui, un à un, sans exception. Il était attendu, et autant craint qu'admiré. Il était regardé, et autant étudié qu'incompris.
Les yeux pétillants de l'enfant qui l'accompagnait pour la sortie du tunnel, ceux-là, il les avait remarqués. Il se revoyait en lui. Voilà ce qui le marqua à cet instant : le chemin parcouru jusque-là.
Il se revoyait encore courir sur le terrain boueux d'Auch, sa ville de cœur, celle où il avait grandi aux côtés de son copain de toujours, Anthony, dont le retour en équipe de France après sa terrible blessure l'avait réjoui au plus au point. Vivre ce genre d'évènement aux côtés de son meilleur ami, la vie ne pouvait pas lui faire de plus beaux cadeaux. Et dire qu'ils en rêvaient lorsqu'ils étaient plus jeunes...
Dans son champ de vision, Antoine pouvait désormais apercevoir la foule présente dans les tribunes. Et, lorsque les deux équipes furent appelées à pénétrer sur le terrain, chacun ses joueurs put se prendre en pleine figure les acclamations des dizaines de milliers de personnes présentent.
Le stade tout entier criait, sifflait, encourageait leur entrée. Le bruit était assourdissant et le spectacle pyrotechnique flamboyant. Des feux d'artifice et des jeux de lumières venaient illuminer Saint-Denis, accompagnés par des supporters reconnus mondialement comme particulièrement présent et actif. En clair, il n'était jamais évident de venir jouer en France pour la nation étrangère.
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Summertime happiness
FanfictionEmma approche de la trentaine à grands pas mais a toujours préféré son avenir professionnel à ses sentiments amoureux. Seulement, la jeune toulousaine ne tardera pas à réaliser qu'elle ne pourra maintenir un tel objectif toute sa vie. La faute à quo...